filochard
Ta vision de la famille préhistorique, en l’occurrence et plus précisément du Paléolithique, est une image d’Épinal du 19° siècle, datant des balbutiements de l’archéologie et de la compréhension des théories de l’évolution des espèces.
Si l’on te suit, la vie de la famille préhistorique était une vie quasi pavillonnaire d’aujourd’hui. Papa partait à la chasse pendant que maman balayait la grotte et y gardait les enfants. Vision adorable si cela est de l’initiation à l’Histoire à l’intention des grands élèves de maternelle. Mais pas sérieux sur le plan archéologique et ethnographique, et très éloigné de ce que nous savons des réalités.
D’abord, pourquoi 150 000 ans ? En dehors des conséquences locales des avancées et reculs des glaciations, la seule véritable différence dans la manière de vivre de nos ancêtres a été l’arrivée du Néolithique. Il y a seulement environ 12 000 ans. La femme d’il y a 15 000 ans et celle d’il y a 150 000 ans vivaient de la même manière. Seuls les process de taille des pierres étaient différents. Mais pratiquement même pas les habitats.
En outre, cette répartition « moderne » due tu évoques, des tâches entre l’homme et la femme n‘existait pas. Cela fait déjà quelques décennies que l’on a « redécouvert » quelques vérités élémentaires. Par exemple :
Dire que la femme porte durant neuf mois est enfoncer une porte ouverte. Mais rappeler les phénomènes générés par la lactation ne l’est pas. Au Paléolithique, les laboratoires pharmaceutiques n’avaient pas encore eu l’idée de fabriquer les « laits maternisés » pour les mères faisant le choix de ne pas allaiter leur rejeton. Mais il se trouve que le système digestif des bébés a besoin de deux ans et demi au minimum, le plus souvent trois ans, pour parvenir à digérer les autres mets que le lait maternel.
La femme se trouvait donc dans l’obligation de continuer d’allaiter son bébé jusqu’à son sevrage, si elle voulait que le bébé survive. Mais …
Mais une femme qui après accouchement a eu son « retour de couches », donc le retour de ses menstruations et de ses ovulations, peut se retrouver aussitôt enceinte de nouveau. Il n’est pas exceptionnel qu’une femme ait deux enfants successifs durant la même année. L’un au début de l’année, l’autre avant Noël.
Le problème étant que si elle est de nouveau enceinte, son organisme se consacre à la nouvelle gestation et stoppe la production de lait. Et une femme des temps préhistorique qui se serait retrouvée de nouveau enceinte durant les trois premières années suivant l’accouchement précédent, verrait automatiquement son bébé de moins de trois ans mourir de faim, ne pouvant digérer les autres nourritures que le lait maternel. Le sevrage n’étant possible que vers trois ans.
Si le couple et ses enfants vivaient ensemble dans leur grotte, même en couple, bien que la notion de couple n’existait pas encore, et à fortiori au milieu des autres membres du clan, la femme serait devenue systématiquement de nouveau enceinte durant la période d’allaitement. Et aurait perdu son bébé.
La connaissance des lois de l’ovulation et de la fécondation des ovules était plus que réduites au Paléolithique. Les mâles du clan et les femmes de ce clan qui auraient vécu ensemble, se retrouvant autour du feu de camp le soir à la veillée, ou dans la grotte, ou dans les taillis pendant la journée, il n’était pas possible à une femme de rester trois ans sans coïts.
D’une part parce que ses propres pulsions sexuelles, ainsi que celles des hommes qu’elle croiserait, pousseraient les deux sexes à se mélanger automatiquement. Et si la dame n’était pas empapaoutée à la première rencontre, ni aux cinq ou dix suivantes, il est évident qu’elle le serait au bout d’un an ou deux. Et perdrait son bébé à l’allaitement. L’espèce humaine n’aurait pas survécu. Nous ne serions pas là pour en parler.
D’autre part parce que la simple proximité d’une dame suffit pour l’homme à éveiller ses pulsions sexuelles et à l’inciter à aller se masturber le gland à l’intérieur du vagin de la gigolette. Qui n’y verra aucun inconvénient. Revoir la célèbre chanson du Grand Jacques : « Au suivant ! ».
C’est ce salopard de serpent qui a expliqué la méthode à Adam et Ève, au Jardin d’Eden, et depuis, eux et leurs descendants n’ont plus arrêté. D’autant plus simple qu’à l’époque, Adam n’avait même pas besoin de dire à Ève : « enlève ta culotte de peau de tigre des cavernes», puisque Marie de Médicis n’avait pas encore inventé la culotte de femme. Le mélange des organes génitaux de genres différents est la seule finalité de la vie, et la nature a créé les sexes différenciés pour parvenir à ce résultat. C’est ce phénomène qu’a parfaitement illustré Jean-Jacques Annaud dans son film exceptionnel « La Guerre du feu ». L’Homme des Cavernes qui se promène au bord du ruisseau voit une femme agenouillée vers l’eau, et qui lave quelque chose dans l’eau. Aussi sec le marlou profitant de la position de la gigolette, s’agenouille derrière, écarte son cache-mirabelle, et lui joue le grand classique des opérettes : « La flûte enchantée », dans le final de « la Fille de Madame Angot ».
Quelques parents de jeunes enfants ont dû avoir la surprise indignée de leur vie, en accompagnant leurs mouflets au cinéma pour voir « La Guerre du feu ». Ils ne s’attendaient certes pas à cela, à cette époque. Éducation sexuelle plus explicite que celle de l’école.
Mais il ressort de cela que les hommes et les femmes des temps Paléolithiques ne pouvaient pas vivre ensemble durant une bonne partie de leur existence. Comme d’autres mammifères. Les femelles éléphants vivent entre elles, avec les « enfants » jeunes. Elles ne rencontrent les mâles que pendant les périodes de chaleurs de femelles. Ou alors les femelles en chaleur s’écartent du troupeau au moment de l’ovulation et ne rejoignent le troupeau des éléphantes et des jeunes qu’après avoir été fécondées. Technique habituelle des félins et des canidés.
La thèse la plus vraisemblable, celle qui recueille le maximum d’accords des spécialistes parce que c’est matériellement la seule possible, est que chez les hordes du Paléolithique, les femmes qui venaient d’accoucher vivaient entre elles, avec celles dont les bébés n’étaient pas encore sevrés, et avec leurs très jeunes enfants. Elles rejoignaient la vie quotidienne de la horde seulement lorsque leur bébé avaient été sevrés.
Certains ethnologues y voient l’une des raisons de la différence de gabarit entre les hommes et les femmes. Les hommes avaient un régime plus riche en protéines animales, se livrant intensivement aux activités de chasse. Alors que les femmes avaient un régime quasiment végétarien durant ces périodes, mangeant surtout des racines, des fruits, et seulement des viandes de très petits animaux faciles à attraper, escargots ou coquillages par exemple.
C’est de là que viendrait ce que l’on retrouve encore dans les peuples primitifs, « le bâton à fouir », en possession pratiquement de chaque femme, et lui permettant de déterrer les racines. Rite que les hommes de pouvoir ont « emprunté » plus tard aux femmes, en en faisant le bâton de commandement, le stick, ou même le sceptre, tous symboles de pouvoir.
Mais la répartition des tâches ménagères entre hommes et femmes, n’a pu intervenir que lorsque les individus se sont stabilisés quant à leur emplacement de vie. Qu’ils ont abandonné la vie des chasseurs-cueilleurs qui imposait des déplacements permanents des hordes. Lorsqu’ils ont « inventé » les « maisons », la vie en villages, la propriété de la terre et la vie « de couple » ou plus exactement la filiation reconnue. Et le rite consécutif qui deviendra le mariage. C’est-à-dire au Néolithique. Il y a seulement une douzaine de milliers d’années.