Les fils de Clovis continuèrent la conquête de la Gaule : l'ancien territoire des Burgondes, entre la Saône et le Rhône, l'ancienne province romaine des bords de la Méditerranée, la Provence tombèrent sous leur dépendance. Le royaume franc s'étendit à toute la Gaule sauf dans la région comprise entre la Loire et la Garonne que conservèrent les Wisigoths même après leur conquête de l'Espagne. Thierry, fils aîné de Clovis, poussa sa conquête à l'Est autour de la vallée du Main, affuent du Rhin. Ce fut l'origine de la franconie dont les limites, à l'Est, atteignaient la Bohême, en Europe centrale.
Les Mérovingiens descendants de Clovis avaient un signe distinctif de leur royauté : leur longue chevelure. Un Mérovingien aux cheveux coupés était déchu du titre royal. A la mort du roi, chacun de ses fils héritait uen partie de ses territoires. Si le roi mourait sans enfant, son royaume revenait à ses autres frères, dont le survivant portait alors le titre de roi de France. Ce fut le cas de Clothaire 1er, de Clothaire II et de Dagobert.
Suivant l'exemple de Clovis, les Mérovingiens laissèrent aux évêques chrétiens le gouvernement de la cité, mais ils adjoignirent à l'évêque un représentant à eux, le comte, qu'ils nommaient ou révoquaient à leur gré, à qui ils déléguaient les pouvoirs royaux : pouvoirs judiciaire, administratif et militaire. Les évêques prirent parfois ombrage du comte représentant le roi, Grégoire de Tours critique le choix d'un certain Lendaste, ancien esclave, naguère amputé d'une oreille pour vol, qui devint comte de Tours.
Le comte, représentant officiel du roi, était bien souvent moins populaire que l'évêque. Formé selon les traditions apostoliques de saint Martin et rompu ensuite à la simplicité bénéfictine, l'épiscopat exerçait sur les populations gallo-franques une influence fondée sur un dévouement et un zèle désintéréssés.
Quand les rois francs voulurent rétablir le régime fiscal romain tombé en désuétude durant la période aiguë des invasions, le comte, représentant du roi, préposé à la perception de ces impôts, devint souvent impopulaire : un certain Parthénius, agent du roi franc, Théodebert, fut poursuivi par le peuple révolté contre ses exigences fiscales. Parthénius recourut au droit d'asile dont bénéficiaient alors les églises. Mais le peuple contraignit l'évêque du lieu à lui livrer Parthénius et l'évêque dut donner la clef de l'armoire à ornements sacrés dans laquelle l'agent fiscal s'était caché pour échapper à la fureur populaire.
Les rois francs de la dynastie mérovingienne se rendirent compte qu'ils ne pouvaient pas, tant elle était profonde, dominer à leur profit l'influence des évêques sur les populations barbares converties au Christianisme après les invasions. Elu par le clergé et le peuple, l'évêque restait à la tête de la cité jusqu'à la fin de sa vie. Il contractait un mariage spirituel avec la ville qui l'avait choisi. L'anneau pastoral qu'il portait au doigt annulaire de la main gauche indiquait son mariage indissoluble avec son église au chevet de laquelle il résidait. Son influence morale s'exerçait encore par l'école sacerdotale dont il était le chef. Cette école était le seul centre intellectuel de la région où l'évêque recevait les jeunes gens, futurs membres du clergé qu'il formait lui-même.
Cependant les rois francs prétendirent exercer leur contrôle sur le choix des évêques contre le métropolitian de la province, c'est-à-dire un évêque principal ou archevêque. A ma connaissance, je me souviens d'un cas où un évêque de Saintes que Clothaire 1er avait désigné lui-même, malgré le métropolitain de Bordeaux. A la mort de Clothaire, l'évêque de Bordeaux fit élir un nouvel évêque à Saintes et déposa le titulaire nommé par le roi. Caribert, fils et successeur de Clothaire, protesta d'une façon véhémente contre cette déposition, frappa d'une forte amende l'évêque de Bordeaux et exigea le rétablissement de l'évêque nommé par Clothaire.