Plariste-le-Revanite
J'ai pas regardé ta video (elle fait moins de 4 heures, cette fois) mais, par le plus grand des hasards, j'ai lu le livre de Marx dont tu nous mets la couverture, mais dont tu n'as pas vu grand chose faut croire, si tu nous annonces une "théosophie" qui n'a jamais existé. Et un "c'est pas parce qu'on est athée etc." qui est bien gentil, mais pas dans les clous, pas pertinent.
Si on prend la peine de prendre connaissance du contenu, on ne trouve pratiquement rien sur la religion juive. Celle-ci n'intéresse Marx en aucune manière.
Ce qui est appelé "question juive" est suscité chez Marx par un débat ayant lieu à la Diète de Francfort (ou chais pu quel bled) portant sur l'émancipation des Juifs. C'est-à-dire le fait de donner aux Juifs les mêmes droits généraux que n'importe quel citoyen normal (=chrétien).
Les Juifs ne sont qu'un prétexte pour parler des droits de l'homme, de l'idée d'émancipation en général, et des rapports entre économie et idéologie politique. Je crois que la teneur principale de ce livre, c'est de se demander si la libération (du travailleur, des masses, etc.) passe essentiellement par l'idée de droits, est-ce que le progrès social, est-ce que le gain pour les opprimés, c'est d'obtenir des droits, est-ce que la lutte consiste à imposer des droits, est-ce qu'il faut le penser dans les termes imposés par le droit ou l'idée de droit, etc.
On voit qu'on est déjà loin des Juifs, OK ? C'est un texte touchant à des considérations d'histoire et de philosophie politique importantes : la Révolution, les révolutions bourgeoises ont exprimé et fait valoir l'émancipation comme un gain de droits. Ca a eu du bon, mais peut-être aussi du mauvais. Quoi qu'il en soit, pour une révolution future, est-ce encore dans les termes du droit qu'il faut penser et lutter ? J'ai quoi exactement, quand j'ai un droit ? C'est un peu plus profond que des questions de prépuces.
Pour ce qui touche plus précisément aux Juifs, on n'a strictement rien sur Moïse, sur le Messie, sur la Terre d'Israël, dont Marx se contrefout. Aucune "théosophie", mon pote.
Non, tout ce qu'on trouve sur eux ne relève en aucune façon d'une analyse de leur religion, mais des deux topoi bien connus :
1/ Le Juif capitaliste usurier grippe-sous qui ne peut pas avoir sa sympathie, on est bien d'accord ?
2/ Le Juif de shtetll, le Juif minable de ghetto, misérable crève la faim qui pue, pour lequel il n'a que du mépris.
Pas de théosophie et d'analyse machin truc.
J'ajoute - en rappelant à ceux qui me trouvent trop long qu'ils disposent d' un curseur très pratique sur leur clavier
pour me faire disparaître dès qu'ils le veulent ; ceux qui pensent que je suis bourré bénéficient de la même faculté - que dans la malversation intellectuelle, tu as, mon cher Plariste, un illustre compagnon, Michel Onfray, rien que ça, dont je viens de visionner une de ses clowneries youtubiques.
Dans un truc sur l'antisémitisme, il cite comme une référence.... Marx, la Question juive.
Même début mensonger que toi : il n'indique pas qu'il ne s'agit en aucune façon d'un livre de Marx sur les Juifs
Avantage par rapport à toi : il a quand même lu le bouquin, au moins les déclarations antisémites qu'il contient.
Et partant des deux éléments indiqués (juifs =capitalisme / juifs=misérables et crasseux), il en va limite laisser croire que c'est Marx qui a influencé Hitler. Ben voyons ! D'où il les a tirées, ses idées, Hitler ? Ben de Marx, naturellement ! Son livre de chevet, c'est bien connu.
Là où Onfray cesse de m'agacer un peu dans la malversation, pour en venir à m'énerver clairement, c'est qu'il adosse cela à une croisade anti-marxiste... pour faire l'éloge de Proudhon !
Alors que Proudhon, c'est terrible. Marx n'aime pas les Juifs, OK, mais il n'en fait pas une maladie, c'est pas une obsession. Et quand il les casse, il reprend les trucs normaux : juifs usuriers et juifs dégueulasses, comme n'importe quel auteur du 19ème siècle ou n'importe quel fopoiste antisémite de base aujourd'hui, c'est pas gentil pour les Juifs, mais bon, c'est le préjugé commun.
Alors que Proudhon est un antisémite acharné, racial, son antisémitisme ne doit rien à la tactique, il l'a dans les tripes, il ne dit pas seulement des trucs pas gentils pour les Juifs, mais des trucs dégueulasses, des trucs haineux, des considérations de malade.
Mais Onfray trouve que Marx est un méchant, et Proudhon c'est l'anarchie, avec des tas de petites fleurs, des gros câlins dans le cou et l'amour, partout l'amour.