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Il existe un évènement de la Révolution que j'aimerais partager avec vous car il est un bon exemple du sort que faisait des citoyens français, le Comité de sûreté générale sous la coupe de Robespierre. Un Comité qui condamnait à la mort sans que la culpabilité ait été formellement établie. Je veux parler de Cécile Renault dont le procès eut un grand retentissement en 1794.
Cécile Renault était une jeune femme de 20 ans qui vivait à Paris sous le toit familial. Le 23 mai 1794, elle quitta la maison paternelle avec un paquet de vêtements destinés à sa couturière qui demeurait dans l’ile Saint-Louis. Quelques heures plus tard d’après les assertions du Comité, elle se serait présentée rue Saint-Honoré qui était le domicile de Robespierre où elle fut arrêtée dans la cour. Aux dires du Comité, elle serait passée aux aveux, déclarant s’être rendue chez Robespierre pour << voir comment était fait un tyran >>. Elle aurait ajoutée qu’il était un tyran qui opprimait la France. Elle dit qu’elle ne voulait faire de mal à personne et il résulta de cette interrogation absolument aucune preuve d’une volonté d’assassinat. Elle n’en fut pas moins condamnée à la guillotine, comme << coupable >> et convaincue d’un crime que l’on ne pouvait pas prouver. Mais comble d’horreur, ce ne fut pas tout car tous les parents de Cécile furent aussi guillotinés comme << complices >> pour un crime imaginaire. Un total de soixante personnes qui, pour la plupart n’avaient jamais vu Cécile Renault furent encore condamnés à mort et exécutés sur décision du Comité comme << conspirateurs >> dans la même affaire. Tous ces pauvres bougres furent assassinés sous le prétexte d’avoir voulu attenter aux jours de Robespierre.
Ce procès scandaleux qui était l’aboutissement d’un montage politico-policier, avait pour but de faire croire à l’existence d’une conspiration royaliste contre le tyran. Le Comité de sûreté générale monta de toute pièce cette affaire. Au procès on n’entendit jamais les accusés et nous savons aujourd’hui que les pièces versés au dossier des accusés, sont un tissu de contradictions et d’aveux arrachés aux victimes. Le nombre impressionnant de fausses déclarations et de dénonciations fantaisistes est à peine croyable. Le dossier contient des procès-verbaux d’interrogatoire falsifiés et des procès-verbaux d’agents de complaisance subalternes du Comité, sans compter les dénonciations anonymes. Huit charrettes se mirent en route vers l’échafaud qui se trouvait Place du Trône. Qui pourra jamais décrier l’horreur des derniers instants de tous ces pauvres gens ? On peut à peine imaginer les pleurs de désespoir et les adieux mutuels. Les appels de l’un à l’autre à crever le coeur. Cécile monta les marches de l’échafaud et se tint debout un instant, puis, elle bascula sur la planche alors que la guillotine était inondée de sang. Le couteau tomba. Le sang des innocents ruisselait des planches. Tous ces pauvres gens furent donc guillotinés puis jetés dans une fosse commune, au cimetière de Picpus à Paris. Robespierre ne fut pas étranger à cette hécatombe.
A cette époque, les prétendus assassinats résultant par la mort des suspects souvent innocents, étaient chose courante. Il suffisait de manifester une opinion contraire à celle de Robespierre pour être traité en ennemi de la France. Cécile Renault fut guillotinée le 17 juin 1794, Robespierre sera lui-même guillotiné un mois plus tard par les siens, non moins féroces que lui.