[supprimé] D'où sortent vos 84% ?

D'une, de la construction de ces tests de potentiel intellectuel (Gauss vous salue).
De deux, de leurs limites.
De trois, du manque de Pertinence à l'attachement à un ecart-type inferieur à 15 pour ces tests (d'aucuns vous diraient même 30 cela-dit)

@Neodadais
1- Il n'est pas question seulement d'être relativement intelligent, mais des sciences et arts à acquérir afin de pouvoir juger, en plus de certaines vertus, je pense plus particulièrement à la prudence dans le jugement : de l'instruction et de l'éducation pour former un citoyen « éclairé ».

Selon le type de constitution admis, ou à qui vous attribuez la citoyenneté, et les droits qui y sont relatifs, la quantité de personnes éclairées à former augmente. Dans une monarchie, où l'essentiel du pouvoir est détenu par le roi, où il est comme le chef de l'aristocratie, faut-il vraiment plus qu'une toute petite minorité de personnes éclairées ? Il est possible que même pas une dizaine à tel instant donné suffise, à piocher dans une réserve un peu plus importante, dans la mesure où le roi a besoin d'un conseil, de ministres, qui pourront après utiliser au profit de la cité les compétences des autres. Dans une aristocratie, en fonction de son organisation : magistratures, assemblée… il en faut déjà beaucoup plus, mais cela reste toujours une minorité de la population. Dans une démocratie directe, il faudrait que l'ensemble des citoyens le soient, dans la mesure où ils ne sont pas sujets…

2- Qu'entend-on par citoyen «éclairé »  ou personne « éclairée », selon le régime ? Selon l'instruction et l'éducation, que les divers agent qui y concourent : parents, écoles, plus tard médias visiblement… lui offrent, l'est-il réellement ? Par exemple, un citoyen qui jugerait toutes les problématiques de politique étrangère à l'aune des droits de l'homme, serait-il éclairé ? S'il comprend bien les problématiques, avant de vouloir les imposer, ne l'est-il pas selon notre cité, puisqu'il juge en fonction de l'idéologie admise ?

Toutes les cités admettent un juste politique relativement à une religion, ou idéologie, ou parfois même un mélange d'idéologies, qui soumis à l'examen s'effondre : un juste politique qui dépend d'un juste en soi qui n'est jamais qu'une collections d'opinions qui à la lumière de notre conception épistémologique, qui guide notre « science » ne vaut pas grand chose. Voir ici ==>https://forum-politique.org/d/118884-l-avortement/1253

Dans ces conditions, un gouvernement "juste" est un gouvernement qui respecte ce qui est admis comme bien par la cité : par ses textes, ses lois… Comme conséquence, il y aura toujours confrontation entre ce qui est et ce qui devrait être, et la volonté de plier ce qui est à ce qu'admet l'idéologie, plus ou moins, selon qui juge.

1- En régime qui admet la souveraineté de la nation, traduite par la consultation permanente de « l'opinion » publique, une grande partie de la population est politisée, au moins à l'approche des principales élections, donc clivée ; d'autant plus d'ailleurs à mesure que la société est développée, c'est-à-dire à mesure qu'en raison du développement, les intérêts divergents se multiplient, au sein de la population. Elle connaît la guerre de tous contre tous.

L'aristocratie connaît évidemment la lutte des factions : à tel instant donné existe une géopolitique des grands. La monarchie étant généralement une aristocratie qui admet un chef, même héréditaire, n'y échappe pas non plus. Seulement ces guerres ne concernent-elles pas une minorité de la population, l'aristocratie ? Plus, si vous voulez, si on intègre, la clientèle de chaque aristocrate ? Echappe-t-on à la guerre de tous contre tous par l'aristocratie ou la monarchie, au profit d'une guerre limitée à quelques uns  ?

Le risque dit-on de l'aristocratie et de la monarchie est qu'une partie de la cité ne gouverne que pour elle-même. En réalité, ce risque existe aussi dans nos cités fondées sur l'opinion publique, dans la mesure des divisions que connaissent nos cités ; plus elles sont enracinées et haineuses, plus le risque croît. Plus en résulte, le gouvernement au profit de telle faction ; que la faction au pouvoir change régulièrement permet sans doute un moindre enracinement, mais au prix de la continuité de la politique de la cité.

2- Existe une contradiction majeure entre la volonté de démocratie dans notre société, et l'organisation économique : les entreprises, qui ne sont pas démocratiques. Pourquoi souhaiter une démocratie dans la cité, et pas dans l'entreprise, ou dans les différentes plus petites communautés existantes ? Si l'on accepte que cela n'est pas souhaitable, que par exemple « l'autogestion » disqualifie un modèle plus « démocratique » dans l'entreprise, ce qui suppose certes d'admettre que le modèle en question était réellement démocratique, pourquoi souhaiter une démocratie dans la cité ?

Pourquoi même ne pas considérer la démocratie comme impliquant un risque de contamination ? Qui commence par vouloir la démocratie dans la cité, la voudra bientôt dans la famille, l'entreprise, et pourquoi pas même à terme, puisqu'il a été question précédemment de l'école, dans la salle de classe ? L'argument en filigrane est le suivant : si est admis comme orthodoxe dans une société que telle constitution est la seule juste, à l'exclusion de tous les autres, comment les autorités d'une autre nature subsistant dans les plus petites communautés que comporte la cité pourraient échapper à une remise en cause, la révolution si vous voulez ?

Quelle est l'erreur commise* ? Oublier que telle autorité peut être relative à telle communauté, que la cité, et les plus petites communautés qui la composent diffèrent par leur fin, en conséquence aussi par les moyens, à commencer par leur organisation. Quelle erreur contient l'hypothèse ? Oublier que telle constitution est relative aux hommes que l'on entend gouverner : aux idées qu'ils admettent, à leurs habitudes... aussi bien qu'à leurs différences, à commencer par leur condition : richesse... que tel type de constitution, n'est pas valable pour toute cité, encore moins telle constitution.


Note : de toute façon, nul besoin que l'argument soit juste, pour qu'il soit convaincant : il suffit qu'il trompe ou soit séduisant. Par exemple, l'homme raisonnable que veut neodadais, sera alors convaincu dans la mesure où il n'en percevra pas la fausseté.

3- Il n'a pas encore été dit sur ce fil, que ce qui le motive : la possible suppression des partis, s'oppose au moins à l'article 4 de la constitution de 1958... qui reconnaît leur rôle dans « l'expression du suffrage ». Même en admettant que l'article en question n'est pas très avisé, si un citoyen s'adjuge la possibilité de remettre en question les lois, ou la constitution, c'est-à-dire s'arroge une prérogative du souverain, comment pourrait-il reprocher à un autre de le faire ? Si ce penchant devient généralisé, comment échapper à la contestation permanente, à l'anarchie ?

A contrario, difficile de soutenir l'opinion précédente dès lors que nous ne professons pas un respect sacré pour la constitution, que nous admettons des procédures de révision, en fonction de la volonté générale, conséquence du principe de souveraineté de la nation. Ajoutons que dès lors que le « peuple » ou la « nation » n'est pas un être, doté d'une volonté tout autant sortie des nuées, mais se résume à « l'ensemble des citoyens », comment si l'on dispose de la citoyenneté, ne pas nourrir ce penchant ? Le véritable problème n'est en fait pas l'inconstitutionnalité de l'opinion qui ouvre ce fil, puisque la volonté générale a plus d'importance que la constitution, mais le fait qu'elle n'est pas suffisamment partagée par les citoyens français, ne peut pour le moment se traduire par un petit toilettage de la constitution.

Voir ici pour une réflexion plus développée sur le sujet ==> https://forum-politique.org/d/145162-la-nouvelle-assemblee-nationale-2022/398

    9 jours plus tard

    af90 à mesure que la société est développée, c'est-à-dire à mesure qu'en raison du développement, les intérêts divergents se multiplient, au sein de la population

    Qu'entendez-vous par développement svp, et comment en faites-vous causalité de l'individualisation des intérêts, ou plus largement de la fragmentation des intérêts de la communauté nationale ? svp ?

    af90 Existe une contradiction majeure entre la volonté de démocratie dans notre société, et l'organisation économique : les entreprises, qui ne sont pas démocratiques. Pourquoi souhaiter une démocratie dans la cité, et pas dans l'entreprise, ou les différentes plus petites communautés existantes ? Si l'on accepte que cela n'est pas souhaitable, que par exemple « l'autogestion » disqualifie un modèle plus « démocratique » dans l'entreprise, ce qui suppose certes d'admettre que le modèle en question était réellement démocratique, pourquoi souhaiter une démocratie dans la cité ?

    En effet. Le libéralisme associé à la démocratie n'est qu'un partage (ou abandon) de pouvoirs à la ploutocratie.

    af90 Pourquoi même ne pas considérer la démocratie comme impliquant un risque de contamination ? Qui commence par vouloir la démocratie dans la cité, la voudra bientôt dans la famille, l'entreprise, et pourquoi pas même à terme, puisqu'il a été question précédemment de l'école, dans la salle de classe ? L'argument en filigrane est le suivant : si est admis comme orthodoxe dans une société que telle constitution est la seule juste, à l'exclusion de tous les autres, comment les autorités d'une autre nature subsistant dans les plus petites communautés que comporte la cité pourraient échapper à une remise en cause, la révolution si vous voulez ?

    Quelle est l'erreur commise* ? Oublier que telle autorité peut être relative à telle communauté, que la cité, et les plus petites communautés qui la composent diffèrent par leur fin, en conséquence aussi par les moyens, à commencer par leur organisation. Quelle erreur contient l'hypothèse ? Oublier que telle constitution est relative aux hommes que l'on entend gouverner : aux idées qu'ils admettent, à leurs habitudes... aussi bien qu'à leurs différences, à commencer par leur condition : richesse... que tel type de constitution, n'est pas valable pour toute cité, encore moins telle constitution.

    Note : de toute façon, nul besoin que l'argument soit juste, pour qu'il soit convaincant : il suffit qu'il trompe ou soit séduisant. Par exemple, l'homme raisonnable que veut neodadais, sera alors convaincu dans la mesure où il n'en percevra pas la fausseté.

    3- Il n'a pas encore été dit sur ce fil, que ce qui le motive : la possible suppression des partis, s'oppose au moins à l'article 4 de la constitution de 1958... qui reconnaît leur rôle dans « l'expression du suffrage ». Même en admettant que l'article en question n'est pas très avisé, si un citoyen s'adjuge la possibilité de remettre en question les lois, ou la constitution, c'est-à-dire s'arroge une prérogative du souverain, comment pourrait-il reprocher à un autre de le faire ? Si ce penchant devient généralisé, comment échapper à la contestation permanente, à l'anarchie ?

    La contamination n'est-elle pas limitée par la nature (et lors les objectifs) des personnes morales concernées ?

    • af90 a répondu à ça.

      Neodadais Qu'entendez-vous par développement svp, et comment en faites-vous causalité de l'individualisation des intérêts, ou plus largement de la fragmentation des intérêts de la communauté nationale ? svp ?

      Rappelons mon propos :

       d'autant plus d'ailleurs à mesure que la société est développée, c'est-à-dire à mesure qu'en raison du développement, les intérêts divergents se multiplient, au sein de la population. Elle connaît la guerre de tous contre tous.

      Ma remarque est relative à l'organisation de notre activité économique, à l'ensemble des professions divisées et spécialisées, à la lutte pour les meilleures places que connaît notre société : la concurrence commence dès l'école, et se poursuit dans le monde professionnel pour l'ensemble des individus.

      Pour bien clarifier la question, il faudrait comparer avec les sociétés d'avant la Révolution industrielle ; montrer les évolutions qu'ont connues les sociétés depuis lors : quelles sont celles qui sont dues au développement de l'activité économique ? Quelles sont celles qui sont dues au changement de régime politique ? Les questions sont entremêlées.

      La contamination n'est-elle pas limitée par la nature (et lors les objectifs) des personnes morales concernées ?

      N'est-elle pas plutôt limitée par le peu de poids des individus qui pourraient présenter la revendication en question : plus de démocratie ici ou là ?

      Bonjour et merci à vous deux pour la bonne tenue de la conversation.

      Désolé d'intervenir avec mon niveau "collège" (et encore...), mais franchement j'en ai assez de la démocratie en tant que défouloir des caprices d'opinions/idées incessants.
      A ce titre, la démocratie me fait penser à une girouette folle, laissant le navire "nation" à la dérive.

      Clairement, la démocratie c'est aussi la lutte de tous contre tous comme souligné par af90, la guerre fratricide pour le pouvoir en permanence.
      La technocratie bureaucratique (parfois appelée démocratie) ne sait pas prendre de décisions responsables.
      Les notions de bien commun et de l'unité du peuple derrière un chef ont complètement disparues, elles ne sont même plus recherchées.

      Bon je n'ai pas le niveau intellectuel ni de solutions à apporter, donc je vous salue et vous souhaite une bonne conversation.

        Alex7 Désolé d'intervenir avec mon niveau "collège"

        Il n'est point question de niveau ici mais d'efforts. Votre propos y est ainsi bienvenu.

        Alex7 mais franchement j'en ai assez de la démocratie en tant que défouloir des caprices d'opinions/idées incessants.
        A ce titre, la démocratie me fait penser à une girouette folle, laissant le navire "nation" à la dérive.

        Clairement, la démocratie c'est aussi la lutte de tous contre tous comme souligné par af90, la guerre fratricide pour le pouvoir en permanence.
        La technocratie bureaucratique (parfois appelée démocratie) ne sait pas prendre de décisions responsables.
        Les notions de bien commun et de l'unité du peuple derrière un chef ont complètement disparues, elles ne sont même plus recherchées.

        Il semblerait que se mêle à votre propos deux critiques bien distinctes :

        .

        Dans un premier temps, une critique de l'idée même de la démocratie, qui reprend la référence citant mme Weil au premier message :

        La vérité est une. La justice est une. Les erreurs, les injustices sont indéfiniment variables. Ainsi les hommes convergent dans le juste et le vrai, au lieu que le mensonge et le crime les font indéfiniment diverger. L’union étant une force matérielle, on peut espérer trouver là une ressource pour rendre ici-bas la vérité et la justice matériellement plus fortes que le crime et l’erreur.
        Il y faut un mécanisme convenable. Si la démocratie constitue un tel mécanisme, elle est bonne. Autrement non.

        Ainsi, la Démocratie ne saurait être une fin, et n'est qu'un moyen

        .

        Dans un second temps, la critiquede nos régimes politiques, auto-proclamés démocraties.

        Cependant, une étude attentive de ces régimes et des définitions de la démocratie nous révèlent que nos régimes ne sont pas des démocraties, mais sont plutôt des oligarchies électives ploutocratiques manipulant l'idée de démocratie comme dogme et finalité afin de se parer d'une légitimité qui paraîtrait questionnable à un peuple instruit.

        Cette constatation explique aisément en outre la défiance des sociétés tapissées de bombes au nom de la démocratie pardes régimes qui s'en eloignent toujours plus au point de ne plus en être.

        3 mois plus tard

        af90
        (au sujet d'une république fondée sur l'arbitraire populaire plutôt que sur des doctrines interprétées par des lois)

        a) Je n'objective ni les moeurs publiques ni le peuple : il est évident que nous sommes une foule diverse aux idées diverses, bien que reliés pas un héritage commun. Ces moeurs ne sont donc qu'une moyenne, parfois un semi-consensus.

        En revanche cette moyenne est moins éloignée des positions de chacun que ne peut l'être un texte formel rédigé par des énarques et interprété par un magistrat issu de sciences po. Et elle est aussi plus légitime.

        b) L'arbitraire du peuple vous semble plus effrayant que l'arbitraire du juge tordant les lois. C'est à mon sens une erreur car le peuple a au contraire toujours prouvé sa grande tiédeur, même lorsqu'il ne le devait pas.

        Au contraire, les mouvements de balancier les plus amples et rapides sont toujours dûs à la concentration du pouvoir dans un petit milieu, aux chambres d'écho du pouvoir, telles que celles qui soutiennent aujourd'hui notre colonisation et notre disparition. Je crois le peuple profondément bien plus modéré et constant que tout microcosme social - gouvernant ou non.

        Vous pourriez éventuellement vous inquiéter de l'effet d'un orateur talentueux ou d'une campagne médiatique bien orchestrée. Mais tous nos présidents ont été victimes de telles influences ! A contrario, un processus de consultation formelle des tierces parties volontaires (experts et intéressés), accompagné de délais à plusieurs moments clés de la procédure, me semble être la meilleure garantie pour des décisions aussi informées et peu influencées que possible.

        c) Vous semblez sous-estimer l'arbitraire du juge légitimant sa décision par des lois. Dois-je vous rappeler que le Conseil Constitutionnel a proclamé la supériorité des textes européens alors même qu'il tire sa légitimité d'une constitution qui stipule en toutes lettres qu'aucun texte ne saurait lui être supérieur ? Que ce même conseil a à plusieurs reprises inventé des principes qui n'existent nulle part (principe de fraternité notamment) ? Que la cour suprême américaine a tour à tour interdit puis légalisé les syndicats et la discrimination raciale sans que les lois aient changé entretemps ?

        d) Contre le peuple vous invoquez tour à tour le risque de trop de libertés et de trop de répression. Décidez-vous ! Je crois pour ma part le peuple économe des deux.

        e) Je ne prétends pas m'élever contre l'arbitraire puisque je tiens tout gouvernement pour le règne de l'arbitraire.

        La seule question valable pour comprendre un pouvoir est : qui dirige ? Les mécanismes de limitation du pouvoir ne sont en réalité que des répartitions du pouvoir ! Séparation du pouvoir, liberté de la presse, limites du 49.3, etc : tout cela ne vise qu'à répartir le pouvoir en jouant un groupe élitaire contre une autre.

        Mais in fine tous ces pouvoirs sont détenus par des gens vivant dans un rayon de dix kilomètres et qui sont frères, soeurs, cousins, amants, maîtresses, condisciples, collègues et voisins. D'où notre condamnation à devenir étrangers dans un pays afro-arabe, "parce que le bien" ; le peuple est moins terrifiant.

        Ma proposition d'élargir le pouvoir à l'ensemble du peuple n'est finalement que le prolongement de cette logique de répartition du pouvoir. Sauf qu'elle a la particularité de concilier modération et capacité d'action, à l'inverse des conséquences habituelles de cette répartition. La force d'une seule voix, mais assise sur une base sociale bien plus large.

        • af90 a répondu à ça.
          5 jours plus tard

          france2100

          (au sujet d'une république fondée sur l'arbitraire populaire plutôt que sur des doctrines interprétées par des lois)

          Plus précisément par arbitraire, j'entends un régime politique fondé seulement sur ce qui plaît à un tel ou une assemblée, ou même un être abstrait, chez vous : le « peuple ». A cet égard, on sort de l'arbitraire par une constitution et des lois, en tant qu'elles peuvent s'imposer à la volonté de tous. Seulement, il faut reconnaître que la constitution autant que les lois pour exister nécessitent d'abord d'être défendues par un tel ou tel parti ou tel mouvement d'opinion, puis promulguées. En ce sens, oui, il y a toujours une part d'arbitraire, si l'on refuse d'aller plus loin que la politique, si l'on ne passe pas en métaphysique ou pour d'autres en théologie. Restons-en à notre cité : les droits naturels qui reposent sur la loi naturelle.

          Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne suis pas vraiment convaincu par les théories métaphysiques. Je suspends mon jugement à ce sujet, faute de mieux. Mais, à choisir entre un régime fondé sur la force seule, et un autre fondé sur le droit qui certes naît de la force : la prise de pouvoir du souverain, pour nous la Révolution française, se soutient par la force ou coercition : la justice, et même repose sur des considérations très discutables, je préfère quand même la seconde option.

          Je vous propose un de mes anciens posts : il illustre les questions que l'on peut poser lorsqu'il n'est question que de politique, que d'un souverain, si l'on admet les considérations qui précèdent la politique comme oiseuses : https://forum-politique.org/d/144513-theorie-du-grand-remplacement/752

          a) Je n'objective ni les moeurs publiques ni le peuple : il est évident que nous sommes une foule diverse aux idées diverses, bien que reliés pas un héritage commun. Ces moeurs ne sont donc qu'une moyenne, parfois un semi-consensus.
          En revanche cette moyenne est moins éloignée des positions de chacun que ne peut l'être un texte formel rédigé par des énarques et interprété par un magistrat issu de sciences po. Et elle est aussi plus légitime.

          Votre moyenne n'est qu'un artifice pour ramener la diversité, voire des tendances carrément contradictoires à l'unité. En quoi est-ce pertinent d'établir des mœurs moyennes entre nos nouveaux écologistes, et leurs opposants, ou nos moralistes LGBT et leurs opposants ?

          Par légitime qui signifie proprement : « conforme à la loi », j'imagine que vous entendez : « plus conforme au principe de la  souveraineté du peuple », ce en quoi vous vous opposez à la représentation. Si elle est selon moi, effectivement un artifice qui permet de déguiser une aristocratie en démocratie, je ne vois pas comment notre cité pourrait être une démocratie. De la même façon, à la base de votre réflexion se trouve une notion complètement fumeuse : « le peuple ». Je ne réponds pas plus, ayant déjà développé ces thèmes sur ce même sujet. Vous trouverez si cela vous intéresse de quoi me réfuter en lisant le fil.

          b) L'arbitraire du peuple vous semble plus effrayant que l'arbitraire du juge tordant les lois. C'est à mon sens une erreur car le peuple a au contraire toujours prouvé sa grande tiédeur, même lorsqu'il ne le devait pas.

          Au contraire, les mouvements de balancier les plus amples et rapides sont toujours dûs à la concentration du pouvoir dans un petit milieu, aux chambres d'écho du pouvoir, telles que celles qui soutiennent aujourd'hui notre colonisation et notre disparition. Je crois le peuple profondément bien plus modéré et constant que tout microcosme social - gouvernant ou non.

          Vous pourriez éventuellement vous inquiéter de l'effet d'un orateur talentueux ou d'une campagne médiatique bien orchestrée. Mais tous nos présidents ont été victimes de telles influences ! A contrario, un processus de consultation formelle des tierces parties volontaires (experts et intéressés), accompagné de délais à plusieurs moments clés de la procédure, me semble être la meilleure garantie pour des décisions aussi informées et peu influencées que possible.

          1- Vous voyez de l'arbitraire dans les lois, alors qu'elles sont un moyen de le limiter : est au moins en question la conformité à ces lois, ou à telle doctrine. Dans votre système, il n'est même plus besoin de se donner la peine d'interpréter, même « malhonnêtement » les lois, comme si ce cas allait toujours de soi… Il suffirait qu'à tel instant ceux que vous estimez être le peuple désirent telle chose, pour que cela se produise.

          2- Vous partez ensuite sur des considérations psychologiques relatives au « peuple », ce qui suppose d'en faire un être existant, avec une volonté, un caractère… Tout au plus, je vous accorde que l'on peut faire la « psychologie » d'une foule, mais sans oublier qu'il s'agit d'un ensemble d'individus réunis alors pour telle raison, ou réunis fortuitement ; ou éventuellement que l'on peut attribuer à une majorité « de français » telle opinion, mais qu'il faut alors en chercher la raison : opinion orthodoxe dans la cité transmise par différents canaux, éducation publique, médias...

          3- Que vous preniez une démocratie dite « directe », ou une démocratie dite « représentative », sans les démagogues, la plupart des individus ne savent ni que penser, ni que voter. Ils n'ont pas la réflexion suffisante pour cela. Ils ont besoin de se trouver un chef en qui ils reconnaissent « le meilleur », qui se distingue selon eux par ses qualités, pour les orienter. Est démocratique si vous voulez, le fait qu'ils se choisissent un chef : il serait d'ailleurs intéressant d'étudier pourquoi. Est aristocratique, le fait que cet homme devient alors une tête qui dépasse de la foule, un homme parmi les meilleurs.

          c) Vous semblez sous-estimer l'arbitraire du juge légitimant sa décision par des lois. Dois-je vous rappeler que le Conseil Constitutionnel a proclamé la supériorité des textes européens alors même qu'il tire sa légitimité d'une constitution qui stipule en toutes lettres qu'aucun texte ne saurait lui être supérieur ? Que ce même conseil a à plusieurs reprises inventé des principes qui n'existent nulle part (principe de fraternité notamment) ? Que la cour suprême américaine a tour à tour interdit puis légalisé les syndicats et la discrimination raciale sans que les lois aient changé entretemps ?

          1- L'interprétation d'une loi ou d'un texte n'est pas forcément aisée. Pour bien faire, il faut me semble-t-il se souvenir de quelle était l'intention à l'origine de la loi : que fallait-il combattre ou établir ? Quelle fut la cause de la loi ? Parmi les dangers, figure en bonne place l'interprétation dite « littérale », un paralogisme : de telle association de mots, nous ne pouvons que conclure telle signification.

          Toutefois, voyez-vous, il est assez rare que les hommes comprennent toutes les implications possibles de leurs principes ou lois. Dans nos cités, cette question peut prendre la forme des nouveaux droits ; raison pour laquelle je vous ai répondu par l'examen de leur conformité avec la doctrine admise. S'il est prouvé qu'ils sont conformes, alors le libéral convaincu par sa doctrine, doit s'y soumettre. S'il est prouvé à un utilitariste, que telle mesure est en faveur du maximum de plaisir pour le plus grand nombre, alors il doit se soumettre. Qu'en est-il maintenant du simple individu qui n'a comme critère que son bon plaisir ?

          2- vous oubliez dans votre réquisitoire que nos régimes politiques sont un mélange des genres : il y a certes les lois, les textes sacrés ; mais il y a aussi votre principe de souveraineté du peuple. Vous pouvez bien rédiger une jolie constitution, si vous y admettez le principe de souveraineté du peuple, et des moyens de la modifier en conséquence, s'y trouve alors des moyens… de l'assassiner. Si vous souhaitez une analyse un peu plus approfondie à réfuter : https://forum-politique.org/d/145162-la-nouvelle-assemblee-nationale-2022/398

          Néanmoins, pour être tout à fait juste, si l'on établit la souveraineté de la loi, sans qu'elle puisse être modifiée, l'immobilité qui en résulte pour la cité peut devenir aussi un gros danger à long terme. Reprenons l'exemple de la constitution de 1958 : la cité se porterait-elle forcément mieux si nous avions refusé l'UE comme lui étant contraire ? Il faut le prouver. Mais, ce faisant, il ne s'agit plus vraiment d'une constitution, de principes fondamentaux sur lesquels vous ne pouvez revenir.

          d) Contre le peuple vous invoquez tour à tour le risque de trop de libertés et de trop de répression. Décidez-vous ! Je crois pour ma part le peuple économe des deux.

          Non. Je vous ai indiqué deux extrêmes qui peuvent être dangereux pour une cité, et une problématique : « gouverner des hommes libres », sachant d'ailleurs qu'elle implique certainement contradiction. Quelles libertés le souverain, ou ses agents : ceux qui gouvernent, selon le régime politique, peuvent concéder aux citoyens, sachant qu'il peut en résulter des maux pour la cité ?

          Raisonnons sur un cas pratique, si vous préférez : la gestion du covid en France. Vaccination obligatoire ou non ? Si était décidée la vaccination obligatoire, il ne restait plus qu'à contraindre voire persécuter ceux qui veulent y échapper. Si au contraire les français étaient libres de se vacciner ou non, la cité devait alors assumer les maux possibles qui résultent de cette liberté, de la non-vaccination de certains citoyens.

          J'ai illustré mon précédent post. Allons plus loin. Que faisons-nous ? Pas de vaccination obligatoire, mais politique d'incitation à la vaccination : les vaccinés ne peuvent plus faire ceci ou cela. Si vous ne vous vaccinez pas, en tant que le gouvernement, et le parlement, jugent que « ce n'est pas raisonnable », vous en paierez le prix. Que traduit cette position ? Ne peut être admis une vaccination obligatoire, ce qui suppose gestion des récalcitrants, mesure qui nous répugne car trop autoritaire ; mais, nous ne voulons quand même pas payer les maux associés à la liberté, ne pas être otages de l'action des non-vaccinés.

          Qu'était-il en fait attendu des citoyens ? Qu'ils réagissent tous comme un seul homme, conformément, à ce qui a été admis par la majorité des professionnels de la politique, du gouvernement, d'une partie des français aussi, comme la bonne façon d'agir, la plus « raisonnable », se vacciner, ce qui n'est tout simplement pas possible : des individus laissés libres de juger peuvent tout autant se tromper, que ne pas agir conformément à la « raison », même s'ils l'admettent comme « la raison ». La liberté implique tout autant que vous laissez le citoyen ou sujet libre de « bien » agir, que de « mal » agir.

          A quoi aboutit cette politique ? A ménager la chèvre et le chou, à tolérer l'existence des non-vaccinés dans la cité, tout en les traitant comme des sous-citoyens ou pestiférés, dans la mesure où ils ne sont pas « raisonnables »: ils n'agissent pas conformément au bien* ; ainsi qu'à opposer les citoyens entre eux en période de crise, à introduire un nouveau clivage. Pour être tout à fait juste, une raison de plus ou de moins de se détester pour les français ne change pas grand chose.

          *Note : Pour bien qualifier le degré de persécution, il faudrait disposer d'une échelle des persécutions, un peu comme l'échelle des séismes ou cyclones qui reste encore à faire. Le massacre serait sans doute le degré le plus haut. La disqualification, c'est-à-dire faire de certains hommes des objets de ridicule ou de mépris pour les autres, les priver de leur « honneur », le plus bas.

          e) Je ne prétends pas m'élever contre l'arbitraire puisque je tiens tout gouvernement pour le règne de l'arbitraire.

          Non. Vous ne défendez pas l'arbitraire, mais plus spécifiquement : l'arbitraire du « peuple », relativement à la conception du peuple que vous avez en tête.

          La seule question valable pour comprendre un pouvoir est : qui dirige ? Les mécanismes de limitation du pouvoir ne sont en réalité que des répartitions du pouvoir ! Séparation du pouvoir, liberté de la presse, limites du 49.3, etc : tout cela ne vise qu'à répartir le pouvoir en jouant un groupe élitaire contre une autre.

          Plutôt que : « le pouvoir », comme abstraction, question : qui peut agir ? quelles sont alors les limites à son action ?

          Mais in fine tous ces pouvoirs sont détenus par des gens vivant dans un rayon de dix kilomètres et qui sont frères, soeurs, cousins, amants, maîtresses, condisciples, collègues et voisins. D'où notre condamnation à devenir étrangers dans un pays afro-arabe, "parce que le bien" ; le peuple est moins terrifiant.

          Non. L'idée de « peuple » qui est orthodoxe n'est pas la même que la vôtre : il n'y a pas plus de référence à « la race » qu'au « sang », ou aux « autochtones » : les nés de la terre, les « de souche » comme nous disons aujourd'hui. Qu'est-ce qui fait un « peuple » pour eux ? La volonté de vivre ensemble. Plus particulièrement le peuple français ? L'adhésion aux idées présentes dans les textes du bloc de constitutionnalité.

          Que les français changent de visage, ou d'origine ethnique n'est donc pas un problème : le recours à l'immigration non plus, dès lors que ces immigrés intègrent bien les idées qui font la cité. Si Anacharsis Cloots pouvait être du « peuple » français, nos « immigrés » aussi.

          De ce point de vue orthodoxe, vous êtes un plus gros problème qu'un français d'origine étrangère qui adhère aux idées de la cité ; moi aussi lorsque ma critique n'est qu'une destruction de ces idées. Ils ont une idée « abstraite » du « peuple », détachée de tout critère matériel : vous n'en êtes pas simplement parce que vous êtes descendant de français.

          Heureusement pour vous et moi, que l'idée de persécution ne fait partie de leur logiciel, et que même lorsqu'ils s'y livrent, ils le font avec plus ou moins mauvaise conscience, selon s'ils sont assez bêtes pour gober leurs sophismes de justification : une grosse limite. Dans le cas contraire, notre citoyenneté pourrait être en danger.

          Ma proposition d'élargir le pouvoir à l'ensemble du peuple n'est finalement que le prolongement de cette logique de répartition du pouvoir. Sauf qu'elle a la particularité de concilier modération et capacité d'action, à l'inverse des conséquences habituelles de cette répartition. La force d'une seule voix, mais assise sur une base sociale bien plus large.

          Allez-vous réunir l'ensemble des « citoyens » ou sujets français à l'assemblée nationale ? Je comprends bien votre opposition à la représentation ; je saisis moins, la défense d'une démocratie directe, sachant que notre cité comporte des millions de citoyens, qui d'ailleurs n'ont pas forcément le temps libre pour exercer une citoyenneté à l'ancienne.

          Il y a des conditions pour qu'une démocratie directe puisse exister, même sans faire la critique de ce régime ; elles ne sont pas réunies, en France, aujourd'hui : ajoutons la relative égalité des conditions, par exemple. Je m'en tiens à ce propos, sans plus développer : si voulez plus, lisez mes précédents posts sur le fil, vous aurez largement matière à critique.

            af90

            • La loi n'efface pas l'arbitraire, elle le sacralise : elle grave l'arbitraire du législateur dans le marbre et masque celui du juge. Tout régime repose sur la violence : la loi n'est qu'un des moyens de sacraliser la violence pour la rendre acceptable par un assez grand nombre.

            • Le recours à la métaphysique n'efface pas l'arbitraire : le choix des lois et des poids est un arbitraire, qui réclamera de toute façon un second arbitraire pour être appliqué à des situations réelles. Éthique conséquentialiste ou déontologique ? Arbitraire ! Quelle valeur donnée à un bébé par rapport à un aîné ? Arbitraire ! Universalisme ou préférentialisme ? Arbitraire !

            • Pire : ces éthiques formelles débouchent toujours sur l'ignoble, comme l'ont prouvé Peter Singer, Platon et tant d'autres. Au moins Adorno et Horkheimer l'avaient-ils en partie compris : la raison devient totalitaire lorsqu'elle prétend tout déduire. Toute éthique formelle est viciée précisément parce qu'elle s'éloigne du sentiment humain, lequel compose de nombreuses règles éthiques de natures différentes via des poids issus d'une riche taxonomie. Ce sentiment est donc un algorithme éthique beaucoup plus sophistiqué que n'importe quelle éthique formelle, ces simplismes grossiers.

            • Les lois ne limitent pas le pouvoir, elles l'accroissent en le confisquant à l'ensemble des Français, pour l'attribuer à un petit nombre de groupes sociaux ultra-minoritaires, radicalisés et déconnectés de la réalité.

            • Recourir à la moyenne des opinions ne vise qu'à avoir des décisions moins éloignées en moyenne des opinions de chacun, et moins souvent perdue dans ces illusions nourries par telle ou telle chambre d'échos. Il ne s'agit pas d'objectiver une illusion d'unanimité ; il ne s'agit pas d'objectiver un peuple.

            • Je prône une démocratie par tirage au sort : à chaque question une assemblée ad hoc tirée au sort, choisissant qui elle veut entendre parmi ceux qui se proposent. Plus quelques commissions permanentes pour surveiller les pouvoirs restants, notamment administrations et médias.

            • Ces commissions auraient tout autant que l'état aujourd'hui la possibilité d'imposer la vaccination si elles le souhaitaient. Je ne prône pas l'anarchie, je prône un pouvoir populaire.

            • La possibilité pour le peuple de changer la constitution est bien plus théorique que réelle : conditionnée à l'initiative du pouvoir politique, soumise à l'approbation du pouvoir judiciaire, limitée par la constitution elle-même. Jamais ces gens n'ont autorisé le peuple à refuser d'être colonisé.

            • Vous voyez le peuple comme un danger qui doit être contrôlé par les élites, cet übermensch de vertu, ce qui est une vue typiquement néolibérale. Mais l'histoire a au contraire prouvé que ce sont les élites qui sont dangereuses : l'horreur surgit lorsque le pouvoir est concentré. La Shoah fut décidée par une poignée d'hommes aux idées extrêmes, non par un peuple. Robert I. Moore a montré que les persécutions des minorités au cours de l'histoire furent motivées par la peur des élites et non pour satisfaire à une demande populaire.

            • L'homme ordinaire ne suit pas plus son seul bon plaisir que les dirigeants ou les juges. Comme eux il pondérera ses intérêts et ceux d'autrui. Au moins cette fois les intérêts de tous seraient-ils mieux servis.

            • Je suis bien certain que les masses, tout comme les élites, se trouveront toujours des messies, au moins cette fois-ci ne seront-ils plus au pouvoir ; ce sera un progrès. J'insiste sur le fait que les élites ne font autant ; Emmanuel Todd parla à raison d'un "populisme des élites" et "d'élites en apesanteur" à propos de Macron qui allait tout résoudre.

            • J'ai grandi dans un quartier colonisé, étranger sur la terre de mes ancêtres. Si vous pensez que nous aurons une place enviable parmi eux et que cela ressemblera à un territoire français, vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'au coude : quand on a une gueule d'étranger, un nom d'étranger, un prénom d'étranger, on est un étranger. C'est un pays afro-arabe qui naît, et nous qui devenons étrangers et apatrides, condamnés à l'exil.

            • Mon refus de "l'orthodoxie" ferait de moi un étranger. Cela revient à définir la France par l'adhésion à un système de croyances d'état que rejette pourtant la majorité de la population. Fonder un pays sur des croyances ("nos valeurs", "patriotisme constitutionnel habermassien", "pays des droits de l'homme"), c'est décréter une théocratie et proclamer apatrides tous ceux qui ne partagent pas la même foi que le pouvoir. Vous appelez cette religion d'état "orthodoxie", j'appelle ça un pouvoir colonial antifrançais et je crache sur ses lois et ceux qui les proclament.

            af90
            (sur un autre sujet, à propos de nos perceptions respectives des rapports de domination)

            Vous adhérez à la religion d'état et partagez les idées de nos maîtres, donc vous vous sentez représenté et en état d'autonomie au sein d'une société harmonieuse. Pour vous les rapports de domination n'ont guère de conséquences et sont même une bonne chose, puisque vous vous méfiez des masses païennes que combattent nos maîtres.

            De par mon vécu, mon constat, ma formation scientifique et mon intelligence il m'est impossible d'adhérer à la religion d'état. Mes idées sont passibles de trois ans de prison, les gens comme moi sont ouvertement méprisés du matin au soir par l'appareil médiatico-culturel, publicitaires et historiens s'échinent à nous effacer du passé et du présent, l'extrême-gauche célèbre son projet d'épuration raciale contre nous, et je me vois peu à peu transformé en étranger dans un pays afro-arabe par le pouvoir colonial, me renvoyant à la condition objective d'inférieur que j'ai connu enfant dans les territoires colonisés.

            Je suis donc en situation d'hétéronomie, une perception que mon ascension sociale et mon érudition n'ont fait que renforcer, d'où cette perception d'une vie structurée par les rapports de domination - avec les clowns au sommet ! Quel que soit le pouvoir que je pourrai posséder, je serai à jamais un étranger dominé par des clowns prêchant les mêmes mensonges et idioties du matin au soir. C'est abject. Mon seul choix est de m'exiler hors de l'Europe ou de l'Occident pour devenir encore plus rapidement étranger mais un peu moins dominé par les clowns.

              france2100 Mon seul choix est de m'exiler hors de l'Europe ou de l'Occident pour devenir encore plus rapidement étranger mais un peu moins dominé par les clowns.

              C'est peut-être la meilleure solution à envisager pour vous mais parfois le problème, ce n'est pas toujours les autres...

                • [supprimé]

                AbbeTyse On va se cotiser pour lui payer un ticket sans retour pour Nijni-Novogorod à la Noël. Après il s'appellera Russie2100.

                  5 jours plus tard

                  wissenfichte

                  Exple, prenons le cas de la sexualité, tellement mode. En GB, vieille démocratie, Oscar Wilde fit de la prison pour sodomie. En France celà aurait été impossible. Dans les années 1950, le scientifique Alan Turing fut arrêté pour homosexualité et eut le choix comme sentence entre la prison ou la castration chimique. Il obta pour celle-ci afin de rester libre mais les effets physiques induirent une dépression qui le mena au suicide. Il y eu un pardon post-mortem officiel il y a seulement quelques années.
                  Or si le concept de démocratie était fonctionnel alors celà ne se serait jamais produit.

                  C'est antinomique : démocratie ou libéralisme, il faut choisir.

                  Soit vous donnez le pouvoir au peuple et acceptez qu'il ne sera pas nécessairement libéral, soit vous le subordonnez à des prêtres constitutionnels interprétant des textes sacrés libéraux dans un sens que vous espérez conforme au vôtre.

                  Or dans une démocratie le pouvoir, les instances politiques doivent être l'émanation d'opinions des gens, qui se reflètent dans différents partis politiques, et de députés qui représentent ces gens, càd. qui ont une fonction à doiuble direction de/vers la base au sommet,

                  La démocratie, c'est le peuple qui contrôle son destin. La représentation peut être un succédané acceptable dans un petit pays relativement homogène, mais elle n'est jamais le pouvoir du peuple. Les représentants servent les représentants, conformément à leur idée du bien, du beau et du vrai. Tout système libéral est une polycratie où le pouvoir se partage entre divers corps élitaires (juges, journalistes, élus, patrons, militants, scénaristes, ...).

                  chevalier-du-temple

                  Une société au système raciste n'est-elle pas intrinsèquement anti-démocratique ?

                  Une société multiethnique est un empire. Or un empire ne représentera jamais les peuples qu'il domine, que ce soit en Amérique, en Europe, en Russie ou en Chine. Même une démocratie n'y aura jamais de sens puisqu'une majorité africaine ne sera jamais légitime à gouverner les Français.

                  Il faut choisir entre le droit des peuples à se gouverner eux-mêmes, c'est à dire l'état-nation souverain, ou alors l'empire soumettant des peuples jugés dangereux à des valeurs considérées comme sacrées (droits de l'homme) interprétées par des prêtres sacrés supérieurs (juges constitutionnels). Nationalisme et démocratie, contre impérialisme et libérature.

                  • [supprimé]

                  AbbeTyse Je n'ai guère connu de dictatures pacifiques. Pouvez-vous éclairer mon ignorance SVP ?

                    [supprimé]
                    Je ne réponds pas pour lui, puisque ses idées ne sont pas les miennes, mais Sergei Guriev et Daniel Treissman ont théorisé un concept d'autocratie informationnelle qui n'est pas sans mérites à propos de la Hongrie aujourd'hui et de la Turquie d'avant le coup d'état : un régime coexistant avec un pouvoir médiatique et culturel indépendant mais assez petit pour en acheter la loyauté.

                    On pourrait y voir le pendant de nos régimes libéraux où l'on trouve un pouvoir exécutif et législatif assez faible pour être contrôlé par la sphère médiatique, culturelle et capitaliste.

                    [supprimé] C'était en réponse à ceux qui affirment que beaucoup de démocraties actuelles sont des dictatures déguisées par un phénomènes de valeurs inversées. Elles s'insurgent que l'on puisse donner plus de droits à des minorités diverses par exemple, ce qui ne les concernent pas directement mais cela n'est pas conforme à leurs idées conservatrices et vient bousculer leurs schémas de pensée.
                    Par compte, ces mêmes personnes trouvent des vertus aux vraies dictatures, car elles s'inscrivent davantage dans le passé.