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Bah non, ce n'est pas étrange. Dès lors que vous admettez que la révélation est source de connaissance, et qu'en plus elle donne des certitudes, cela devient complètement stupide de ne pas l'intégrer à une… épistémologie ou théorie de la connaissance/science. Cela devient encore plus stupide de lui opposer les arguments qui peuvent découler de la raison humaine. Si la raison humaine a un rôle à jouer, en tant qu'elle est beaucoup plus faillible, elle sera auxiliaire ou esclave de la foi.
Je ne vous ai pas repris sur Saint Thomas d'Aquin, mais c'est exactement ce qu'il fait : la philosophie aristotélicienne, du principal des sages de la "raison", pour lui, en tant qu'esclave de la théologie, ou des affirmations qui proviennent de la foi. Lorsqu'il accorde créance à la transsubstantiation, ou à la création, c'est au nom de sa foi, qu'il privilégie à la philosophie en question.
Développons le premier cas. Si la transsubstantiation pose un problème à la philosophie : le fait qu'il y a changement de substance, mais que malgré ledit changement, les espèces gardent des propriétés des anciennes substances, pain ou vin, alors le travail du théologien catholique consiste à expliquer le mystère qui s'y cache, en tant qu'il ne peut y avoir contradiction. Pour la très grande majorité des non-catholiques, ce qui inclut aussi d'autres sectes chrétiennes, notre ami Saint Thomas d'Aquin se fait sophiste : c'est un cas de "concordisme", pour appliquer un terme beaucoup plus récent, impropre si vous voulez, entre philosophie et théologie.
Pour bien comprendre le théologien, cette fois chrétien, pas seulement catholique, il serait utile de rappeler que puisque Dieu est le créateur de toutes choses, il est tout autant celui de l'homme, que du reste des choses "créées" : la même raison y est à l'œuvre, la conception du théologien de la "raison naturelle".
Dernière remarque, encore épistémologique, d'ailleurs: pour le théologien, toujours chrétien, notamment Saint Thomas d'Aquin, si effectivement dans toutes les sciences, ou en philosophie, l'argument d'autorité ne vaut pas grand chose ; en théologie, par contre, il sera le meilleur en tant qu'il se rapporte à Dieu ; une aberration de plus, au moins pour les non-chrétiens.