Joseph *
Joseph Fouché
bianchi51 il serait à l'origine de nombreuses intrigues et autres manipulations.
Il a en effet, de par son poste au ministère de la police mis en lumière plusieurs complots (Bernadotte, Cadoudal) fomentés par les royalistes (le comte d'Artois, Louis XVIII).
"Fonctionnaire" irremplaçable, un des rares personnages à pouvoir tenir tête au Consul (Bonaparte).
Etre trouble, être double, secret, sombre, étrange, terrifiant.
Un curé, qui s'est rué à la révolution pour piller et saccager les églises bretonnes.
Sa longévité en politique peut en faire pâlir, ceux d'aujourd'hui, et en des temps ou l'on se faisait décoller la tête très facilement, entre 25 et 35 ans, du temps de la Terreur.
A exercé sous plusieurs régimes, un des grands ministres de Napoléon.
Ne pouvait pas encadrer Talleyrand (un bon vivant, qui ne pouvait pas encadrer le ténébreux Fouché)
Sans doute l'inventeur de la police moderne, sous tous ses angles.
Impitoyable, méticuleux, ne laissant jamais rien au hasard, et froid comme la lame d'une guillotine.
Bref, un personnage très sympa, qui a surement inspiré pas mal de services de police secrètes, d'Etat.
La Stasi, le FBI, le KGB, la Gestapo lui doivent surement beaucoup.
Quel rapport avec Lucie ?
Il était Nantais d'origine.
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Lire Jean Tulard, historien spécialiste de la période napoléonienne.
bianchi51 Il était Nantais d'origine.
Sans doute la Bretagne avant la Révolution?
Paix-Haine Lire Jean Tulard, historien spécialiste de la période.
La bio faite par Zweig est vraiment poignante
Jean-Pierre
Sans doute.
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Certainement. Je l'ai lu il y a bien longtemps et votre intervention me donne envie d'y revenir ! Je me souviens juste de la prouesse de Zweig : il rend humain un type qui est au premier abord une ordure de la pire espèce.
Pour plus de rigueur historique, le bouquin de Tulard mentionné par Paix-Haine sera plus sûr. Très solide et donnant toutes les garanties nécessaires. Zweig est un génie, mais dans le genre littéraire.
Ce qui fascine chez Fouché, c'est la façon dont il a réussi à se maintenir dans une période où personne n'a pu gérer quoi que ce soit, emporté par le tourbillon de l'Histoire. Par exemple comment il a réussi à ne pas se faire couper la tête sous la Terreur ou après Thermidor.
Robespierre détestait Fouché et lui aurait volontiers fait couper la tête. Il n'en a pas eu le loisir, c'est Fouché (et quelques autres) qui a eu la tête de Robespierre.
Ce que Robespierre reprochait à Fouché, c'était d'abord une conception politique, et même quasi philosophique. La pensée révolutionnaire de Robespierre avait des aspects religieux, que Fouché récusait entièrement. Son athéisme et sa position anti-chrétienne radicale et éradicatrice insupportaient Robespierre.
Plus important était la question de la Vendée. Fouché s'est montré comme un grand criminel de masse . Dès que Robespierre est arrivé au Comité de Salut Public, il a réclamé le retour immédiat de Fouché, Carrier et autres facteurs d'atrocités - atrocités qui furent attribuées à Robespierre, alors qu'il les a dénoncées et a imposé le rappel immédiat à Paris de ces révolutionnaires éradicateurs...
Son parcours sous l'Empire, sa vision de la Police, enfin toute sa carrière est quelque chose d'assez fascinant et époustouflant. Un beau sujet, assurément !
Courtial toujours au top. Respect pour votre merveilleuse réponse.
courtial Zweig est un génie, mais dans le genre littéraire.
J'en conviens.
Mais je n'ai jamais rien lu de plus explosif en sensations.
Comme dit par ailleurs à l'instigateur du sujet. J'ai mis Zweig en un, et Dostoievski en deux.
Preuve que j'ai pas lu grand chose au final, mais heureux des bouquins ouverts, quand même.
courtial Son parcours sous l'Empire, sa vision de la Police, enfin toute sa carrière est quelque chose d'assez fascinant et époustouflant. Un beau sujet, assurément !
Oui, difficile de causer Histoire, en omettant des personnages de ce genre.
Complètement d'accord pour le style de Zweig, il pourrait nous donner de la compassion pour le pire des hommes.
Je crois que le premier Zweig que j'ai lu, c'était "les très riches heures de l'humanité".
Mais quelle jouissance ce livre, pourtant horrible, à encenser des échecs cuisants...
Fouché, de Zweig, c'est un livre qu'on offre à quelqu'un qui n'a pas l'habitude d'ouvrir un livre.
Le résultat est stupéfiant "ah merci, merci de m'avoir donné ce livre, depuis j'ai acheté 15 bouquins de Zweig, je ne connaissais pas, honte à moi"
Jean Tulard, je n'ai pas lu.
Mais ce qui est plaisant avec Zweig, c'est ce talent narratif.
Je crois, de mémoire, en préambule à son Marie Stuart .. "je vous préviens, j'ai romancé un peu"
Question, faut il parler et lire l'allemand, pour comprendre du Zweig? ou la traduction est elle correcte?
Dans le cas d'un Kundera, c'est plus simple, il a appris le français et a repris toutes les traductions (il fut professeur à La Sorbonne, soit dit en passant)
Si vous aimez Zweig, que pensez vous d'un Arthur Schnitzler?
courtial Plus important était la question de la Vendée.
Me souviens d'en avoir discuté avec un lepéniste.
Il disait c'est la pire page de l'histoire de France.
A cette époque, on savait inventer des mots intelligents "populicide" lol.
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Merci pour vos encouragements.
Pour ce que j'ai évoqué plus vite à la fin, la Police, l'apport de Fouché - sous l'Empire puis la Restauration (1), c'est surtout le rôle du renseignement.
On a parlé de sa politique de répression, le fait qu'il a rendu la Police plus efficace en se montrant très "large" sur les moyens, son utilisation de malfrats (comme Vidocq) comme associés, etc. Ce qui est vrai, c'est que les questions de crimes et délits relevant de la Justice (des contraventions à la loi) ne l'intéressaient pas. Cela, c'était de la "basse police". Ce qui l'intéressait véritablement, c'était la Haute Police. C'est-à-dire le renseignement. Il a compris avant beaucoup d'autre que le nerf de la guerre, c'était d'avoir les infos. Donc de mettre des mouchards, des espions, ce que nous appellerions des agents. Certes, il faut mettre des flicards au coin des rues pour rassurer la population, mais cela n'est pas à la hauteur de susciter un intérêt dans l'esprit d'un type comme Fouché, voyez ?
Ce qui l'intéresse, c'est d'avoir des hordes de mouchards, qui récoltent des infos, de rassembler toutes ces données, de ficher tout cela. Dans l'univers où il se meut, il s'intéresse naturellement aux infos qu'il peut avoir sur les puissants (les rois, les ministres, les chefs religieux etc.) de manière à avoir barre sur eux au cas où ils voudraient la ramener.
Jean-Pierre fait allusion (je crois) au film Le Souper, avec Claude Rich et Claude Brasseur, un beau huis clos entre Talleyrand et Fouché. Ces questions sont longuement abordées dans ce film, servi par deux brillants acteurs.
Pour ce que j'ai dit, la faculté incroyable de ses hommes à se maintenir parfaitement en place, alors que le Monde entier chavire autour d'eux, Talleyrand mérite la Palme d'or.
Mais je préfère Fouché.
(1) Encore une fois, les mecs qui ont pu vivre la Révolution, puis l'Empire, puis la Restauration monarchique (monarchie de Juillet) au pouvoir pendant tout ce temps-là sans se faire tuer ou mettre en cabane, il y en a pas des tonnes. Je n'en vois qu'un autre : Barrère.
courtial mais cela n'est pas à la hauteur de susciter un intérêt dans l'esprit d'un type comme Fouché, voyez ?
Aaah, donc je me trompais pas.
Gestapo Stasi, KGB (ou GPU) lui doivent beaucoup.
courtial (1) Encore une fois, les mecs qui ont pu vivre la Révolution, puis l'Empire, puis la Restauration monarchique (monarchie de Juillet) au pouvoir pendant tout ce temps-là sans se faire tuer ou mettre en cabane, il y en a pas des tonnes. Je n'en vois qu'un autre : Barère.
Ah bon? Et Archambaud de Talleyrand? vous en faites quoi?
Mort à 88 ans, rédacteur de la DDH, échappant par deux fois à guillotin. Découvreur de l'Amérique.
Je crois 53 ans de politique.
A cette époque là, c'est un record, non?
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Jean-Pierre Question, faut il parler et lire l'allemand, pour comprendre du Zweig? ou la traduction est elle correcte?
Dans le cas d'un Kundera, c'est plus simple, il a appris le français et a repris toutes les traductions
On a des bonnes traductions de Zweig en français. Je n'ai personnellement lu en allemand que quelques passages de La confusion des sentiments. Rien à signaler, c'est du bon vieux hochdeutsch canal historique et il n'est pas trop impitoyable par exemple sur les subordonnées et autres emmerdes...
A l'époque où on me demandait sadiquement de traduire sur-le-champ (avec un dictionnaire unilingue...) un texte inconnu, je n'étais pas trop inquiet si c'était un texte de Zweig. Si en revanche, en découvrant le sujet, je lisais, en bas de la page "Thomas Mann", je commençais déjà à bien pleurer ma mère. Je voyais s'ouvrir un chemin de douleur et de malheur.
Et j'en chiais pendant des heures à essayer de comprendre comment Thomas Mann avait tourné sa phrase. Rien de tel avec Zweig. Si on a le vocabulaire, ça se lit bien en allemand, et un allemand qui est excellent ! Il n'a été attaqué sur son allemand et son style que par les nazis. Zweig était juif.
J'adore Zweig mais je préfère Thomas Mann. Masochisme, peut-être.
Kundera, c'est pour moi le grand écrivain, ce que vous reconnaissez aussi. Il est moins prisonnier des questions de langue, je crois (on peut se demander pourquoi mais je laisse cela de côté pour l'instant). Son oeuvre se situe d'emblée dans une perspective universelle. Je vois comme un malheur, depuis qu'il est mort, que l'académie Nobel ne lui ait pas donné son Nobel de Littérature.
courtial L
L ?
Lorelei ?
Jean-Pierre Lucie ?
candidus Lucie ?
Attention, les fixettes mènent vite à la folie.
Moi, aucune fixette sur casse tête.
Ouf.
j'espère Macron sur la même ligne