Les amoureux de la littérature sont une denrée rare sur le FoPo.

Olympe, tu me donnes envie de commencer ces Thibault dont même le très terrien LUCIDE semble penser le plus grand bien. Parle-nous de cette œuvre ?

Avec Proust, je pense être occupé un bon moment...Surtout qu'il me reste des London, j'en ai dévoré deux mais j'ai encore des réserves...

Je pense enfin être rentré dans Proust !

J'ai commencé dix fois, dix fois abandonné...Et là, j'ai dépassé la dixième page, je suis même bien parti. Ce livre ne me parlait pas, sans doute l'avais-je commencé trop jeune.

La mémoire, la nostalgie, l'enfance, l'introspection sont des thèmes qui séduisent rarement jeune, il faut peut-être avoir vécu un peu pour lire Proust.

La même chose!Au lycée,j'ai juste lu les "morceaux choisis",le minimum donc,sans avoir la moindre envie d'aller plus loin.Cette histoire de mondains 1900,ne faisait pas le poids,à mes yeux ,avec Les Thibault (somme littéraire que j'aime toujours,et qui m'a formée,d'une certaine façon).Il a fallu un peu de temps pour que je me prenne au charme de cette histoire.

Nous aussi on a eu quelques morceaux choisis de Proust. Trop tôt, nous n'étions pas assez mâtures pour accepter cette introspection. Depuis, je ne m'y suis pas remis mais c'est dans mes projets lorsque j'aurai un peu de temps (cela fait partie de mes deux grands projets de lecture: A la recherche du temps perdue et La comédie humaine).

Paraye poure moi ! Proust, Victor ugo ou Robert Camus, jamé d'lavi !

Lire Proust ?? Jamais !

L'antisémite furtif a parlé. Hugh.

Je pense enfin être rentré dans Proust !

A l'époque, vous n'auriez pas été le seul.

Olympe, tu me donnes envie de commencer ces Thibault dont même le très terrien LUCIDE semble penser le plus grand bien. Parle-nous de cette œuvre ?

Avec Proust, je pense être occupé un bon moment...Surtout qu'il me reste des London, j'en ai dévoré deux mais j'ai encore des réserves...

Les Thibault, c'est comme l'oncle qui te recommande "La Revue des Deux Mondes" pour réussir ton concours à l'X ou à Centrale. Pas très jouissif.

"Marcel Proust, oui. Un peu comme moi. Longtemps il s'est couché aware". J.C. VanDamme

10 ans plus tard

Vous avez la problématique heideggerienne de l'Etre, celle de Lévinas qui, peut-être comptera plus dans les siècles à venir (quand il parle de "Dieu sans l'être", je veux dire). Mais vous avez aussi les tourments, ceux de Hamlet ou de Kierkegaard, face à l'alternative ultime : être OU ne pas être.

Mais avec Proust, nous avons un filon qui s'écarte de ces problématiques classiques : je veux dire qui n'est pas être, ou ne pas être, ou de moins être, ou de pouvoir être, mais de "en être".

"En être", cela a deux usages, chez Proust. Pour commencer par le plus évident, toute sa peinture d'un système aristocratique, où le fait "d'en être", d'avoir le nom qu'il faut, d'être né où il faut etc. fait de vous un seigneur, ceci sans considérer qu'en fait vous êtes une merde, personnellement. Proust est impitoyable quand il décrit toutes ses carpettes, tous ces lécheurs de moquette qui viennent s'incliner comme des larves pour se voir confier on ne sait pas bien quelle tâche, mais qui aura comme résultat d"'en être", de rentrer dans une structure où ils pourront croire qu'ils sont.

Mais chez Proust, "en être" a une autre direction. L'explétif, le "en", renvoie à un "de". On est "de" la jacquette, ou "de" la pédale, pour reprendre les plus classiques., ou, plus court "en être".

Dans la Recherche, ça concerne surtout Charlus. Pour ceux qui n'ont pas lu cela, Charlus, c'est un aristo de haut rang et bardé de pognon, dont le principal comportement consiste à montrer à d'autres qu'ils valent moins que lui. Il y a un passage extraordinaire, au débt de Sodome et Gomorrhe (bon, déjà le titre ! ) sur Charlus dans le sens où il "en est".

Dans les épisodes suivants, "en être" revient à Charlus, mais sur un autre mode. Quand on va faire une promenade du côté de la Raspelière (autre propriété familiale, ces gens-là ont tout), ou parfois quand on projette d'aller au théâtre, on ne manque pas de demander à Charlus : "baron, vous en êtes ? ". On se permet de le renvoyer à son indignité ou, si on veut le prendre de façon plus ludique, de se foutre sa gueule.

Je l'ai déjà dit, je comprends qu'on n'aime pas ce genre d'humour. Moi, ça me plie en quatre.

C'est avec obstination et passion que Proust s'est appliqué à évoquer et à recréer le monde sous ses yeux, à l'étudier au microscope en s'aidant de ses connaissances de clinicien, des méthodes d'intuition de Bergson et des théories de Freud sur le subconscient. Grâce à son obstination lucide et ses procédés, il a découvert une nouvelle psychologie, ou au moins des cantons encore inexplorés de l'âme humaine. Mais la forme qu'il a adopté pour exposer ses découvertes est fatigante et obscure.

  • Nymo a répondu à ça.

    Entre les phrases de 3 mots de Duras et celles à 37 membres de Proust, je préfère encore le sudoku.

    • Nymo a répondu à ça.

      knulp J'ai commencé un amour de Swann dix fois, dix fois abandonné..

      c'est un peu comme le cinéma dit d'auteur. Pour moi, un écrivain ou un cinéaste qui rebute son public, ne devrait jamais être considéré comme un grand artiste .
      Pour moi, un grand écrivain, c'est l'inverse de Proust, c'est quelqu'un qui captive son lecteur jusqu'à lui donner l'envie de passer une nuit blanche pour aller jusqu'au bout de l' histoire . Et je classe les auteurs de roman policier dans les meilleurs écrivains .
      Agatha Christie , le plus grand écrivain de tous les temps !

        L.F.Céline et Proust sont les deux grands écrivains français du XXeme siécle ,même si je leur préfère Alexandre Vialatte ,François Augiéras et André Hardellet.

          candidus
          Effectivement j'ai lu tout Marcel Aymé que j'apprécie beaucoup,mais je n'ai pu accrocher à Saint-Exupéry

            4 jours plus tard

            Rosssel La citadelle de Paris (traversée) :

            • Salauds de pauvres !
            • Car j'ai vu trop souvent la pitié s'égarer.
            2 mois plus tard

            L'ennui, pour l'amateur de Proust, c'est la tentation des tendresses suspectes et des indulgences coupables.

            L'autre soir, j'écoute tranquillement l'Heure des pros sur cnews. A un moment, un intervenant (je ne me souviens plus lequel) commence une phrase et la laisse en suspend, phrase qui commence par "Longtemps...". Immédiatement, Pascal Praud glisse "je me suis couché de bonne heure". L'autre ne réagit pas et finit son idée (idée sans intérêt, naturellement).
            Petite allusion malicieuse de Praud à la première phrase de la Recherche : "Longtemps, je me suis couché de bonne heure". Personne n'entend la vanne, sauf Messiha, qui a la ref et lui répond sur le même ton.

            Eh bien figurez-vous que l'espace d'un instant, j'ai cru que Praud et Messiha étaient des êtres humains.

            Vous voyez la perversité des effets de castes et des logiques sectaires ?

              courtial Eh bien figurez-vous que l'espace d'un instant, j'ai cru que Praud et Messiha étaient des êtres humains.

              J'adore!
              Tu es très doué!

              Merci pour ce super clin d'oeil.
              Talent pur.
              Ca manque

              courtial
              au delà de ta petite remarque délicieusement espiègle, il est intéressant de se questionner sur l'endroit où se trouve la culture, aujourd'hui?

              Quand j'étais très gauchiste (y a 35 ans) je me souviens d'un échange avec un très extrémiste (de droite)
              On achoppait sur Homme/Ordre.

              Depuis les années 80, l'intellectualisme a basculé depuis le gauchisme, vers l'extreme droite.

              C'est pas grâce à Jean Marie Le Pen, plus doué en communication qu'en culture intellectuelle.
              Bien qu'à son époque, Seuls Mitterrand et lui maitrisaient le subjonctif plus que parfait.

              Mais quand même.
              Ca fait mal de trouver des intellos véritables dans la nébuleuse Marine Le Pen, qui est TOUT, sauf une intello, hein.

              Et. Que dire de Zemmour, le pseudo cultivé de CNews, l'amoureux de l'Histoire, capable de nous dire que Pétain aurait sauvé les Juifs. Lol.

              Mais voilà.
              Un Messiha, égyptien assimilé, qui capte une référence au Proust.
              Et le Praud, si... trivial, qui s'aime à poursuivre en blague, un démarrage proustien.

              Bon... Ca nous changera de Hanounah, ou l'autre, le Arthur de TF1.

              Mais voilà. Nous vivons des temps troublés. Non?