Saint Louis (Louis IX) fut un roi fabuleux pour la France et les Français.
En ce temps-là, les rois alors étaient les chefs de plusieurs vassaux désunis entre eux, et souvent réunis contre le trône. Le monarque était en effet le roi des rois. La terre était partagée en forteresses occupées par des seigneurs audacieux.
Le laboureur ne semait pas pour lui, mais pour un tyran avide qui relevait de quelque autre tyran, ils se faisaient la guerre entre eux, et ils la faisaient au monarque. Le désordre avait même établi des lois par lesquelles tout ordre était renversé. Un vassal perdait sa terre s'il ne suivait pas son seigneur armé contre le souverain.
La justice ne décidait ni d'un héritage contesté ni de l'innocence accusée : le glaive était le juge. On combattait en champ clos pour expliquer la volonté d'un testateur, pour connaître les preuves d'un crime. Le malheureux qui succombait perdait sa cause avec la vie, et ce jugement du meurtre était appelé le jugement de Dieu. La dissolution dans les moeurs se joignait à la férocité. La superstition et l'impiété répandaient leur souffle impur sur la religion. Il n'y avait point de scandale qui ne fût autorisé pr quelque loi barbare établie dans les terres de ces petits usurpateurs, qui avaient donné pour loi la bizarrerie de leurs divers caprices. La nuit de l'ignorance couvrait tout de ses ténèbres. Notre peuple était sans industrie, abruti dans un stupide esclavage.
C'est dans ces temps sauvages, dans ce siècle d'anarchie, qu'une âme exceptionnelle, pleine d'esprit, d'intelligence et de justice, allait porter la lumière dans le séjour de la nuit, rendre justes et heureux, des peuples qui ignoraient la justice et la félicité.