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JPS38 C'est vrai, j'aurais pu écrire que vous me sembliez méprisant à l'endroit de Onfray. Et vous avez réagi en précisant que vous ne jetez pas tout de lui aux toilettes.
On est bien d'accord. Je peux vous en donner un peu plus :
Onfray est apparu dans le paysage socio- philo machin truc, il y a trente ans, un livre qui s'appellait Le ventre des philosphes. Il en avait pondu peut-être dix avant, car il se trouve que ce réprouvé, cette victime de l'ostracisme a dépassé cette année la barre mythique des 100 : il a plus de 100 bouquins publiés.
Pas 100 exemplaires d'un même bouquin (je ne compare par avec BHL, on l'a compris j'espère). Non, 100 bouquins distincts et vendus à bien plus que 100 par tête.
Respect.
Petite victime, petit Van Gogh , Rimbaud "suicidé de la société", Artaud et toute la ligue. on n'est quand même pas dans ce registre.? Il est repu et à chacune de ses interventions, je ne fais plus qu'évaluer les kilos de gras en plus, foutredieu ! Je comprends qu'il puisse s'attacher davantage à l'écologie. Onfray, c'est un peu comme le chêne, vous mesurez son âge à partir des cerneaux dans le bois, Michel c'est pareil, mais avec les bourrelets.
Mais revenons à l'époque où, avec 60 livres (ou 30 kilos, si tu préfères) de moins de gras, Onfray écrivait Le ventre des philosophes, il y avait quelque chose d'un peu hardi, quand même.
Qui partait d'une excellente idée : bon, les philosophes, on sait qu'ils ont une grosse tronche, mais qu'est-ce qu'ils ont dans le ventre ? Ils bouffent quoi, par exemple ?
Il va chercher un peu (Onfray est un type qui bosse, on ne peut pas tout lui retirer, il y a une prestation, encore une fois, je ne remets jamais en cause ni son intelligence ni sa probité) et il trouve des trucs intéressants. Platon, Spinoza, Nietzsche, comment ils mangeaient ? Et il décrit leurs régimes, thé ou café, grosse bouffe ou grignotage, saucisse, végétarisme, kasher pas kasher, etc. Avec l'idée que quand on saura ce qu'ils ont dans le ventre, on saisira mieux certaines idées ou certaines problématiques.
Ca, c'était bien et ce que j'ai appris d'Onfray plus tard en tant qu'amateur de bonne bouffe n'a pu qu'amplifier la sympathie naturelle, accréditant l'idée que ce ne pouvait pas être une personne méchante, dénuée d'amour, ou un anti-français signalé.
Quand je dis qu'Onfray a eu une super idée et que c'est un garçon intéressant, je ne veux pas dire que je suis d'accord.
C'est toujours cela que j'ai un peu de difficulté (en fait, je n'y arrive jamais) à faire passer...Non, il a une très bonne idée, elle est fausse. C'est intelligent mais c'est faux.
Pour l'aspect proprement philosophique, l'ensemble du propos se ramène à la déclaration de Ludwig Feuerbach : "l'homme est ce qu'il mange". Plus savoureux en allemand, parce que le verbe "être" (sein) à la troisième personne, ressemble à "manger" (essen) à la troisième personne. Er ist, il est, er isst, il mange. (isst avec "s" fort ou "sz", pour les connaisseurs).
Der Mensch ist was er isst. L'homme est ce qu'il mange (Feuerbach).