D'ailleurs, il y a quelque chose à rajouter à propos d'Onfray et du parler-vrai et touchant à Nietzsche (qui est en effet une de ses références et admirations principales), c'est qu'il ne parle pas toujours vrai. Le revirement et le double langage, un jour j'aime Asselineau, le lendemain je le dézingue, ses qualités se tournent tout à coup en défauts, etc. , on le voit déjà dans ce type de sujets.
Un jour, il tape sur Kant : Kant mesurait 1,50m au plus et il avait une petite bite. Il est très probable qu'il est mort vierge (bien qu'ayant vécu 80 ans). Ca, ce sont des faits.
Et voilà que ce nabot incapable de fourrer les greluches se met en tête de révolutionner la philosophie (le pire, c'est qu'il y arrive, j'aurais envie de dire), de penser le Monde dans son immensité, physique d'abord, et, encore plus immense encore si c'est possible, le monde moral. Onfray se Gauss et adopte le ricanement cynique, là on reste dans le ton, OK. C'est parfaitement insuffisant, mais c'est cohérent et c'est "matérialiste". Pour résumer : l'idéalisme, c'est la philo de mecs qui ne baisent pas, qui sont micro-membrés et qui essayent de se rattraper sur la cervelle.
Mais le lendemain, il parle de Nietzsche et changement à vue, machinerie de théâtre, on ne sait pas trop mais c'est plus le même paysage, tain !
On ne dit rien sur le fait que Nietzsche était incapable d'avoir des rapports normaux avec n'importe quelle nana. Il allait voir les putes, mais il était infoutu de bander et repartait de ses visites, déjà humiliantes en elles-mêmes, la queue entre les jambes. Et surtout très molle.
On a dit que la folie dans laquelle il a fini était peut-être l'effet d'une syphilis pas diagnostiquée (cela s'accrédite sur sa fréquentation des putes, en Italie en particulier). Je suis pas toubib, mais j'ai regardé un peu, il semble que si la syphilis finit par la démence, c'est à long terme (ça finit par vous pourrir les cellules cérébrales et vous partez en vrille). et Nietzsche avait à peu près 40 ans quand il est devenu barge pour de vrai et officiellement...J'y crois donc moyennement, mais ce qui est sûr est que Onfray, le matérialiste, oublie cette question, quand on est face à l'Idole, on ne va pas s'arrêter à de si basses considérations, on choisit de parler d'autre chose, comme le fait qu'il marchait beaucoup, par exemple.
En sorte que les questions d'infra-biticité, jugées absolument concluantes pour Kant, n'existent plus pour Nietzsche. C'est pas très "matérialiste" pour le coup, et c'est intellectuellement malhonnête.
Pour finir, je considère les éléments que j'ai lus au détriment d'Onfray. Car pour le rendu, disons, Kant reste modéré dans ses positions (dont on a compris qu'elles n'étaient pas des positions sexuelles), adoptant un machisme normal et assez mesuré si on tient compte de son époque et de son milieu. Je crois qu'il a conscience qu'il ne connaît pas trop le sujet et il n'en dit pas trop (1). C'était quand même un scientifique, un physicien de formation et de profession (pas Nietzsche), et il préférait ne pas s'aventurer dans les trucs mal connus, comme les meufs.
En revanche, Nietzsche avait moins de modestie d'une part, et il est allé bien au-delà des petits arrière-propos machos de l'époque, pour soutenir des horreurs sur les femmes, accumuler des considérations qui sont une offense à son intelligence (et son génie : c'était un génie), mais tout ça, chez Onfray, ça disparaît complètement. Circulez, y a rien à voir. Je suis un matérialiste et je ne crois que ce que je vois, mais je ne vois que ce que j'ai envie de croire.
(1) Les considérations de Kant sur les nègres, les femmes, etc. se trouvent dans son _Anthropologie du point de vue pragmatique,__ qui comporte des textes un peu difficiles, mais peu nombreux, le livre était destiné à un public plus vaste, Kant faisant nettement le départ entre ses livres "techniques" et d'autres où il se détend un peu avec des trucs compréhensibles. Contrairement à Nietzsche, qui ne bouffait rien, il aimait bien les repas, au moins pour discuter. Et il aimait bien qu'il y ait des femmes dans le tas, pas qu'il ait une estime particulière, mais il les trouvait décoratives et marrantes. Il interdisait à sa table toute question sérieuse. 18ème siècle, art de la conversation légère etc. C'était son plus grand plaisir dans la vie : réunir une bonne table pour discuter avec des copains des petits sujets du jour, de faire de l'esprit, etc. Nietzsche ne faisait jamais aucune bouffe : il ne mangeait rien et il n'avait aucune envie de discuter sur des sujets pas sérieux.