Sur l'appel à l'ignorance.
Lorsque les scientifiques considèrent que l'on peut ne peut induire une nature ou essence partagée par une collection d'êtres ou individus donnés, même s'ils partagent un certain nombre de propriétés communes et sont reproductibles entre eux, ils font de l'espèce un simple signe ou artifice logique, pas un terme qui correspond à une réalité, la fameuse nature ou essence, même si établi à partir de réalités.
Seulement, il faut bien leur accorder deux choses : 1- l'induction en l’occurrence est invérifiable, la question de l'être ne se prête pas à l'expérience ; 2- Même en admettant que la notion d'espèce soit embêtante, élément restant ou non d'un "fixisme" bien lointain aujourd'hui, peut-être est -il sage de s'en satisfaire, faute de mieux, en raison de l'imperfectibilité de la connaissance humaine, de ses limites : ne sommes-nous pas condamnés à édifier des théories et contre – théories qui se répondent, que l'on confronte à l'expérience, sorte de dialogue de la raison humaine avec "la réalité", qui nous permettent certes de parvenir à une certaine connaissance, de tirer quelques résultats ou applications, sans pour autant oublier qu'elles ont leurs limites, et que certaines choses sont peut-être au-delà de notre compréhension ?
Si maintenant, deuxième exemple, j'en appelle à l'ignorance sur la question de l'origine, quelle qu'elle soit : les langues, les nations, l'Univers... S'agit-il d'un mauvais argument, d'une bien mauvaise sagesse ? Deux arguments sont en balance : 1- ces questions mènent à énormément de bêtises, sont en général, de la bien mauvaise spéculation, dans la mesure où l'on avance dans le noir, sans oublier que nous pourrions aussi mieux utiliser notre temps et nos facultés, en étudiant des sujets plus à notre portée ; 2- cependant, cet appel à l'ignorance signifie aussi que si une science sur la question est possible, celui qui l'accepte se condamne à ne jamais la trouver, dans la mesure où il ne veut pas chercher.
Ce second argument est aussi valable dans mon premier exemple. Il met en lumière l'attachement des scientifiques à leur épistémologie, qui tend en fait à devenir une dogmatique : en dehors de cette dernière, point de salut, on retrouve l'argument 1, on risque de produire beaucoup de pseudo-science, pour peu de science, raison pour laquelle on disqualifie l'idée d'être dans le point 1, du premier exemple ; s'y ajoute un autre : regardez les résultats que l'on obtient grâce à elle depuis sa constitution.