Dès le début de la guerre civile espagnole, ce fut une suite de tragédies où les incitations à la violence s'échangeaient de part et d'autre. Le général Queipo de Llano faisait de terrifiantes allocutions en disant que que les racailles qui résisteraient aux soldats seraient abattues comme des chiens. Dolores Ibarruri la Pasionaria, demandaient aux femmes de se battre avec des couteaux et de l'huile bouillante. Alors qu'on demandait au général Narvaez sur son lit de mort s'il pardonnait pardonnait à ses ennemis, il répondit : << Je n'ai pas d'ennemis, je les ai fait tous fusiller. >> Des prêtres ont béni les pires fusillades et les foules ont poursuivi les religieux jusque dans leurs tombes. Ce fut le heurt terrible d'une religion et d'une autre anti-religion.
En Espagne, à cette époque, règnait une misère écrasante dans les classes laborieuses. Les travailleurs ruraux gagnaient juste de quoi ne pas mourir de faim. La misère justifiait souvent la violence. Les pauvres dans leur grande majorité étaient du côté des républicains. Mais sur une simple dénonciation, des gens modestes étaient aussi bien victimes des rouges que des franquistes. Les républicains tuaient des gens pour la seule raison qu'ils allaient à la messe et communiaient le dimanche. Des deux côtés les atrocités n'épargnaient personne. Des vieillards, des femmes et des enfants jonchaient les rues de leurs cadavres, les balles ne faisant pas de distinction entre eux et les combattants.
Les actes de cruauté commis par les insurgés ne furent pas moins nombreux. Les soldats marocains du général Queipo de Llano passaient tous les hommes qu'ils trouvaient au fil de l'épée après les avoir castrés. Dans les villes et les villages contrôlés par les républicains, les exécutions se multipliaient. A Pozoblanco 170 gardes civils qui s'étaient rendus, furent massacrés par les anarchistes sur la place du village. Et quand les nationalistes prenait une ville, ils exerçaient immédiatement une impitoyable répression. A Badajoz 1800 républicains furent exécutés sommairement. A Malaga en 1936, on fusillait les suspects sans jugement aucun, matin et soir. Tout était lieu de mort.
Nombreux sont les exemples de cruauté et de la folie des hommes en colère. Après la prise de Tolède, les soldats franquistes envahissent l'hôpital et achèvent au couteau tous les blessés rouges. Au nom de la foi, de l'athéisme, du nationalisme ou de la République, on tue, on pille et on brûle. Je me rappelle d'une journaliste française du nom de Renée Laffont, qui décrit ce qu'elle avait vu à Madrid : des arrestations suivies d'exécutions non loin de là. Du côté républicain comme du côte franquiste, c'était le même mépris de la vie humaine. Seule comptait la passion effrénée et chacun était certain que la cause qu'il défendait était la vraie. Dans les deux camps on massacrait les prisonniers à outrance, soit par plaisir sadique, soit par vengeance, soit par volonté d'extirper l'hérésie.