SagesseLiberale
Le « y-a-qu’à » atteint vite ses limites. L’on ne règle en rien la circulation des capitaux en interdisant aux banques de verser de l’argent à des comptes dont elles ne connaissent pas les détenteurs physiques. Le client d’une banque est toujours connu du directeur de la Banque. Même sur les comptes dits « anonymes ». Ils ne sont anonymes que pour le personnel de ladite banque. Pas pour son vrai patron banquier. Le système bancaire international est tel que le bénéficiaire final d’un versement bancaire, quel que soit la nature de ce versement, est toujours connu du banquier. S’il veut le connaître. Et sauf si le bénéficiaire final est lui-même une entité juridique couverte par un, ou des, prête-nom formant un obstacle infranchissable sur lequel le relevé des véritables bénéficiaires butte définitivement. Il n’y a qu’à la télé que des flics remontent aux identités réelles des bénéficiaires d’un compte off-shore. Ou suivent de l’argent.
Pour plusieurs raisons. D’abord parce que la plupart des banques, des états et des grandes sociétés internationales ou nationales utilisent des comptes ouverts dans les paradis fiscaux. Comptes établis le plus souvent au nom d’un « prête-nom ». Ce prête-nom étant le plus souvent un juriste de la nationalité de la banque concernée détenant le compte off-shore, et auquel la Loi de son pays interdit carrément la retransmission de renseignements, quels qu’ils soient, à une banque ou à un organisme financier ou fiscal étranger.
Les cabinets juridiques des paradis fiscaux utilisent les noms de quelques personnes physiques, membres généralement de leur propre cabinet, et qui sont les deux ou trois gérants théoriques de quelques centaines ou milliers de sociétés étrangères. Seuls, in fine, les vrais patrons des cabinets en question seraient en mesure de préciser quel est le véritable bénéficiaire économique d’un compte off-shore. Mais cela lui serait impossible. Dénoncer un client est s’éliminer définitivement du marché bancaire mondial et supprimer toutes les possibilités ultérieures de re-travailler dans cette partie. Et dans la majorité des paradis fiscaux, dont les sociétés off-shore sont l’une des plus importantes ressources financières, ce sont les états des pays concernés qui « élimineraient » immédiatement le problème. Au fond de la Fosse des Mariannes, avec un parpaing aux pieds.
Quant aux listes de pays « non coopératifs en matière de renseignements fiscaux », listes noires, liste grises, elles sont le plus souvent totalement bidons. Il suffit de les consulter pour que cela saute aux yeux. Et aucune banque du monde ne donnerait un renseignement à un fisc étranger sur l’un de ses comptes « sérieux », sans en avoir au préalable avisé son vrai client et avoir étudié avec lui les techniques permettant de surmonter ce problème. Qui est toujours provisoire, quel que soit le pays concerné.
Il n’y a que dans séries B sur trame policière que le FBI, ou la CIA, ou n’importe quel pouvoir policier financier, apprennent que telle personne a un compte dans tel paradis fiscal. Et peuvent agir sur ces comptes. Cette affirmation est aussi solide que les aventures de Bibi Fricotin ou des Pieds Nickelés.
Quant à un impôt universel, c’est de l’utopie. Il faudrait que les systèmes économiques, sociaux, et financiers, soient les même partout. Et cela, il ne semble pas que ce soit demain la veille.