candidus C'est tout ?

Cela peut peut-être apparaître pathétique mais c'est ce que pensaient pas mal d'intellectuels en ce temps-là. Ce dont je me rappelle c'est que dans le milieu intellectuel français et espagnol, on parlait qu'en Espagne on se battait pour que tous les hommes soient libres et l'abolissement de sociétés de classe dans le monde entier. Ils pensaient que ce combat était un combat international car le putsch de 1936 s'inscrivait dans un contexte international. Au départ il s'agissait d'une révolution populaire qui a pris une allure de guerre, suivie par une guerre mondiale. Il ne faut pas perdre de vue qu'ici, nous sommes en présence d'intellectuels.

    chevalier-du-temple Cela éclaire beaucoup les événements en France de 1936 à 1939.

    Les Espagnols n'avaient pas demandé à servir de terrain d'exercice dans une confrontation mondiale entre le Bien et le Mal. Et Malraux préfigurant BHL.
    Tout parallèle avec la guerre civile d'Ukraine serait absurde.

    Dès le début de la guerre civile espagnole, ce fut une suite de tragédies où les incitations à la violence s'échangeaient de part et d'autre. Le général Queipo de Llano faisait de terrifiantes allocutions en disant que que les racailles qui résisteraient aux soldats seraient abattues comme des chiens. Dolores Ibarruri la Pasionaria, demandaient aux femmes de se battre avec des couteaux et de l'huile bouillante. Alors qu'on demandait au général Narvaez sur son lit de mort s'il pardonnait pardonnait à ses ennemis, il répondit : << Je n'ai pas d'ennemis, je les ai fait tous fusiller. >> Des prêtres ont béni les pires fusillades et les foules ont poursuivi les religieux jusque dans leurs tombes. Ce fut le heurt terrible d'une religion et d'une autre anti-religion.

    En Espagne, à cette époque, règnait une misère écrasante dans les classes laborieuses. Les travailleurs ruraux gagnaient juste de quoi ne pas mourir de faim. La misère justifiait souvent la violence. Les pauvres dans leur grande majorité étaient du côté des républicains. Mais sur une simple dénonciation, des gens modestes étaient aussi bien victimes des rouges que des franquistes. Les républicains tuaient des gens pour la seule raison qu'ils allaient à la messe et communiaient le dimanche. Des deux côtés les atrocités n'épargnaient personne. Des vieillards, des femmes et des enfants jonchaient les rues de leurs cadavres, les balles ne faisant pas de distinction entre eux et les combattants.

    Les actes de cruauté commis par les insurgés ne furent pas moins nombreux. Les soldats marocains du général Queipo de Llano passaient tous les hommes qu'ils trouvaient au fil de l'épée après les avoir castrés. Dans les villes et les villages contrôlés par les républicains, les exécutions se multipliaient. A Pozoblanco 170 gardes civils qui s'étaient rendus, furent massacrés par les anarchistes sur la place du village. Et quand les nationalistes prenait une ville, ils exerçaient immédiatement une impitoyable répression. A Badajoz 1800 républicains furent exécutés sommairement. A Malaga en 1936, on fusillait les suspects sans jugement aucun, matin et soir. Tout était lieu de mort.

    Nombreux sont les exemples de cruauté et de la folie des hommes en colère. Après la prise de Tolède, les soldats franquistes envahissent l'hôpital et achèvent au couteau tous les blessés rouges. Au nom de la foi, de l'athéisme, du nationalisme ou de la République, on tue, on pille et on brûle. Je me rappelle d'une journaliste française du nom de Renée Laffont, qui décrit ce qu'elle avait vu à Madrid : des arrestations suivies d'exécutions non loin de là. Du côté républicain comme du côte franquiste, c'était le même mépris de la vie humaine. Seule comptait la passion effrénée et chacun était certain que la cause qu'il défendait était la vraie. Dans les deux camps on massacrait les prisonniers à outrance, soit par plaisir sadique, soit par vengeance, soit par volonté d'extirper l'hérésie.

    Parmi les figures mythiques de la guerre civile espagnole, on peut souligner celle de Buenaventura Durruti.

    A Barcelone, Durruti était un militant influent à l’intérieur de deux des plus grandes organisations anarchistes d’Espagne à cette époque : la Confederación nacional del trabajo (Confédération nationale du travail, CNT) et la Federación anarquista ibérica (Fédération anarchiste ibérique, FAI).

    C’est dans ce cadre qu’il participa à l’organisation de la riposte ouvrière au coup d’État fasciste du 19 juillet 1936, au cours de laquelle les milices de la CNT, à Barcelone, s’assurèrent de la victoire contre les militaires peine d’assurer. À ce moment, le pouvoir réel, dans les zones de l’Espagne qui avaient échappé à la griffe des militaires, était aux mains du peuple en armes. Moment crucial où tout était possible, car dans la foulée de sa victoire contre l’armée, le prolétariat industriel et agricole commençait à s’emparer des terres et des lieux de travail, esquissant ainsi une nouvelle organisation de la production.

    Le 24 juillet 1936, Durruti quitte Barcelone avec 3 000 militants et militantes anarchistes (la Colonne Durruti), dont les combats vont permettre de libérer la province espagnole d’Aragon. L’offensive des militaires contre Madrid, en octobre-novembre 1936, amène la Colonne Durruti à intervenir dans les secteurs les plus menacés de la capitale. C’est là, le 19 novembre, que Durruti tombe au combat dans des circonstances assez mystérieuses, meurtre ou accident Durruti, a beaucoup contribué à ce formidable élan libertaire qui embrasa l'Espagne.

    https://www.cinearchives.org/catalogue-d-exploitation-colonne-durruti-la-494-95-0-1.html?ref=cee1a45d10d48d66da9eafe1badb53eb

      candidus Qu'est-ce que vous racontez -là candidus, je raconte l'histoire de l'implication de la France dans la guerre civile espagnole et vous me traitez de propagandiste anarchiste ? Qu'est-ce qui ne va pas avec vous ? Moi je vous suggère de ne pas interférer dans le développement de mon topic. Vous me décevez, c'est le moins qu'on puisse dire. Faut-il vous rappeler, encore, que je ne suis pas un homme de gauche ?

        chevalier-du-temple Je n'ai pas vu en quoi les aventures de Buenaventura Durruti pouvaient relever de l'histoire du christianisme en France.
        Contester la façon élogieuse (*) dont vous les relatez serait du HS.

        (*)"griffe des militaires", "peuple en armes", "libérer la province",
        "secteurs les plus menacés", "formidable élan libertaire"
        .
        Non mais c'est abuser.

          candidus Vous n'auriez pas été un commissaire politique dans votre autre vie par hasard ? Je n'ai aucune sympathie pour l'anarchiste Durruti ou pour la dictature sanglante de Franco. Dans un sens Durruti intéresse l'histoire du christianisme moderne dans la mesure où il massacrait les chrétiens catholiques espagnols. Il a fait fusiller un gamin de 15 ans, pour la seule raison qu'il avait une image de la Vierge Marie dans sa poche de pantalon. Il se trouve que je suis un chrétien, comment pouvez-vous insinuer que je ferais de la propagande anarchiste ? Je n'ai aucune intention de faire l'éloge de ce genre de salopard, je ne fais qu'expliquer certains aspects de l'histoire. Excusez-moi mais votre réaction injustifiée ressemble de beaucoup à une réaction bolchevique qui m'est très familière.

            Dans mon topic nous avons tous le droit de nous exprimer librement et en ce qui me concerne, j'ai le droit d'avoir ma propre opinion, même si elle déplaît à certains, et de la défendre.

            Parmi les intellectuels français de ce temps, trois personnages attirent mon attention : Simone Weil ( A ne pas confondre avec Simone Veil), Antoine de Saint-Exupéry et Georges Bernanos. Tous trois ont sejourné en Espagne au cours de la guerre civile.

            Simone Weil était syndicaliste et enseignante de philosophie agrégée à l'âge de 22 ans. Albert Camus a dit d'elle, qu'elle était le seul grand esprit de notre temps. Cette jeune intellectuelle française d'origine juive convertie au catholicisme, a décidé de franchir le pas et de passer en Espagne en 1936 et se battre avec les républicains. Elle nous a laissé un témoignage très intéressant des évènements. Elle s'est engagée dans la colonne anarchiste de Durruti, composée d'étrangers italiens et français. Il existe une correspondance entre Simone Weil et Georges Bernanos intéressante pour les historiens. Nous savons d'après cette correspondance qu'elle a été le témoin d'atrocités et d'exactions diverses. Elle a réalisé que la gauche espagnole était trop divisée pour l'emporter et écrit à Bernanos combien elle était choquée par la barbarie de cette guerre, les exécutions sommaires et une atmosphère imprégnée de sang. Elle parle aussi de l'immense foutoir des alliances de la guerre pendant cette guerre.

            Antoine de Saint-Exupéry est l'auteur de grands reportages sur l'Espagne sanglante. Correspondant spécial de Paris-Soir, il assiste à Madrid aux atrocités de la guerre civile. Il ne prend pas parti car il n'est pas engagé dans le débat politique. Il écrit sur ce qu'il voit et il est choqué par les sacrifices humains : << On fusille ici comme on déboise >>. Il remarque aussi l'héroïsme de part et d'autre, il écrit sur les dégâts et les morts. Il est lui aussi le témoin d'arrestations de gens que l'on fusille un peu plus loin, sur le champ et sans jugement. Il traverse des villages où les habitants ont été fusillés sans le moindre simulacre de jugement. Ses reportages sont significatifs de l'affrontement et de l'horreur qui régnaient en Espagne.

            Quand éclate la guerre d'Espagne, Georges Bernanos se trouve à Majorque avec sa famille. Au début il se montre favorable au parti franquiste mais il lui devient rapidement hostile. Il dénonce les effroyables exécutions par les pieux militaires de Franco, lesquelles sont bénies par des Machiavels en soutane. Il écrit qu'en pleine nuit on tirait de leurs lits des pauvres bougres jugés suspects, que l'on amenait par fournées au cimetière pour les abattre d'une balle dans la tête et brûlait en tas un peu plus loin. L'archevêque de service avait délégué des prêtres qui, les souliers dans le sang, distribuaient des absolutions entre deux décharges. Ce genre de massacres de misérables populations sans défense, ne tirait pas un mot de blâme, ni même la plus inoffensive réserve des autorités ecclésiastiques, qui se contentaient d'organiser des processions d'actions de grâces. L'opinion catholique unanime n'était pas avec ces gens-là.

            Georges Bernanos explique ce grand charnier qu'était l'Espagne en 1938. Il a d'abord comme beaucoup de chrétiens, admiré le soulèvement franquiste à cause des religieux qui étaient systématiquement massacrés par les républicains, mais il n'a pas tardé à déchanter devant la barbarie généralisée et l'attitude complice du clergé espagnole.

            Les massacres de religieux ont nui à la cause républicaine. les meurtres connus exécutés par l'Espagne républicaine s'élèvent à 85 940. Pour certains historiens il s'agit certainement d'une sous-estimation. Parmi ces pauvres bougres on a compté et identifie les cadavres de7 937 religieux, 12 évêques, 283 religieuses, 5 255 prêtres, 2 492 moines et 249 novices. L'énoncé de ces chiffres est hallucinant.

            A Barcelone, des carmélites furent arrachées par les anarchistes à leur tombe et exposées, cercueils ouverts, sur le parvis d'une église. On massacre les religeux et religieuses pour ce qu'ils représentent. Pourquoi cette haine implacanle des rouges pour les membres du clergé ? Ils estiment que le clergé soutient la droite et que l'Eglise reste la fidèle amie de la bourgeoisie et du régime nationaliste. Les représailles abominables commises envers les prêtres qui avaient passé toute une vie à se dévouer pour les autres, provoqua un sentiment d'horreur dans le monde entier.

            Les uns tuaient parce qu'ils portaient un héritage de haine et de révolte. D'autres par plaisir. les communistes par nécessité politique et les anarchistes par une sorte de mysticisme malsain. Chez les nationalistes, la justice est tout aussi expéditive. Les francs-maçons, les membres des partis de gauche, ceux des syndicats, sont arrêtés et fusillés sans état d'âme. Le sang continuera de couler après la fin de la guerre. En 1939, Franco passe un décret visant toutes les personnes coupables d'activités subversives depuis octobre 1934 jusqu'à juillet 1936, ainsi que celles qui avaient fait preuve d'opposition au gouvernement nationaliste en fait ou passivement. La réponse franquiste sera impitoyable !

              candidus H.S. peut-être pour vous mais pas pour moi car nous sommes toujours dans l'implication de la France et des Français dans la guerre civile espagnole. Ouvrir un topic essentiellement sur la Guerre d'Espagne, ce n'est plus l'Histoire de France. Ce qui m'intéresse surtout, c'est de traiter de sujets en relation avec notre Histoire, personnages historiques, évènements et même l'histoire de notre littérature et ses faits essentiels, laquelle est passionnante. C'est un vaste champ de savoir que j'aimerais aborder. Si quelqu'un a un thème préféré qu'il me le fasse savoir, je serai heureux d'y répondre dans la mesure du possible.

              Parmi les personnalités françaises qui ont combattu en Espagne. on peut citer le colonel Henri Rol-Tanguy la figure de la Résistance et de la libération de Paris, qui fut le commissaire politique de la XIVème Brigade internationale "La Marseillaise". Le bataillon "Commune de Paris" doyen de la XIVème, était composé de français, de belges et de luxembourgeois.

              La France a donc eu un rôle dans la guerre civile espagnole. Lorsque le Front populaire de Manuel Azana qui était au pouvoir est menacé, Léon Blum ne pense qu'à aider le gouvernement légitime d'Espagne. Mais, il est forcé de rester neutre pour les raisons expliquées précédemment.

              En France, les débats sont houleux, Prévert et Aragon soutiennent la République espagnole tandis que Maurras soutient Franco contre le péril rouge. La gauche est déchirée autour de la non-intervention. Mauriac qui, au départ était en faveur du franquisme, commence à le critiquer après l'évènement de Guernica. Bernanos est choqué par la terreur blanche. Des personalités françaises vont s'illustrer en Espagne. Malraux va combattre en Espagne du côté républicain, grâce aux quelques avions que lui donne Pierre Cot le ministre de l'Air. Les Français ont vécu cette guerre avec passion et parfois même physiquement.

                keskikoa La France a certainement cherchée a tenir un rôle , tant il est vrai qu'il faut toujours qu'elle se mêle de tout et surtout de ce qui ne la regarde pas.

                Que voulez-vous les Français sont des passionnés de la politique. Vous en connaissez beaucoup des pays avec autant de partis politiques que la France ?

                La guerre civile espagnole a suscité énormément d'intérêt en France et parmi les Francais à l'époque du Front populaire. L'atmosphère politique était plutôt chaude dans notre pays, avec des clameurs incendiaires communistes et anarchistes qui appelait à la revanche des opprimés. On parlait du front des peuples et d'un gouvernement ouvrier et du soutien du Front populaire espagnol.

                En Espagne aux Cortes, des députés d'extrême-gauche lançaient des cris de guerre et demandaient la formation d'une armée rouge. De leur côté, les généraux parlait de la Patrie en danger, on parlait de la levée des phalangistes soldats de la troisième voie, en lutte contre le capitalisme libéral asservissant et le socialisme matérialiste apatride et le déploiement des légions africaines qui ne demandaient qu'à tuer du rouge. Une bataille à mort allait s'engager, qui sanctionnerait la faillite de la République bourgeoise.

                Dans cette tragédie espagnole sans précédent allaient se projeter les passions et les rancunes. Ce fut un affrontement impitoyable entre deux Espagnes rivalisant de haine et de cruauté, qui n'avait d'issue que dans le triomphe de l'une et de la mise à mort de l'autre. C'était l'époque de l'internationalisme des idées et des antagonismes, de la discorde des gauches écartelées entre le gauchisme anarchiste et le communisme dogmatique. Les droites étaient inquiétes et tiraillées entre les tenants de l'ordre, ceux de l'association capital-travail, du capitalisme libéral et ceux du conservatisme progressiste, mais unies en temps de crise par le souci de l'ordre, la crainte du vide et la peur du communisme.