Nymo comment peut se mettre en place ce chantier fabuleux et que pourra t on en retirer, d'un point de vue historique et archéologique. Car les défis sont nombreux, et aussi amusant que ça puisse paraitre, on peut dire qu'il y a 8 siècles, nos aieux étaient plus habilités à batir des monuments de cette ampleur, tandis qu'aujourd'hui, on est un peu comme une poule devant un couteau "mais comment ont ils pu, au moyen âge, faire tenir un batiment pareil, avec autant de précision, autant de savoir faire, autant d'esthétique et de maitrise d'oeuvre, avec les moyens rudimentaires qu'ils possédaient à l'époque?"
Excellente question Nymo mais tu aurais pu commencer par demander pourquoi les cathédrales ? Les cathédrales représentent la concrétisation de l'immense foi qui animait les populations du Moyen-Age.
Au service de cette grande foi des Français étaient des mains habiles. Âmes ferventes, certes, mais intelligences lucides, concrètes, hommes profondément liés à un métier, à une technique; c'est parce qu'ils étaient tout cela à la fois qu'ils ont bâti ces oeuvres impérissables.
On ne les désignait pas encore par le mot savant d'architecte; on disait << maître de l'oeuvre >> ou << maître des maçons >>, ou encore, plus simplement, << maître maçon >>, et, quand les professions s'organisèrent, ce fut à la jurande des << mortelliers et tailleurs de pierre >:> qu'ils furent inscrits, tant, à cette époque, la différence entre artisan et artiste était inexistante, tant le respect du travail manuel allait de pair avec la plus haute inspiration artistique. Car il va de soi qu'au sens actuel du mot, ce n'étaient pas des ouvriers, encore moins des manants; quelques-uns possédaient une culture assez étendue, avaient pratiqué le latin. Des nombreux voyages qu'ils étaient amenés à faire, en tout cas ils tiraient des connaissances, plus empiriques que livresques. Je me rappelle de l'épitaphe de Pierre de Montereau, qui à Saint-Germain-des-Prés. était qualifié de << doctor latomorum >> ou docteur des tailleurs de pierre, un titre plein de dignité. Ces maîtres d'oeuvre et tailleurs de pierre, les deux métiers étaient souvent associés dans le même homme, l'architecte devenant sculpteur l'hiver, durant les longues heures de nuit, ces bâtisseurs des cathédrales ne sont pas pour nous des inconnus. Beaucoup ont laissé leur nom inscrit dans quelque partie de l'édifice. On a également retrouvé les noms de quelques-uns des sculpteurs. De tous ces artistes fabuleux, on a retrouvé le cahier de notes personnel de Villard de Honnecourt, un picard du Cambrésis, qui vivait au milieu du XIIIème siècle. Un cahier de notes sur lequel il inscrivait ses observations, ses idées, en les illustrant de croquis; au total, trente-trois très vieux feuillets de parchemin que conserve la Bibliothèque Nationale. On lui attribue une partie de la cathédrale de Cambrai.
La cathédrale n'est pas l'oeuvre d'ignorants. Les bâtiments d'une telle perfection n'ont pas été réalisés par hasard. On a fait appel aux sciences exactes pour calculer les tracés des voûtes,et l'on a retrouvé sur les murs de plusieurs cathédrales, des épures qui montrent que les mathématiques, la géométrie dans l'espace, la trigonométrie étaient connues; avant de s'élever en pierre, les cathédrales ont été dessinées au tire-ligne, avec l'équerre et le compas. Les croquis de l'album de Villard en font foi où les corps sont décomposés en figures géométriques, triangles, cônes, parallélépipèdes. La foi des grands maîtres d'oeuvre et tailleurs de pierre, faisait corps avec leur art, avec leur métier.