Depuis quelques jours, cependant, un autre aspect de sa vie professionnelle suscite bien plus d’interrogations et d’inquiétude au sein du gouvernement : ses passages dans deux laboratoires pharmaceutiques, grâce à une mise en disponibilité de l’administration qui lui a permis ensuite de revenir, chaque fois, dans son corps d’origine.
Ce sera auprès de la filiale française du laboratoire pharmaceutique américain Lilly qui teste aujourd’hui deux anticorps monoclonaux dans le traitement du Covid-19. A l’époque, l’énarque est directeur « corporate affairs », c’est-à-dire des affaires publiques. Autrement dit du lobbying.
Voici venir le temps de la seconde incursion de Louis-Charles Viossat dans un laboratoire pharmaceutique. Nous sommes en mai 2009 et AbbVie-Abbott, entreprise biopharmaceutique américaine, l’embauche comme directeur des affaires institutionnelles. En clair, il est chargé de superviser les lobbyistes de l’entreprise auprès des institutions européennes, des pays d’Europe de l’Ouest et du Canada. Il travaille dans le secteur du médicament, loin de l’industrie du vaccin, considérée comme un créneau à part.
« Petit soldat de Big Pharma »
En janvier 2013, il est nommé vice-président chargé des relations gouvernementales internationales. En vérité, hormis la hauteur de sa rémunération, cela ne change pas vraiment. Mais il est plus exposé. « Il a longtemps fait illusion grâce à sa culture, ses réseaux, sa façon de parler avec le bon ton, rapporte un lobbyiste d’Abbott qui l’a longtemps côtoyé. Mais ce n’était pas un très bon manager. » Il suffit en tout cas qu’arrive Michael Boyd, un Américain venu de Pfizer, pour qu’il soit débarqué en quelques jours avec de confortables indemnités.
C’est la résurgence de ce passé-là que craint aujourd’hui le ministère de la santé, alors même que la France doit faire face à un nombre record de mouvements antivaccins en Europe. Depuis une semaine, cette mouvance mais aussi les soutiens de Didier Raoult – qui dirige l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille – se sont en effet emparés les premiers du CV de Louis-Charles Viossat, le soupçonnant ouvertement, sur les réseaux sociaux, de toutes les collusions.