[supprimé]
D'un côté, je suis d'accord avec ta critique de l'encadrement de l'enseignement en France; et de l'autre je te trouve très dur à l'égard de l'enseignant, surtout ta dernière phrase. Je vais commencé par là où je te rejoins.
EDIT: si tu dis vrai sur la caricature, je pense qu'en effet, c'était débile. Et tu as raison de poser la question de la réaction de l'établissement et de l'institution. A la fois pour protéger l'enseignant, l'accompagner, et rétablir un climat sain avec les élèves et leurs parents.
Un prof, ce n'est pas un leader spirituel, c'est un technicien maitrisant des procédés d'apprentissage.
Là, nous touchons à la véritable problématique.
Je n'irai pas jusqu'à qualifier les profs de "leader spirituels". Ce sont des professionnel de la pédagogie. En revanche, il est indéniable qu'en formation, ils apprennent que leur principale mission, AVANT la transmission des savoirs, est de partager et de faire vivre les valeurs de la République, dont la laïcité fait partie. L'enseignant est un exécutant. En cours d'Education Civique, les jeunes doivent apprendre la loi et les valeurs du pays donc oui, il fait son travail quand il leur fait étudier les caricatures et de Charlie. Il faut adapter sa pédagogie en fonction des besoins du public, mais les élèves des quartiers "multi-culturels" ont eux aussi le droit d'apprendre l'esprit critique. Ils ont besoin d'apprendre à se poser les bonnes questions pour "devenir libres", comme tu l'as dit dans une autre réponse.
L'école a un rôle de socialisation et aujourd'hui, l'Etat l'utilise pour faire des élèves des citoyens qui croient aux principes d'universalisme, de laïcité, de vivre-ensemble, etc. Je crois cela est lié à l'angoisse de voir mourir le mode de vie "à la française", notre culture voire notre civilisation. Les français ont l'impression que le lien social se détériore, que le pays se paupérise et devient plus violent (peu importe si c'est le cas, c'est le ressenti qui compte). On observe de plus en plus une défiance vis-à-vis de la démocratie. La consommation et le monde marchand sont les seules choses qui se portent très bien.
Est-ce que la mission de l'école de transmettre les valeurs de la République n'est pas une sorte de baroud d'honneur ?
Les nouveaux Augustins, à l'habit noir, portant le deuil d'une position sociale naguère enviée, ordre mendiant qui explique au monde comment réussir dans la vie et dans son cheminement de pensée.
Procès d'intention... Il y a des profs cyniques, des profs moralisateurs et même des profs qui se croient chargés d'une mission d'évangélisation comme tu le dis si bien. Ces névrosés sont néfastes pour l'institution et les élèves, nous sommes d'accord. Généralement, les enseignants souhaitent simplement transmettre des savoirs pour voir leurs élèves réussir, maîtriser la lecture, l'écriture, prendre la parole de façon efficace et penser par eux-mêmes. Et ils veulent le faire dans une ambiance positive avec des apprentissages qui plaisent aux élèves.
Peut-être que les névroses viennent de là, qui sait ? Ils n'ont pas les moyens d'accomplir leur mission, en partie à cause de la bureaucratie, en partie parce qu'on leur demande d'avoir plusieurs casquettes : pédagogue, éducateur, travailleur du social, coach de vie, prêtre de la morale républicaine, relation client (avec les parents, la direction, etc).