marcopolo Nulle part, la compénétration du Christianisme et du pouvoir impérial ne s'épanouit en plus heureux effets que dans ce grand évènement de l'ordre intellectuel que l'on nomme la Renaissance carolingienne.

Le centre vivant de cette Renaissance fut Aix-la-Chapelle, Charlemagne en fit un Versailles carolingien. Cette région rhénane fut choisie de préférence à une quelconque ville de Gaule, parce qu'elle était voisine de la Saxe menaçante, parce que le descendant de Pépin de Landen voulait demeurer fidèle à la tradition austrasienne, au contraire des Mérovingiens, qui s'étaient faits de plus en plus neutriens. Et aussi, parce que l'axe méditerranéen brisé par l'invasion islamique, il convenait de faire face au continent et non plus à la mer.

Donc, Aix-la-Chapelle fut le centre de la renaissance intellectuelle et, au centre d'Aix, plus particulièrement l'Ecole palatine, quartier général de l'esprit qui rayonnait sur l'Empire par l'intermédiaire d'abbayes et d'évêchés. Charlemagne appela autour de lui, tout ce qui comptait dans le domaine de la culture, des savants, des lettrés et des théologiens. Pas seulement Alcuin mais aussi Agobard et Théodulf de la Gaule du sud, Paul Diacre, Pierre de Pise d'Italie, Paulin d'Aquilée, Clément et Dungal d'Irlande ainsi que Angilbert et Eginhard des pays francs que vous pouvez découvrir grâce à Wikipédia. Partout où la civilisation intellectuelle avait survécu, Charlemagne la fit quérir, aussi bien chez les Lombards que chez les Espagnols.

Plusieurs de ces hommes furent des personnalités de premier plan. Charlemagne fit d'Alcuin son premier ministre intellectuel, son inspirateur dans l'oeuvre scolaire. Le lettré Eginhard fut architecte en chef des monuments royaux et le successeur d'Alcuin à la tête de l'Ecole palatine. Grâce à Eginhard, nous possédons la biographie la plus complète et la plus documentée de Charlemagne. La Renaissance carolingienne fut féconde.

Comme tu le précisais, l'écriture en minuscules fut pratiquement inventée dans l'empire carolingien. Elle fut en effet transformée à la place des cursives mérovingiennes illisibles. La minuscule caroline sera perfectionnée par Alcuin et les moines de Tours et se répandra rapidement partout. Le Latin qui avait été contaminé voire abâtardi par les parlers Barbares fut grandement amélioré par Alcuin et ses moines. Les oeuvres littéraires classiques, longtemps négligés, furent de nouveau remises en honneur. A savoir également que Charlemagne travailla au développement de ce qui allait devenir, bien plus tard, l'allemand.

La Renaissance carolingienne a accompli une grande oeuvre dont l'influence de l'Eglise fut prépondérante. Il y aurait beaucoup à dire également sur l'architecture romaine fondée par Charlemagne. J'aimerais préciser que l'art médiéval de l'enluminure et de la miniature, doit énormément à la Renaissance d'Aix. Comme nous pouvons le constater, Charlemagne a modelé profondément l'avenir.

Gulliver Il y a beaucoup de bon sens dans ce que vous dites la Gulliver.

L'Empire de Charlemagne englobait toute la France moderne, la Belgique, la Hollande et la Suisse. Il comprenait également la majeure partie de l'Allemagne et de l'Italie actuelles, et exerçait une certaine emprise sur la partie occidentale de l'Autriche-Hongrie et l'extréme nord-est de l'Espagne.

C'était une monarchie immense et mal organisée, maintenue uniquement par la terreur des armes franques et le remarquable génie de Charlemagne. De son vivant, ses capacités personnelles étaient telles qu'il semblait que les nations étaient sur le point de fusionner.

Le système de gouvernement de Charlemagne fonctionna admirablement tant que l'Empereur vécut pour en dissimuler les défauts par son génie personnel. Mais dès sa disparition, il s'effondra presque complètement.

candidus L'Empire de Charlemagne était le précurseur du Saint Empire Romain germanique. Il ne s'appelait pas Saint Empire Romain germanique, mais il a reçu le titre d'Empereur romain du pape. Lorsque Otto 1er a été couronné premier Empereur du saint Empire Romain germanique, il s'est justifié par cela. Il a également confirmé la souverainté territoriale papale, comme Charlemagne avant lui.

marcopolo Il y a une multitude de saints au 8ème siècle mais pour la plupart peu connus. Un nom qui me vient tout de suite à l'esprit, c'est saint Boniface qui fut un grand missionnaire du 8ème siècle. Par chance, il se trouve que nous possédons beaucoup d'informations sur cette apôtre des Germains. Le Pape Grégoire II lui confia la mission de prêcher l'Evangile parmi les peuples de Germanie. Une de ses caractéristiques par laquelle Boniface attire l'attention : il a promu la rencontre entre la culture romano-chrétienne et la culture germanique. Je sais, ce n'est pas un saint français mais c'est tout ce que j'ai à t'offrir.

marcopolo la Renaissance du 16ème siècle est une période bien plus fantastique que celle du 9ème siècle que je ne connaissais pas et que tu m'as fait découvrir.....

Je suis d'accord que la Renaissance fut une période fantastique, une nouvelle poussée de vie donnée à la civilisation européenne, par la découverte et l'étude des chefs-d'oeuvre de l'antiquité, oubliés ou perdus depuis des siècles. Ses représentants les plus illustres comme par exemple, Erasme, Thomas, Morus, Budé, Lefèvre d'Etaples, ont été des chrétiens convaincus. Mais combien connaissent la première Renaissance de l'Europe chrétienne, la Renaissance carolingienne ? Elle est une période charnière de notre civilisation. Ce renouveau culturel, architectural, philosophique et économique qui est survenu sous le règne de Charlemagne, fut avant tout le fruit de l'oeuvre de l'Eglise catholique et de la monarchie française, qui ont forgé ainsi les bases d'une Europe chrétienne et civilisée.

Contrairement à la Renaissance du 16ème siècle, qui se nourrit des philosophies antiques et souvent opposées au message chrétien, la Renaissance carolingienne fut une oeuvre pilotée par l'Eglise. Le grand danger dans la Renaissance marcopolo, c'était de ressusciter l'esprit et le genre de vie du paganisme. Le danger caché dans la culture de l'antiquité était : la divinisation de la nature humaine, avec ses passions et ses vices les plus dégradants, une nature inclinée au mal et l'exaltation de l'orgueilleuse raison humaine, qui prétend tout expliquer et tout diriger par ses propres lumières. La Renaissance carolingienne, au contraire, fut un renouveau intellectuel guidé par la foi.

La Renaissance carolingienne ne fut pas seulement intellectuelle, elle fut aussi architecturale. L'art carolingien, loin de la froideur de l'art classique antique, se démarque par une spiritualité profonde. Il y avait un besoin de glorifier Dieu par la construction. Loin du culte de l'homme propre à la Renaissance du 16ème siècle, l'art carolingien glorifiait Dieu et son règne. Ne pas oublier également que outre son rayonnement spirituel et intellectuel, la Renaissance carolingienne favorisa un développement économique sans précédent. A noter que la stabilisation de l'Empire sous Charlemagne, alliée à une administration efficace où le clergé jouait un rôle essentiel, permit le redéploiement des routes commerciales et le retour d'un commerce plus sécurisé.

La Renaissance carolingienne posa les fondements d'un monde chrétien structuré, organisé et florissant, préparant ainsi l'essor du 12ème et 13ème siècle. Une période marquée par l'apogée des cathédrales gothiques, l'apporofondissement de la scolastique avec saint Thomas d'Aquin et le renforcement des institutions chrétiennes, fut le véritable âge d'or de la civlisation catholique européenne. En contraste, la Renaissance des 15ème et 16ème siècles, représenta une rupture avec cet héritage. En rejetant l'ordre chrétien médiéval au profit d'un retour à l'humanisme païen et aux idéologies gnostiques, elle entraîna un affaiblissement progressif de l'unité spirituelle de l'Europe. L'intelligence catholique, autrefois au service de la vérité divine, fut progressivement remplacée par une quête d'autonomie de la raison, souvent en opposition avec la foi.

Donc, en ce qui me concerne, la Renaissance carolingienne décrite faussement comme une période d'obscurantisme par certains historiens, fut au contraire le socle sur lequel se construisit la grandeur médiévale chrétienne, une époque où foi et raison avançaient main dans la main pour élever l'homme vers Dieu.