ciceron8
En quoi est-ce si gonflé ? Le port d'armes est directement lié à un autre droit fondamental cité à l'article 2 de la DDHC : la résistance à l'oppression. Même si l'on considère la DUDH, voici ce que l'on peut lire dans le préambule : Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.

Il serait intéressant de comparer les deux textes. Il est plus intelligent me semble-t-il de parler ainsi que de droit de résistance à l'oppression, qui devrait être garanti… par l'Etat contre qui l'on peut être tenté de se rebeller. A contrario, si la résistance à l'oppression ou les moyens de résistance dans un Etat tendent à disparaître, peut-être a-t-on alors un indice de tyrannie, qu'en conséquence il n'est peut-être pas si bête de l'affirmer comme droit ? Plus généralement le critère pour juger d'une société est indiquée : dans quelle mesure garantit-elle les droits fondamentaux ?

Il serait en outre assez vain de parler de droit de résistance à l'oppression, si l'on n'aborde pas la question des moyens qui permettent de renverser un "tyran"  : les armes peuvent en être un, en tant que ressources ; une formation militaire pour les citoyens, un second, en tant que compétence minimum, sans laquelle beaucoup d'entre eux n'auront qu'une utilité très limitée, en cas de révolte…

Seulement, ces moyens, qui assurent la capacité du citoyen à être soldat dans une certaine mesure, sont susceptibles de s'opposer à leur sécurité. Parmi les facteurs à considérer, notons les mœurs de la société en question, ses coutumes, et les tensions qui peuvent y exister, en raison aussi bien de différences ethniques que religieuses, ou plus simplement économiques : ils sont tous susceptibles de rendre l'application de ce droit fondamental dangereux…

Que faut-il alors décider ? Si le bien commun que l'Etat défend est la garantie des droits fondamentaux, ne doit-il pas garantir la résistance à l'oppression ? Une autre mission de l'Etat est de garantir la sécurité, dit-on ; sans doute, mais à moins de changer de bien commun, de faire de la fin de la cité : la sécurité, donc de changer de cité, comment pourrait-elle s'imposer sur le bien commun admis ? En changeant de bien commun, il reste possible de reconnaître des droits fondamentaux, mais la cité ne sera plus libérale dans la mesure où ils ne seront plus garantis, mais à la discrétion du souverain ; pas plus que dans ce cas, la cité ne sera tyrannie, si elle ne les reconnaît pas, en raison du bien commun admis, la sécurité pour reprendre notre exemple.

Terminons par un dernier constat : il y a des droits fondamentaux ou naturels, qui hier semblaient indiscutables, et qui aujourd'hui visiblement ne le sont plus ; et des droits fondamentaux, aujourd'hui revendiqués, indiscutables pour certains, qui jadis n'étaient même pas imaginés. La moindre des concessions serait de ne pas les affirmer, ou considérer comme imprescriptibles. Les libéraux devraient de surcroît faire le ménage, réexaminer ce qu'aujourd'hui ils considèrent comme tels afin de s'assurer de leur conformité avec leur philosophie, leur conception de la loi naturelle : je pense par exemple aux droits économiques ou sociaux de la DUDH ; et en limiter le nombre au risque de multiplier les conflits possibles entre les divers droits en question.


Note 1 : https://www.un.org/fr/universal-declaration-human-rights/
https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789

Que mes lecteurs prennent le temps de lire cette DUDH, adoptée en 1948 par les nations unies, qui certes n'oblige pas, mais qui proclame quand même un idéal à atteindre pour toute société, rien que cela ; qu'une société est en conséquence res publica à mesure qu'elle est en conformité avec cette déclaration, et qu'elle s'en éloigne à mesure qu'elle ne garantit pas les multiples droits dont il est question…

Note 2 : les jusnaturalistes ont été victimes de leurs succès. Le concept de droit fondamental est passé dans l'opinion ; il n'est plus vraiment question de se référer à un quelconque critère pour les déterminer. A tel point, qu'un texte par certains aspects peut s'inspirer de la tradition libérale, une école qui reprend à son compte le droit naturel, tout en concédant des droits, qui aboutiraient à la destruction de la société libérale.

Proposition de loi :

EXPOSÉ DES MOTIFS

MESDAMES, MESSIEURS,

Le 24 juin 2022, la Cour suprême des États-Unis a annulé une décision
du 22 janvier 1973 reconnaissant le droit à l’avortement au niveau de
l’ensemble des États. En conséquence, un État pourra dès aujourd’hui
interdire les interruptions volontaires de grossesse. Treize États des
États-Unis s’étaient dotés, ces dernières années, de lois rédigées pour entrer
en vigueur automatiquement en cas de changement de la jurisprudence de la
Cour suprême. Dans les heures qui ont suivi la publication de la décision,
pas moins de sept États les ont instaurées.
Avant même cette décision, seules 38 % des femmes âgées de 13 ans à
44 ans vivaient dans un État leur permettant d’avorter.
Ce retour en arrière insupportable nous force à rappeler le caractère
indispensable et inviolable du droit à l’avortement dans notre pays et dans le
monde.
D’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près d’un
avortement sur deux était à risque entre 2010 et 2014 et un tiers était pratiqué
dans des conditions dangereuses ou très risquées pour la vie des femmes.
Une femme meurt par ailleurs toutes les neuf minutes d’un avortement non
sécurisé dans le monde.
D’après le rapport Mon corps m’appartient du Fonds des Nations unies
pour la population (FNUAP), qui a mesuré l’indice d’autonomie corporelle
des femmes âgées de 15 à 49 ans provenant de 57 pays d’Asie, d’Afrique et
d’Amérique latine, près d’une femme sur deux ne dispose pas librement de
son corps.
Cette proposition de loi constitutionnelle propose par conséquent
d’inscrire dans la Constitution l’impossibilité de priver une personne du droit
à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Elle s’inscrit dans la lignée
des avancées qui n’ont eu de cesse de se succéder dans notre pays et permet
de consacrer définitivement l’IVG, afin que nul ne puisse en être privé.
Le 26 novembre 1974, Simone Veil défendait à l’Assemblée nationale
la loi légalisant l’interruption volontaire de grossesse. Pour la première fois,
une IVG n’est alors plus interdite et criminalisée.
Depuis, la France n’a eu de cesse de renforcer son accès. L’IVG est
remboursée à partir de 1983. Les mineures peuvent y avoir accès sans
– 4 –
autorisation parentale depuis 2001. De nouveaux remboursements ont été
prévus depuis le 1er avril 2016. Le délit d’entrave à l’IVG a été renforcé par
la loi du 1er décembre 2016.
Mais nous savons combien ces droits sont fragiles : des associations et
courants politiques s’attaquent en permanence à déconstruire ce droit
essentiel comme en témoigne la décision rendue le 24 juin 2022 par la Cour
suprême des États-Unis.
Le groupe Renaissance avait tenu à renforcer le droit à l’avortement, par
une loi du 2 mars 2022, en allongeant le délai légal de l’IVG de douze à
quatorze semaines, en augmentant le nombre de professionnels susceptibles
de pratiquer l’IVG et en garantissant aux femmes le libre choix de leur
méthode d’avortement.
Par la présente proposition de loi, nous proposons d’inscrire le droit à
l’avortement dans la Constitution afin de s’assurer que, jamais, une personne
ne pourra être empêchée d’y avoir recours dans notre pays.

Je propose que chacun donne son avis sur cette proposition de loi sur ce fil.

    Fusion de 1 message de Proposition de loi : Garantir le droit à l’interruption de grossesse.

    Maitreya Deux arguments majeurs des pro-ivg dans votre message :

    -droit de disposer de son corps, à mettre en relation avec l'usage de stupéfiants pendant une grossesse, l'on constate le droit opposable du corps de l'enfant à venir.
    -danger des ivg clandestines, à mettre en relation avec d'autres méfaits : il est bien criminel de fournir capotes et tasers aux violeurs pour leur éviter de se blesser et s'infecter. Il est criminel de fournir matériels à un junkie pour l'enchaîner davantage dans sa dépendance.

    Ces excuses ne sont que de mauvais arguments de médiocres.
    "Notre société souhaite-t-elle affranchir ses individus de la responsabilité de leurs jouissances ?"
    Voilà la question qui se pose.

    [supprimé]

    Selon le parquet, la jeune femme aurait caché sa grossesse à sa famille et aurait tué le bébé – né pratiquement à terme –, avec un couteau, avant de « l’abandonner dans la cour de la maison ».

    🤮

      6 jours plus tard

      Aux Etats-Unis, les électeurs du Kansas protègent le droit à l’avortement

      Les habitants de cet Etat conservateur du Midwest ont rejeté, mardi, par référendum une proposition visant à supprimer le droit à l’IVG inscrit dans la Constitution du Kansas.

      Résultat surprenant, avec un taux de participation inhabituellement élévé (53%) pour ce genre de vote.
      Et le Kansas est plus à droite qu'Attila, Trump y a battu Biden de 15 points en 2020.

        • [supprimé]

        grishka
        Il faut suggérer une très belle mobilisation des associations de défense des droits normaux, peut être.

          [supprimé] des associations de défense des droits normaux

          Mais, que sont les droits normaux ?
          Une sorte de Droit universel ?

            • [supprimé]

            • Modifié

            James

            Exemple, une femme, être humain, serait libre de disposer de son corps comme elle l'entend. Avec un accès à l'IVG, en cas de grossesse non souhaitée.

            Exemple

            Mais "droits normaux" c'est une notion particulière aux USA.

            En ce moment, on évoque cette fameuse université, qui a fermé, car refusait d'être contrainte d'accepter, deux étudiants noirs.

            Il y a aussi, l'accès aux votes, pour encore une fois, les personnes "noires".
            Les suprémacistes mâles blancs, ont semble t il beaucoup de choses à défendre, contre les "droits normaux"

            En 2022, on voit dans ce pays des manifs comme "black lives matter", par exemple.

            Ok, des droits normaux selon ton avis, et tes convictions.
            Ceux qui sont d'un autre avis veulent des droits anormaux.

            Après, tout serait dans la définition dans la normalité, vaste programme.

            Mais je tiens à souligner que personne ne dispose de son corps comme il l'entend, et certainement pas en France.
            Je te laisse chercher.

              • [supprimé]

              James Ceux qui sont d'un autre avis veulent des droits anormaux.

              tu veux me parler des "pro Life" rêvant d'interdire l'avortement selon LEURS convictions religieuses à EUX, et en même temps les "pro peine de mort"? Ah ok.

              Alors, oui, qu'un noir ait le droit de voter et accéder à l'université, ça fait partie des droits civiques de BASE, donc normaux, tout comme le fait d'imaginer une femme, libre de disposer de son corps, n'en déplaise à ceux qui veulent tout régir et contrôler de la vie d'autrui.

                James Mais je tiens à souligner que personne ne dispose de son corps comme il l'entend, et certainement pas en France.

                C’est parfaitement exact. Si un tel droit existait, on ne pourrait pas exiger un service militaire pour les hommes qui doivent se faire tuer pour défendre le pays. Dans le même ordre d’idées les femmes doivent donner des enfants au pays pour le défendre.

                [supprimé] tu veux me parler des "pro Life" rêvant d'interdire l'avortement selon LEURS convictions religieuses à EUX, et en même temps les "pro peine de mort"?

                Non, pas plus que ça.
                Mais ils ont le droit de donner leur avis autant que toi.

                  • [supprimé]

                  James Mais ils ont le droit de donner leur avis autant que toi.

                  Rassure toi, au pays des américains, je me garderai bien de donner mon avis.
                  Ils ont des armes qui perforent les gilets pare balle.
                  Ca rigole pas, là bas...
                  L'amendement de l'expression libre, est très souvent accompagné du droit de sortir avec un bazooka dans la rue (self défense constitutionnel, quoi)