La création toute récente de la Nupes a supprimé ou englouti la gauche classique pour l’enfermer, sous les menaces de l’autocrate mélenchon, dans un groupuscule radical d’extrême gauche, allant jusqu’à accepter les bandits rouges (ex-soutiens des brigades rouges) du NPA. Cette extrême gauche, qu'elle soit politique, syndicale ou intellectuelle, porte un programme et des revendications relevant du communisme soviétique.
La gauche radicale des Nupes porte en effet un projet radical, confectionné à la hâte par LFI, mais il n'est pas pensé ni confectionné comme les programmes des autres partis politiques accordent au leur. Chez cette gauche extrême, ce n'est pas le réel qui définit le projet, c'est un ensemble de concepts abstraits, l’idéologie. Le réel vient s'y greffer ensuite pour justifier les propositions, séduire l'opinion et lui présenter une image crédible d'un projet alternatif qui justifie que l'on s'oppose à tous les projets en cours. L'opposition aux projets concurrents, quels qu'il soient, demeure toujours la trame essentielle du programme.
Dans la conscience de mélenchon, Martinez, Bayou ou Frédéric Lordon, l'objet politique premier de leur parti est la lutte sociale, que Marx nommait lutte des classes. Tout est prétexte à cette lutte. Tout y est soumis, l'économie, l'organisation de l'État et de la société et surtout le sort des ouvriers dont ils prétendent défendre la cause. Si la gauche radicale est dite radicale, ce n'est pas en raison de la teneur de ses propositions politiques, c'est à cause de sa méthode et de sa finalité: le conflit, la lutte des classes, la manifestation, le blocage, la grève, la pagaille généralisée et bien souvent, la destruction, le saccage et la violence. Le mélenchon de service, qui recommande de « tout conflictualiser », porte parfaitement cette violence dite sociale.
Or, le principe sous-jacent à l'action radicale est précisément problématique. Ce principe de la lutte des classes, reformulé en lutte sociale, est la négation de ce qui constitue pourtant le fondement, d'Aristote à Montesquieu, de tout projet politique digne de ce nom: l'unité de la nation. Le projet politique de la gauche radicale repose a contrario sur la division de la nation, sur sa fracturation violente, sur l'opposition révolutionnaire d'une partie du corps politique contre l'autre. La gauche radicale désigne clairement l'ennemi: le bourgeois, le patron, le capitaliste, le "milliardaire", le policier, le militaire, etc. Par exemple, la gauche radicale condamne toujours vivement les violences policières, comme on l’a vu récemment, mais exprime toujours une certaine compréhension, voire de l'empathie, pour les auteurs de violences dirigées contre les forces de l'ordre, comme nous avons encore pu le constater lors des manifs récentes.
La gauche radicale, sous ses trois formes, politique, syndicale et intellectuelle, est un poison politique. Elle nuit à la France depuis trop longtemps. Elle doit disparaître.
Qui porte la responsabilité de son existence et de sa pérennité ? Qui devrait être chargé de saper ses fondements? La gauche de gouvernement bien sûr, cette gauche qui aujourd'hui peine à trouver son chemin parce qu'elle est sans cesse en train de regarder vers son extrême gauche, comme pour chercher une caution «de gauche», un satisfecit. Jean Jaurès avait pourtant commencé ce travail de sape en son temps, notamment au moment où Alexandre Millerand est entré dans le gouvernement de Waldeck-Rousseau, considéré comme bourgeois. Jaurès y voyait dynamisme et puissance tandis que Jules Guesde dénonçait une trahison. L'abandon du principe de la lutte des classes prenait ainsi fin pour une certaine gauche, tandis que l'autre s'y accrochait de toutes ses forces, refusant même de soutenir Dreyfus au prétexte qu'il n'était pas ouvrier. Un siècle plus tard, rien n'a vraiment changé, si ce n'est que les responsables de gauche n'ont plus l'envergure de Jaurès, et que le regard nostalgique qu’a porté le PS sur la gauche radicale est indigne. S’associer avec elle est la pire des trahisons.
Mitterrand avait su la dominer en marginalisant, puis en écrasant le PC pour le réduire à néant. Mais Mitterrand n'a pas eu de successeur digne de lui.
La France ne peut plus se permettre de soutenir encore longtemps cet intérêt intellectuel pour la vulgate marxiste, car les épigones de Marx sont aujourd'hui des cervelles creuses, agressives et nuisibles pour le pays. Les déclinaisons politiques et syndicales du marxisme nuisent au pays tout entier, ouvriers et salariés compris, comme jamais auparavant. Il est temps que ça cesse.