france2100
1) J'hésite à mêler l'existentialisme à cela : j'y vois une simple volonté de puissance encapacitée par la technique médicale. Mais la volonté peut très bien être au service de la folie et tournée contre soi-même.
Accordons-nous sur le fait qu'il s'agit d'une revendication de liberté même face à des déterminations ressenties comme subies. Ce désir de « liberté » finit-il par devenir malsain pour la personne ? J'entends par-là en inadéquation avec le fait de pouvoir être heureux. Il est question de volonté non soumise à l'intelligence ou à la raison, pour le moment, pas de volonté de puissance.
La question philosophique de fond serait donc plutôt celle du libéralisme : faut-il laisser des individus, a fortiori des enfants, se mutiler ou se suicider au nom du libre-arbitre ? Ma réponse est négative, non sur la base d'une éthique formelle, mais sur celle des moeurs publiques : je veux vivre dans une société qui refuse de collaborer à cela. Je redoute une société qui traite l'homme comme disposable.
1- La philosophie dite libérale est quand même essentiellement politique. Nous passons en philosophie libérale, lorsqu'il est question des droits LGBT comme de nouveaux droits de l'homme que le souverain de la cité doit garantir, si elle veut être une constitution droite ou une res publica. Je ne sais même pas si ce mouvement d'opinion se donne la peine d'en faire des droits naturels déductibles de la loi naturelle ; ou s'il se contente plus simplement de parler de nouveaux droits fondamentaux. Si la seconde solution est la bonne, ils ont repris un élément de doctrine aux libéraux, tout en écartant le reste.
2- Je ne sais pas ce que vous entendez par « mœurs publiques ». J'ai l'impression qu'il s'agit pour vous d'une donnée « objective ». Je pense que vous vous trompez. Notre cité a ses mœurs, dont certaines sont partagées dans l'ensemble de la cité, et d'autres sont au contraire l'objet d'une bataille entre différents mouvements d'opinion. La composante LGBT veut changer les mœurs, pour de meilleures : je vous l'accorde. Mais, ils ne sont les seuls à vouloir jouer les censeurs : les écolos le veulent aussi, et ceux comme vous, et qui sait, peut-être moi, à mon insu, qui entendent refuser certains changements en matière de mœurs souhaitent finalement aussi dicter les mœurs.
Vous refusez d'établir un code moral, ou de juger selon une doctrine, tout en souhaitant jouer les censeurs. Cela me gêne bien plus qu'être un doctrinaire, dans la mesure où au moins le doctrinaire cherche à sortir de lui : a pour référent sa doctrine, et non ce qui lui plaît ou déplaît. Vous pouvez mépriser les dogmatiques comme intolérants et persécuteurs, ils restent me semble-t-il préférables à la simple affirmation par chaque individu de ce qui lui plaît et déplaît, et au regroupement de ces volontés en mouvements d'opinion qui n'aspirent qu'à imposer leur joug au reste de la cité. Dans un cas, ce peut être mal raisonné, c'est toujours au moins un peu raisonné.
3- Pour bien traiter la question en terme politique, il faudrait examiner pour une cité les avantages et les inconvénients de la charge de censeur, contre son absence. Vous craignez un extrême, que nous pourrions appeler « l'ordre moral » : vivre sous le joug des clercs, ou nouveaux clercs. Effectivement, ce peut être un carcan.
Cependant, vous oubliez me semble-t-il l'autre extrême, tout aussi dangereux pour une cité, et qui finalement sera peut-être la cause de destruction des cités libérales : les fameux droits individuels, ou sauf-conduits à agir à sa guise, qui lorsqu'ils se multiplient peuvent devenir un danger pour la cité. J'appelle cela : la cité otage des droits qu'elle concède.
Est en question la liberté que le souverain peut concéder à ses citoyens ou sujets, sachant qu'une liberté concédée par le souverain a pour prix les maux qui en résultent : laisser les hommes libres, signifie aussi les laisser libres d'abuser de leur liberté. Vous dites : il y a le prix du despotisme. Je réponds : il y a celui de la liberté.
La réponse reste superficielle, car pour bien examiner la question, voici la problématique à résoudre : « gouverner des hommes libres ». Qu'est-ce qui est liberté ? Ce qui n'est pas interdit, sachant que du point de vue libéral, certaines libertés doivent obligatoirement être concédées par le souverain, s'il ne veut être tyran, si la cite aspire à être constitution droite. (cf DDHC, préambule IVème République... dans notre cité).
4- Vous vous élevez contre le despotisme et l'arbitraire, alors qu'au fond vous souhaitez un arbitraire « populaire », celui du tyran « Démos » incarné par vos jurys... Régnerait alors les idées ou lubies du moment, et les tendances minoritaires n'auraient d'autre choix que de se taire.
Le cadre ou les lois, comme vous dites, sont un référent, un connu. Même lorsqu'ils ne sont pas respectés, comme cela arrive, on peut au moins établir que la cité passe de constitution droite à constitution déviée. La « loi » en un mot, si vous voulez, permet d'échapper à la seule volonté des uns et des autres.
Des juges ou clercs peuvent interpréter plus ou moins honnêtement dites-vous ; ajoutons, selon leurs opinions religieuses, politiques… Certes, car ils sont des hommes. Mais, dans votre cas, nul besoin de se donner la peine d'interpréter malhonnêtement. Il suffit d'avoir la majorité : le nombre ou la force décide, que ce soit raisonnable ou non. C'est s'exposer à la tyrannie de mouvements d'opinion qui se succèdent. Dans votre cité, pas certain que vous seriez en meilleure position, face aux mouvements LGBT et écolos que vous dénoncez…
Je ne développe pas plus ce point. Peut-être devrions-nous changer de fil pour poursuivre la conversation : https://forum-politique.org/d/145279-la-democratie-criminelle/46