Dans mon topic nous avons tous le droit de nous exprimer librement et en ce qui me concerne, j'ai le droit d'avoir ma propre opinion, même si elle déplaît à certains, et de la défendre.
Parmi les intellectuels français de ce temps, trois personnages attirent mon attention : Simone Weil ( A ne pas confondre avec Simone Veil), Antoine de Saint-Exupéry et Georges Bernanos. Tous trois ont sejourné en Espagne au cours de la guerre civile.
Simone Weil était syndicaliste et enseignante de philosophie agrégée à l'âge de 22 ans. Albert Camus a dit d'elle, qu'elle était le seul grand esprit de notre temps. Cette jeune intellectuelle française d'origine juive convertie au catholicisme, a décidé de franchir le pas et de passer en Espagne en 1936 et se battre avec les républicains. Elle nous a laissé un témoignage très intéressant des évènements. Elle s'est engagée dans la colonne anarchiste de Durruti, composée d'étrangers italiens et français. Il existe une correspondance entre Simone Weil et Georges Bernanos intéressante pour les historiens. Nous savons d'après cette correspondance qu'elle a été le témoin d'atrocités et d'exactions diverses. Elle a réalisé que la gauche espagnole était trop divisée pour l'emporter et écrit à Bernanos combien elle était choquée par la barbarie de cette guerre, les exécutions sommaires et une atmosphère imprégnée de sang. Elle parle aussi de l'immense foutoir des alliances de la guerre pendant cette guerre.
Antoine de Saint-Exupéry est l'auteur de grands reportages sur l'Espagne sanglante. Correspondant spécial de Paris-Soir, il assiste à Madrid aux atrocités de la guerre civile. Il ne prend pas parti car il n'est pas engagé dans le débat politique. Il écrit sur ce qu'il voit et il est choqué par les sacrifices humains : << On fusille ici comme on déboise >>. Il remarque aussi l'héroïsme de part et d'autre, il écrit sur les dégâts et les morts. Il est lui aussi le témoin d'arrestations de gens que l'on fusille un peu plus loin, sur le champ et sans jugement. Il traverse des villages où les habitants ont été fusillés sans le moindre simulacre de jugement. Ses reportages sont significatifs de l'affrontement et de l'horreur qui régnaient en Espagne.
Quand éclate la guerre d'Espagne, Georges Bernanos se trouve à Majorque avec sa famille. Au début il se montre favorable au parti franquiste mais il lui devient rapidement hostile. Il dénonce les effroyables exécutions par les pieux militaires de Franco, lesquelles sont bénies par des Machiavels en soutane. Il écrit qu'en pleine nuit on tirait de leurs lits des pauvres bougres jugés suspects, que l'on amenait par fournées au cimetière pour les abattre d'une balle dans la tête et brûlait en tas un peu plus loin. L'archevêque de service avait délégué des prêtres qui, les souliers dans le sang, distribuaient des absolutions entre deux décharges. Ce genre de massacres de misérables populations sans défense, ne tirait pas un mot de blâme, ni même la plus inoffensive réserve des autorités ecclésiastiques, qui se contentaient d'organiser des processions d'actions de grâces. L'opinion catholique unanime n'était pas avec ces gens-là.