James
On pourrait définir la foi ainsi : admettre comme vrai, une idée, un fait, une opinion… en vertu d'une autorité, c'est-à-dire accorder sa confiance, comme vous dites, à l'autorité en question. La foi, pour le chrétien, ne peut être qu'une vertu, en raison de l'être à qui il accorde sa confiance : Dieu, relativement à ce qu'il est, et de la révélation, infaillible, que lui apporte cet être.
Seulement, voyez-vous, si l'on établit que l'on ne doit pas se donner de maître, toujours s'en remettre à sa raison, il n'est pas plus sage, de remplacer l'autorité de Dieu, par l'autorité des scientifiques, aussi savants soient-ils : est sage le fait de suspendre son jugement, au mieux, en attendant d'examiner. Que faut-il alors savoir pour examiner ? Dispose-t-on aussi du temps et des facultés nécessaires ? Un tel idéal convient-il à un savant, ou à l'ensemble des hommes ? Quelle influence aussi sur la société ? Même en admettant que ce soit possible, une société peut - elle être établie si ce n'est sur le scepticisme, sur une conception de la docte ignorance ?
Si maintenant nous passons à l'examen de toute science humaine, il faut déjà noter qu'elle ne peut être que faillible, relativement à ce qu'est l'homme, ce que sont ses facultés : dans quelle mesure cette science est science, dans quelle mesure elle est pseudo-science, ma question habituelle. Il ne s'agit pas seulement de débusquer l'erreur, le paralogisme caché, mais aussi de déterminer exactement ce qui dans cette science est de l'ordre de la science proprement, et ce qui est de l'ordre de l'opinion, ce qui est de l'ordre de la clarté si vous voulez, et du confus ou obscur ou mystère : par le versant métaphysique, si vous voulez, il est toujours possible d'attaquer telle ou telle doctrine, ou connaissance.