candidus C'était l'époque des grandes passions politiques et la guerre civile espagnole symbolisait pour beaucoup l'importance de l'idéologie planétaire. La proportion de communistes chez les volontaires Français se situait entre 40 et 50 %. Tous ces hommes et quelques femmes vont se retrouver dans une immense arène où se livrera une longue et cruelle corrida.

    chevalier-du-temple Que n'allaient-ils combattre le socialisme allemand ?
    Ha oui, les valeureux socialistes n'allaient pas combattre des socialistes.
    La plus grande faillite morale du XXème siècle et la faute de la France est inqualifiable.

      candidus Car c'est bien la France qui a fauté. Pas seulement les allumés que vous citez.

      • [supprimé]

      chevalier-du-temple Il y eut une dichotomie certaine entre l'attitude du PCF et des autres gauchistes français et internationaux, et les gouvernements. Le gouvernement français y compris celui du Front Populaire détestait l'URSS, Staline et les bolcheviks de la terre entière sans oublier les anarchistes de la CNT et les trotskystes du POUM et ne fit rien pour empêcher Franco de l'emporter. Livraisons d'armement, de vivres, de médicaments et d'argent très discrètement pour soutenir Franco (et en bonne collaboration avec les américains et britanniques) et bonne parole pacifiste par ailleurs mais zéro soutien réel autre qu'humanitaire au clan républicain qui tomba vite sous le contrôle du Komintern et de l'URSS. Et puis à partir de 1938, Staline laissa choir les républicains car il sentait venir la 2ième Guerre Mondiale et il avait mieux à faire qu'à s'occuper des espagnols.

        [supprimé] Il y avait une discorde des gauches écartelées entre le gauchisme anarchiste, fou et destructeur, le communisme froid, dogmatique, excusif mais organisé, et le socialisme réformiste, obligé de céder aux extrêmes sous peine de végéter.

        Au début les Russes se sont montrés prudents et plus réalistes que les Français. La conjoncture politique dictait leur politique étrangère plus que l'idéologie. Moscou parlera beaucoup mais agira peu. Staline ne tenait particulièrement à une victoire communiste en Espagne qui aurait inquiété la France et l'Angleterre, risquant même de les pousser dans le camp d'Hitler. Mais pour les Russes il n'était pas question de laisser aux trostkistes, les pires adversaires, un argument supplémentaire dans leur propagande antistalinienne. A considérer également que le désordre dans cette région pourrait faire de l'Espagne le champ d'un affrontement entre l'Allemagne, la France, l'Angleterre et l'Italie, loin de leurs centres d'intérêts. La politique russe était empreinte du duplicité. La Russie n'a envoyé en Espagne républicaine que du matériel des instructeurs et des techniciens. Il existait une grande discorde entre les partis d'extrême-gauche, les gauchistes étaient divisés et nourrissaient la discorde.

        Après Munich l'Union soviétique envisagea la seule issue qui lui restait pour écarter la guerre : le rapprochement avec Hitler au détriment des démocraties. Staline voulait avoir les mains libres pour prendre toutes les dispositions qu'il jugeait nécessaire à sa propre défense, et cela exigeait d'arrêter l'engagement russe au-delà des Pyrénées et cesser l'intervention de l'armée du komintern, c'est-à-dire des Brigades internationales. Il approuva donc sans attendre, l'accord final du Comité de non-intervention sur l'évacuation des volontaires, le retraite des Brigades internationales.

        Comme décrit dans ma dernière vidéo, André Marty qui portait le titre d'inspecteur général des Brigades interntionales, avait le surnom de "boucher d'Albacete". Ernest Hemingway le dépeint comme une brute incapable. Marty faisait fusiller ses hommes à plaisir. Ces accusations furent reprises par des communistes renégats et par quelques transfuges des Brigades. Il fut le genre d'homme qui traitait certaines affaires d'une manière rapide et sommaire. Il était brutal et d'une mèfiance maladive. Tellement brutal qu'il a même conseillé de liquider André Malraux ( source : un rapport en date du 19 février 1937 en provenance des archives du komintern).

          candidus En 1936, André Malraux a décidé de se jeter à corps perdu dans le combat de la République espagnole pour combattre le franquisme. Ce fut un des grands chapitres de sa vie. Il s'est donc engagé dans les Brigades internationales. C'était un idéaliste qui pensait qu'en combattant avec les Républicains, il défendait les valeurs qu'il tenait pour universelles.

          Aidé en sous main par le gouvernement de Léon Blum, Malraux a créé une escadrille de bombardements appelée "Espana". C'est donc avec le grade de colonel qu'il a dirigé des missions de bombardements sur les troupes nationalistes de Franco. Avec sa soixantaine d'avions et ses pilotes mercenaires de toutes nationalités, il va participer à la guerre aérienne, surtout à Medellin, Teruel et Malaga.

          En 1937, André Malraux était l'invité de l'Université Colombia à New York ou il raconta sa Guerre d'Espagne. Cet évènement fut enregistré à la radio américaine.

            chevalier-du-temple C'était un idéaliste qui pensait qu'en combattant avec les Républicains, il défendait les valeurs qu'il tenait pour universelles.

            Il tenait le nazisme et le fascisme pour parfaitement fréquentables, comme beaucoup d'autres plus ou moins intellectuels.
            Mais bon sang de bonsoir dites-nous ce qui n'allait pas pour lui avec Franco ! Son côté catholique ?

              candidus Il tenait le nazisme et le fascisme pour parfaitement fréquentables, comme beaucoup d'autres plus ou moins intellectuels.

              Voila qui est surprenant candidus car lorsque Hitler prend le pouvoir en 1933, André Malraux militait contre le fascisme et le nazisme. C'était un militant antifasciste convaincu.

              candidus dites-nous ce qui n'allait pas pour lui avec Franco ! Son côté catholique ?

              Pour André Malraux, Franco représentait une menace fasciste pour l'Espagne et le monde entier. Etant donné l'aide Allemande et Italienne à Franco, Malraux voulait servir la cause espagnole par l'action directe. Il décida donc de mettre ses talents au service de la République espagnole.

                candidus Négliger l'ennemi ? Si vous faites référence aux allemands alors permettez-moi de vous dire que Malraux a rejoint la Résistance et participé dans les combats de la libération de la France. Tout d'abord en juin 1940 il était dans les tanks, fait prisonnier par les allemands. Il réussira à s'évader. Puis, il passe à la Résistance où il devient le colonel Berger, membre du réseau Nestor-Digger du SOE implanté en Dordogne. Il est arrêté par les allemands le 23 juillet 1944, subit un interrogatoire et sera libre au cours d'un transfert. Ensuite, Malraux va se retrouver à la tête de la brigade Alsace-Lorraine qui est composée de maquisards qui agissent avec la Première armée française du général de Lattre de Tassigny. La brigade s'illustre dans la bataille des Vosges et d'Alsace. Je dirais donc qu'André Malraux fut irréprochable.

                  chevalier-du-temple Négliger l'ennemi ? Si vous faites référence aux allemands alors permettez-moi de vous dire que Malraux a rejoint la Résistance et participé dans les combats de la libération de la France. Tout d'abord en juin 1940

                  Dites-voir, on parlait de 1936.
                  Un aveuglement pareil c'est pas possible.
                  Je condamne l'erreur de Malraux encore plus que celle de Blum.

                    candidus Je vous ai déjà parlé du Malraux des années trente et de ses motivations. Je réenforce mes affirmations par des preuves de son patriotisme envers la France. Malraux n'a jamais pu piffrer les nazis et autres fascistes du genre. Il appartenait à un Mouvement d'intellectuels anti-fascistes. J'aimerais aborder un autre sujet candidus car je sens que nous allons nous perdre dans des palabres inutiles et incessantes.

                    Puisque nous avons commencé à parler du rôle des intellectuels français durant la guerre civile espagnole, j'aimerais continuer sur ma lancée et traiter de l'implication de certains d'entre eux comme par exemple, Simone Weil (A ne pas confondre avec Simone Veil), Antoine de Saint-Exupéry et Georges Bernanos. Il se fait tard et cela sera pour demain.

                      chevalier-du-temple Dès ce soir, j'insiste sur l'imposture des intellectuels antifascistes de 1936 qui se sont épuisés et ont épuisé la France à contrer Franco alors qu'il ne menaçait personne.

                      Pas seulement ce pitre de Malraux, attendons les autres dont certains valaient mieux.

                        candidus Dès ce soir, j'insiste sur l'imposture des intellectuels antifascistes de 1936 qui se sont épuisés et ont épuisé la France à contrer Franco alors qu'il ne menaçait personne.

                        Je ne suis pas en faveur de ces intellectuels antifascistes de gauche mais je comprends ce qui les animaient. Ils se sont engagés au nom de l'antifascisme et de la défense des libertés. Ils ne pouvaient pas accepter la rebellion nationaliste de Franco et encore moins les exécutions de masses et les massacres.

                        Je veux bien croire qu'il s'agissait que Franco menait une Croisade contre le péril rouge et formait un rempart face au bolchevisme. Qu'il voulait empêcher que l'Espagne devienne communiste et qu'il défendait la civilisation chrétienne. Cependant, en tant que chrétien, il m'est difficile d'accepter des massacres et des exécutions commis au nom de la chrétienté. Non seulement c'est condamnable mais écoeurant et scandaleux. Rien que pour cela un chrétien devrait se désolidariser de Franco au nom des valeurs chrétiennes.

                        Franco ne menaçait personne en Europe.
                        Il a fédéré la résistance des Chrétiens espagnols (notamment) contre les exactions croissantes des révolutionnaires socialistes et anarchistes qui voulaient s'incruster par la violence dans la jeune république espagnole et que même Staline n'a pas daigné réellement aider, les considérant comme de dangereux Trotskystes.
                        Au-delà de la phrase de De Gaulle que j'ai rapportée, l'historiographie officielle française n'a pas dit son dernier mot.
                        Continuons puisque vous le souhaitez.

                        Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes dont faisait partie André Malraux, datait de 1934. Il était destiné à s'opposer au fascisme en France et en Europe. Il prônait la fermeté avec Hitler. Il avait en son sein des membres qui plus tard, collaboreront avec l'Allemagne nazie tandis que d'autres seront des figures de la Résistance et de la France libre.

                        A cette époque les passions étaient grandes et parmi les intellectuels Français, certains n'hésitaient pas à prendre les armes en faveur de la République espagnole. Ils s'engageaient au nom de l'antifascisme et de la défense des libertés de la jeune République. Mais ce qui intéressant d'étudier, c'est qu'il y avait aussi une droite intellectuelle pro-France et pro-nationaliste, dont des membres de l'Académie française.

                        Pour les intellectuels de gauche, il était nécessaire de défendre la République espagnole face à la rebellion nationaliste de Franco tandis que pour les intellectuels de droite qui déniaient la légitimité aux républicains, il était nécessaire de défendre l'Espagne contre le péril rouge et justifier le coup d'Etat nationaliste.

                        Les volontaires affluaient d'un peu partout en Espagne, et pas seulement pour aider les républicains. En effet, bien que plus rare, des nationalistes passaient aussi la frontiére espagnole afin de rejoindre le bataillon "Jeanne d'Arc" composé de quelques centaines de Français qui combattaient dans les rangs nationalistes.

                        Pour les intellectuels Français de cette époque, de droite comme de gauche, ce qui se joue en Espagne c'est l'avenir de l'humanité. Pour les uns il s'agit d'un combat entre la civilisation et l'anarchie soviétique tandis que pour les autres, c'est le socialisme versus la barbarie. On se pose beaucoup de questions et les débats vont bon train.

                        Pour des intellectuels de droite comme Bernanos, Mauriac et Maritain la question est "Peut-on vraiment se réclamer du Christ quand les prêtres bénissent les massacres commis par les nationalistes" ? Leur réponse est unanime, c'est NON !

                        Durant ces années terribles de guerre civile, la France qui vivait à l'heure espagnole, se déchirait pour l'Espagne, et ce conflit fut le théâtre d'une lutte intense pour les intellectuels Français.