filochard Ben les Celtes sont bien devenus des romains.
"Le type Gaulois est parfaitement défini dans les tribus qui suivirent (ou ne suivirent pas) Vercingétorix, vers l'an 80 d'avant notre ère. Son type ressemble beaucoup au nôtre, mais il en diffère en quelques traits profonds.
Mais, cinq cents ans plus tard, on se trouve en présence d'une nation un peu pareille, un peu différente, pourvue de tous les caractères fondamentaux d'une nouvelle nation. Comme l'a fort bien dit Gabriel Hanotaux , à cette entrée de l'armée franque dans les Gaules, vers 420, « La France est prête, il ne lui manque plus que son nom ».
Sauf son nom, la France avait donc alors, tout ce qu'elle devait avoir. Elle préexistait à l'arrivée des Francs ; elle ne préexistait pas à l'arrivée des Romains. Il est donc faux de nous représenter, ainsi qu'a osé le faire Jean Gottlieb Fichte , l'ancêtre du Germanisme et du Nazisme, comme des Germains ayant renié leur idiome natal. Il est tout aussi faux de nous tenir pour des Gaulois purs, ayant seulement abjuré les idiomes celtiques. Nous sommes des Gallo-Romains.
Et cependant, tâchons d'en garder un sentiment très net et très fier. Avant César et ses légions, quelle belle et noble race couvrait déjà l'hexagone français !…
Et quel sang magnifique cette race Gauloise nous a légué !!
Je n'ai pas besoin de rappeler les vertus et les qualités du Gaulois classique :
sa bravoure surhumaine, son goût des choses de l'esprit et celui de l'éloquence : « Rem militarem et argute loqui. » L'art de batailler et celui de bien parler,
la générosité, l'enthousiasme, l'ardeur, la promptitude au risque, l'instinct de l'entreprise et de la conquête,
une philosophie mystérieuse, mais initiée aux plus hautes spéculations des grands Sages de l'Égypte, de la Grèce et de l'Étrurie,
une religion pleine de poésie,
une poésie pleine de rêve,
des rites farouches et gracieux ou sublimes qui allaient du sacrifice humain à la cueillette solennelle du gui sacré par la prêtresse en robe blanche armée de la faucille d'or,
et, dans l'ordre naturel, un sérieux effort de défrichement à travers une vaste étendue de forêt, l'agriculture déjà savante et les industries primitives poussées fort loin.
Pour tout dire, le génie des races celtiques alliant aux charmes de l'imagination la plus riche et la plus apte au merveilleux,des puissances incantatrices du cœur, avec l'énergie héroïque, le sentiment et la science de quelques arts et des métiers subordonnés.
Bref encore, la vie osée hardiment, laborieusement par toutes ses voies, la mort affrontée sans trembler, les expéditions, les courses lointaines d'hommes généreux et violents, si braves qu'ils affectaient de ne craindre que la chute d'un ciel contre lequel ils épuisaient toutes les flèches du défi."
Pour un réveil français, Charles Maurras