James
Quatre questions :
1) Comment nomme-t-on un phénomène ?
2) Question politique dans la manière de nommer : la récupération par les sophistes du nom, le changement de sens.
3) nier ou remettre en cause le nom, n'est pas nier les phénomènes sous-jacents.
4) le danger de la qualification d'une position politique.
1) Je réponds par la vérité : adéquation entre l'objet étudié et l'idée qui y correspond dans l'intelligence. Que le mot signifie le plus possible la chose. Ainsi, si j'élude la question politique, j'appelle antijudaïsme, l'opposition aux juifs, quelles que soient les raisons, vraies ou fausses. Je précise, alors pour chaque antijuif, ses raisons si l'on me demande de développer, et on examine alors, encore une fois, si elles sont vraies donc justifiées, ou fausses.
2) Je constate que les juifs ne s'embêtent pas avec ces distinctions : que tout antisémite pour eux est un raciste ; qu'ils se servent du nazisme comme réalité du XXème comme repoussoir, qu'ils font un procès d'intention à une partie de leurs opposants : vous êtes racistes, afin de les décrédibiliser.
Ils pourraient évidemment faire la même chose avec le terme "antijudaïsme", mais lorsque l'on cherche la vérité, l'on ne doit pas se soucier de la question politique, juste de la conformité entre l'idée et la réalité étudiée. Le juif est-il sémite ? L'est -il encore même en admettant la généalogie supposée ? Des questions que se pose un réaliste en quête de vérité, un bon philosophe en quête d'un mot et d'une définition ; des questions que ne se pose pas le nominaliste, que le philodoxe qu'il est repousse d'un revers de main : le terme antisémite est une convention faite par les hommes, un usage établi et reconnu par le consensus, il n'est donc pas question de le remettre en question.
3) On a nommé antisémitisme, toutes les oppositions aux juifs, sans considération de la réalité : qu'est-ce qu'un sémite ? Mais même mal nommé, les phénomènes sous-jacent existent. Ainsi il y avait et il y a bien des racistes antijuifs, des antijuifs comme moi pour des raisons religieuses et politiques. Le nazi est bien un raciste antijuif, par exemple.
4) Un homme peut se réclamer antisémite, s'il pense que les juifs sont sémites, et que les sémites sont une race inférieure. Alors certains l'appelleront même "antisémite", car ils qualifient sa position, sans se demander si elle correspond à une réalité, si elle est vérité : si les juifs sont bien sémites, si la généalogie en question qu'il admet de facto est juste. Si elle est fausse, mieux vaut l'appeler antijuif, ou raciste antijuif.
Je te donne un exemple plus simple. On qualifie l'orthodoxe par la position qu'il défend face à l'Eglise : je suis orthodoxe, mes opinions sont droites. Est-ce pour autant une vérité ? Si cela ne l'est pas, on a pris l'habitude de nommer orthodoxes, des hétérodoxes, simplement parce qu'ils s'affirment orthodoxes.