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Peu importe ce que Sarkozy pensait, c'est le message qu'il a voulu envoyer par ce slogan qui compte : une réponse au ras-le-bol qu'il soit impossible de réformer quoi que ce soit au nom des droits de l'homme et autres fanfreluches.
L'impuissance sape la république, et celle-ci découle de la chape sacrée qui s'est abattue sur le pays. Plus généralement je crois que la plus grande part de la population en a assez des donneurs de leçon et de leurs grands principes en tous genres, ânonnés vingt fois par jour, pointant des doigts accusateurs sur tout et tout le monde, empêchant les gens de respirer.
Regardez donc le gouvernement s'attaquer aux plus vulnérables sans presque aucune réaction, ou les médias hésitants sur ce qui se passe en Equateur. Il y a quelque chose de glacial dans l'air, une attente de réponses coûte que coûte et sans faire dans le détail.
Il ne s'agit pas tant de désigner un ennemi qu'un Eux, ce qui est permanent : nous savons que nous sommes Français quand nous regardons les Allemands, les Arabes ou les Américains. Il s'agit de replacer l'emphase sur le nous, et sur l'impérieux besoin pour un peuple de ne pas être étranger dans le pays d'un autre - ce qu'on nous impose aujourd'hui.
Je n'ai pas ma place dans un pays africain et peu m'importe qu'ils chantent les louanges des droits de l'homme tous les matins à l'aube, ou hurlent l'appel à la prière depuis les minarets. Un pays africain ne sera jamais chez moi. Nous et eux, telle est la plus importante des vérités politiques.
Non seulement je nie qu'un bloc dogmatique soit nécessaire; mais j'affirme surtout qu'il a l'effet exactement opposé à celui que vous pensez ! Car lorsque le pouvoir tente d'imposer ses idées, il polarise les gens contre ses idées : proclamer, c'est antagoniser. Si Macron dit rouge, je dis bleu. Les progressistes sont en train de détruire ce qui existait, sans rien construire à la place, le patriotisme constitutionnel de Habermas est un échec.
Il est de toute façon impossible pour un pays ayant une diversité médiatique et l'accès à Internet d'avoir un consensus idéologique : nous ne sommes plus au temps de l'ORTF ou des moines copistes. Regardez le prix payé par la Chine pour y parvenir, un prix trop élevé même pour la Russie.
En revanche lorsqu'un pays est homogène et que les lois sont conformes au consensus populaire, alors les désaccords restent raisonnables et de peu de conséquence. Parce que nous nous identifions à l'autre, parce que le pouvoir est loyal, alors cette identification produit la socialisation au-delà des désaccords idéologiques.
En fait j'ajouterais même que seule une petite partie de la population se soucie vraiment de querelles intellectuelles ou religieuses. Et ceux-là voudront toujours tout changer, tout détruire, et seront périodiquement la proie de phases hystériques. Or, parce qu'ils sont au centre du pouvoir médiatico-culturel, ils constituent un virus auto-destructeur pour les républiques libérales.
Ne confondez pas la jeunesse de Sciences Po avec la jeunesse : la jeunesse actuelle est au contraire communautariste car elle a l'expérience de l'Autre, contrairement aux soixante-huitards.
De plus l'écologie gaïaiste qui a cours en Europe n'est pas une embrassade de tout le genre humain, mais au contraire un crachat au visage de celui-ci. Elle juge l'humain pêcheur et souillé, elle loue la Nature, elle prône l'appauvrissement expiatoire pour apaiser Gaïa. Bref, elle est misanthrope.
Enfin elle est surtout survivaliste : pour eux la fin est proche, et face à un danger de mort, c'est chacun pour soi et mort à tous les autres. La guerre pour les ressources est inévitable à leurs yeux, et il faut faire partie de ceux qui s'en tireront en plongeant les prolos dans la misère.