Il n'est pas sûr que nous ayons percé entièrement le secret des connaissances de ces bâtisseurs. Nos peintres verriers modernes sont absolument incapables de retrouver les secrets de fabrication qui donnent aux verrières romanes leur étonnant éclat. Et quand on visite le faîtage de Notre-Dame-de-Paris, on constate que la partie ancienne de la toiture a des poutres beaucoup plus minces que la partie moderne, et que, cependant, celles placées par Viollet-le Duc sont déjà attaquées par les insectes alors que celles du XIIIe siècle sont intactes; quel procédé de conservation a été utilisé?
Comment ces maîtres d'oeuvre et ces tailleurs de pierre pouvaient-ils acquérir de telles connaissances, en absence de quelque école des beaux-arts ? Il est quand même impensable que des hommes ayant atteint un si haut degré de compétence n'aient pas voulu former des disciples?
Actuellement, on s'est souvent demandé si l'album de Villard de Honnecourt n'aurait pas été une sorte de manuel, destiné à être reproduit en de nombreuses copies, pour la formation des jeunes. On observe aussi qu'il y a eu des familles de maîtres d'oeuvre, qu'on trouve associés dans plusieurs édifices et qui, certainement, ont pu appartenir à des générations différentes. La véritable formation devait se faire près d'un maître, qui, au début, faisait porter aux jeunes la selle à mortier, puis les initiait à la taille et à l'appareillage des pierres, puis au difficile calculs des voûtes et à l'art de tailler la pierre. De grands voyages, de véritables tours d'Europe devaient achever de former les futurs maîtres.