1- Nous avançons. Je me cite :
2- Comment définit-on ? Quand parvient-on à la connaissance d'un objet donné ? Lorsque l'on sait le décrire, l'analyser sous toutes les coutures, ou lorsque de cette analyse on parvient à en saisir l'être ? Connaît-on lorsque l'on en reste à l'érudition ou quantité d'informations, ou lorsque l'on trouve la définition de l'objet, quiddité, certes réduction par rapport à l'essence, approximation ?
La première démarche serait l'observation de toutes les sciences données : aussi bien la biologie, la physique, vos sciences naturelles, que les sciences que l'on dirait aujourd'hui humaines, la philosophie... Or, dans la réalité qui nous est accessible, il existe des biologistes, des livres de biologie. Biologie se rapporte à une qualité que l'on attribue à telle substance : tel homme, tel livre... Qu'est-ce qui fait la biologie dans le biologiste ? Je considère le biologiste comme une substance existante hors de l'homme, comme s'il existait un animal nommé biologiste, plutôt que biologiste comme qualité que j'attribue à tel homme, une abstraction. Il faudrait ensuite comparer les divers objets auxquels j'attribue la qualité "biologie", induire ce qui est universel, très commun.
Il faudrait réaliser ce travail pour tout ce que les hommes nomment savoir, ou science. Une fois ce travail fait, que je sais ce qui en la physique fait la physique, en l'histoire fait l'histoire, comparer une nouvelle fois, et induire ce qui en la science, fait la science. Des sciences données, je parviens à la science, comme abstraction d'une abstraction, comme si elle était substance existante hors de l'homme aussi, un animal toujours comme exemple. Si je résume : induire des propriétés toujours présentes dans un objet, la forme comme cause, car ces propriétés sont accidents naturels, ou par soi, la forme comme cause de ce qui est en acte.
Cette démarche présente évidemment de nombreuses limites, qu'un scientifique serait très heureux de mettre en évidence. Mais, disposons-nous d'une meilleure démarche pour trouver la quiddité d'un objet, puis pour le nommer ? Ajoutons, que si l'on se rend compte que la définition, puis le terme ne correspondent pas à la réalité, il faut simplement retourner à ses études. Si nous établissons par exemple, par le dialogue, à défaut d'une véritable dialectique, que la vérité n'est pas une notion essentielle à la science, alors il faudra simplement conclure que je me suis trompé.
2- Je n'ai pas plus réalisé ce travail que vous. Je me suis toutefois posé la question suivante : qu'est-ce qui est commun à toutes les sciences ? Qu'est-ce qui est donc certainement propriété de l'objet "science" ? Il y a déjà : le rapport d'un sage, qu'aujourd'hui, on préfère nommer scientifique, à un objet donné à connaître, ou un ensemble d'objets donnés à connaître si vous préférez ; il y a aussi pour le "scientifique" la volonté de rendre compte de ce qui est. J'ai appelé ce rapport : vérité. Deux notions sont essentielles dans mon propos, l'une aussi mystérieuse que l'autre : vérité, et être.
Je ne suis pas allé plus loin, très loin même si vous voulez. Je n'ai pas trouvé de définition, la quiddité, c'est-à-dire, un énoncé qui rend compte le plus possible de la réalité suivante : l'essence de l'objet. Je sais affirmer, qu'il est question de vérité, si l'on parle de science, que ce sera un élément de ma définition. Je ne sais dire plus. La science est - elle discours vrai ? opinion vraie ? définition vraie ? Je ne sais pas.
Je sais cependant aussi que si l'on nomme vérité, un énoncé qui correspond à la réalité, on nomme au contraire erreur, un énoncé dans la mesure où il ne correspond pas à la réalité. J'ai deux notions complémentaire : vérité/erreur. Ainsi la question essentielle, selon moi, pour rendre compte du progrès, un changement possible, dans certaines sciences, dont il était question dans la définition du hardi, se résume à : dans quelle mesure telle science était vérité jadis ? dans quelle mesure est-elle vérité aujourd'hui ?
Vous remarquerez que lorsque vous quittez vos exemples particuliers, qui ne sont que le point départ de notre réflexion pour répondre à notre question, vous en arrivez à certaines questions que j'ai posées : vous dites par exemple, la science, comme activité. J'ai usé du terme art. J'ai posé la question suivante : la fin de la science, et ses résultats, selon si on a une démarche pratique, ou contemplative ? J'en arrivais à cette question par la suivante : l'évaluation de notre science ou connaissance ? Les deux sont liées.
3- Qu'est-ce qui dans la théorie que vous produisez est relatif à l'opinion ? qu'est-ce qui est relatif à ce que vous savez ? Les résultats que vous admettez des autres sciences sont par exemple relatifs à l'opinion. Au mieux, ils sont jugement porté sur une expérience donnée, la vie du sage en question. En réalité, la plupart du temps, ils ne sont que préjugés : ce qui est admis communément dans la société donnée dans laquelle vit le sage en question : votre recours incessant à l'opinion majoritaire, ou ce qui fait consensus. Vous oubliez alors la question suivante : Est-elle vraie ? pourquoi cette opinion fait consensus ? comment elle est acquise par les hommes ? Est-elle acquise par l'instruction, ou par l'éducation ? Bonne ou mauvaise opinion : la qualité de l'opinion en question ?
Même dans le cas où dans votre théorie, vos raisonnements sont valides, parce qu'ils sont cohérents, ils ne sont pas nécessairement vrais. On parle de deux choses différentes : juger le raisonnement en lui-même d'un côté ; et juger de l'autre de la correspondance d'un énoncé avec la réalité. Par exemple, un syllogisme peut être tout à fait cohérent, il n'en résulte pas qu'il est vrai. D'un côté on juge simplement de la cohérence de la conclusion par rapport à la majeure et la mineure ; de l'autre, de savoir si la majeure, et la mineure sont conformes à la réalité.
En fait, la cohérence n'est que moyen d'en arriver au vrai. Si le raisonnement est valide, il peut être vrai. Il y a deux choses à ordonner : le raisonnement comme opération de l'intelligence chez l'homme et ses règles, et la réalité dont il doit rendre compte à l'aide de cette opération. Il faut lier la question à, ce que le savant croit vrai, et ce que le savant sait vrai, et même lorsqu'il le sait vrai, ne pas oublier qu'il peut être sujet à l'erreur.
4- Pour nier mon propos, il suffit de nier la notion vérité, se faire sceptique, en arguant que la métaphysique parvient difficilement à plus qu'une opinion. Elle sait poser des questions, parfois en arriver à quelques résultats, mais dans l'ensemble elle est confuse. On pense reconnaître comme réalité que la vérité est l'idée présente en l'intelligence de l'homme qui lui permet de lire l'être, lorsqu'il interprète une réalité donnée : le croit-on, ou le sait-on ? Si le sceptique est cohérent, de la négation de l'existence de la vérité, il en vient à la négation de la science ou connaissance, raison pour laquelle, les sceptiques combattent tous les dogmatiques, qui pour eux se nourrissent d'illusions.
Si j'en viens au "sophiste" - philodoxe aurait été plus judicieux- maintenant, objet de mon premier propos sur le fil, il n'est pas un sceptique cohérent, car il nie la vérité, mais entend enseigner ce qu'il sait. Il est un homme qui tient du sceptique, tout en faisant des opinions qu'il enseigne des dogmes. Qu'enseigne-t-il ? Les opinions qui ont cours dans sa société. Il apprend aux jeunes, à paraître savant, en se faisant les défenseurs de toutes les opinions reçues de sa société. Dans le but de convaincre, ou de gagner, il enseigne aussi l'art de la dispute et la rhétorique, comme des moyens, qu'il mesure à leur efficacité : l'effet produit sur autrui, comme réalité donnée, un critère qui même si déficient, le conduit à développer une certaine science.