chevalier-du-temple J'ai lu récemment un message perdu dans la masse, de notre ami forumeur courtial et avec stupeur je dois dire, car il affirmait que Robespierre défendait la religion. Voici ma réponse.
Une réponse faite sans me citer ni se référer à mon propos explicite. Pratique de journaleux. J'ai dit que Robespierre s'est opposé à la déchristianisation, phénomène entièrement indépendant de sa politique (et de sa volonté) et qu'il perçoit comme une évolution dangereuse. Ce n'est certainement pas ses élucubrations mystiques qui rendent compte du fait de cette déchristianisation. Le peuple super attaché à ses Eglises, à ses Calvaires, c'est très joli mais pas conforme à la réalité effective. Dès 1789, et ça va s'accélérer après, il y a dans toutes les régions de France, "Vendée" comprise, des incidents graves. Les lieux sont attaqués, les prêtres agressés, les églises pillées, on s'en prend à des couvents dont les bonnes soeurs se font violer, etc.
C'est une des choses qui continuent de me surprendre et même de me fasciner : la vitesse du phénomène. Mais je me dis que c'est l'effet de la folie de cette époque, où tout arrivait très vite.
Au plan théorique et intellectuel, Robespierre est perclus de religiosité. On a parlé de ses études à Louis-le-Grand, qui n'était pas la khâgne - ceci avec Napoléon - , mais quand même un lycée prestigieux à l'époque. Mais catho, hein, pas le réservoir de gauchiss que c'est devenu.
Au plan philosophique, Robespierre est un lecteur de Montesquieu et de Rousseau. Cela implique que pour lui, la société ne peut pas fonctionner sans religion. Même Rousseau, plutôt immanentiste (la société est son propre fondement, ne trouve son fondement qu'en elle-même, disons), considère qu'on ne pourra pas se passer de religion. Voir le chapitre de la fin du Contrat social sur "la religion civile".
Je continue de recommander qu'on lise ce que Robespierre a effectivement déclaré, au lieu de lui reprocher des fautes imaginaires. Je reconnais que la lecture de ses interventions est très chiante, mais je suis frappé par le fait que personne ne le cite. Je l'ai fait, je le refais de mémoire.
"Non, Hébert ! Non, Fouché ! La mort n'est pas un repos éternel. Citoyens, effacez des tombeaux cette maxime impie. Gravez-y plutôt : la mort est le commencement de l'immortalité !"
Cité de mémoire. C'est le discours du 8 thermidor an 2, dit "Discours du Testament"(1) Appelé comme cela parce qu'il commence ainsi :
Citoyens ! J'ai promis d'adresser un testament redoutable. Aux oppresseurs du peuple, etc. Je leur lègue la vérité terrible, et la mort.
Ce qui ne semble pas discutable, mais bien établi, c'est que ce bon vieux Roby avait un pet au casque. C'est-à-dire qu'on a cru que l'Etre suprême, qui devait tenir lieu de Dieu, ne se différenciait pas assez clairement de sa propre personne. Il y avait une confusion et il n'était pas capable de s'en dépêtrer.
(1) Ce n'est pas le seul discours où il annonce sa mort. Il sait très bien comment cela va se finir pour lui. Cela ne le choque pas plus que la mort de Danton ou de Desmoulins. D'où son absence de révolte le 9 thermidor, ainsi que ses amis Couthon et Saint-Just, et son propre frère, qui a préféré mourir avec lui. Comportement de parano, à l'évidence, mais ce n'est pas parce qu'on est parano qu'on n'est pas persécuté. Et surtout, pour en revenir à ma question initiale (qui était-il ? ), ce n'est pas un comportement habituel chez un dictateur totalitaire que d'orchestrer sa propre mort.
A chevalier : il n'y a aucune date, aucun fait précis, aucun texte, aucune analyse dans vos affirmations. Faut juste vous croire sur parole. L'autorité de la Parole, ça va bien pour celle de Dieu, mais pas la vôtre.