chevalier-du-temple
J,en n'étais pas encore à la menace Viking, pour l'an 841. Ma question était sur l'organisation de l'enseignement, sachant que c'est le fils de Charlemagne qui est devenu empereur .
Quand à la prospérité agricole et économique de l'empire de Charlemagne, que sais tu ?
Je suis très intrigué par cette baisse de la population. Il y aurait moins d'habitants en Gaule sous le fils de Charlemagne, que 900 ans avant, sous Vercingetorix ??

    marcopolo Quand à la prospérité agricole et économique de l'empire de Charlemagne, que sais tu ? > Je suis très intrigué par cette baisse de la population. Il y aurait moins d'habitants en Gaule sous le fils de Charlemagne, que 900 ans avant, sous Vercingetorix ??

    Je présume que la prospérité agricole et économique de l'Empire de Charlemagne devait être variable selon les pays et les régions. Je me suis surtout intéressé qaux conditions de vie de la population de notre pays qui, je crois, était d'environ 8 millions d'habitants. Et pour la grande majorité de cette population qui vivait dans les campagnes, le quotidien était fait de faim, de froid et de peur.

    Les techniques agricoles étaient rudimentaires, les sols fertiles ou pas selon les régions. Pour la plupart de la population fragilisée, l'avenir était incertain. Lorsque je parle d'avenir, je veux dire le lendemain. Cette population souffrait des accidents de climat, des maladies, des loups affamés et des brigands qui infestaient alors les campagnes. Dès l'âge de 6 ans, les enfants étaient au travail. Un enfant sur deux ne passait pas l'âge d'un an et l'espérance de vie ne dépassait pas 25 ans. Souvent, hommes et femmes s'attelaient à la place des boeufs. Faute d'engrais, la terre devait se reposer et le labour était médiocre. Les seigneurs demandaient à leurs paysans de leur produire du pain blanc alors que ceux-ci n'avaient droit qu'au pain noir. Après la mort de Charlemagne en 814, les choses vont encore changer pour le pire avec les attaques Vikings qui massacraient la population, brûlaient les villes et les villages. Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler.

      chevalier-du-temple Souvent, hommes et femmes s'attelaient à la place des boeufs.

      Heuh... ce sont les bœufs qui un jour ont remplacé les hommes et non l'inverse.
      Globalement la terre de France est fertile et même très fertile pour au moins deux cinquièmes du territoire soit 20 millions d'hectares.
      Il faut 1 hectare de pâture pour une vache ou pour un cheval. 30 ares pour un homme adulte.
      J'ai beaucoup de mal à comprendre les famines en France. Elles venaient forcément de désordres, militaires ou civils.

        candidus Heuh... ce sont les bœufs qui un jour ont remplacé les hommes et non l'inverse.

        Voila ce qui arrive lorsqu'on est pauvre et que l'on a pas les moyens de se payer un boeuf pour les labours.

        candidus J'ai beaucoup de mal à comprendre les famines en France. Elles venaient forcément de désordres, militaires ou civils.

        Les conflits sont directement responsables des crises alimentaires qui menacent la vie et les moyens de subsistance. Mais il y a aussi les changements climatiques, les hivers très rigoureux et les mauvaises récoltes.

          chevalier-du-temple Mais il y a aussi les changements climatiques, les hivers très rigoureux et les mauvaises récoltes.

          Non ça ne serait pas suffisant. Le sol français est trop fertile globalement, ou giboyeux si défaut de culture. Il n'y a pas de sauterelles et les greniers sont sains. Les aléas climatiques sont redoutés et gérés depuis la nuit des temps.

          Je crois plus à de graves désordres.

            candidus En ce temps-là, il n'y avait pas que des sols fertiles dans notre pays. Certains paysans souffraient du climat sur les terres que brûlait le soleil ou celles où les excès de pluie pourrissait les semences. Il n'y avait pas que des vallées fertiles et des bons coteaux. Faute d'engrais, on ne pouvait pas labourer chaque année l'espace cultivé. Ensemencer une année sur trois ou quatre, était une bonne moyenne sur les terres fertiles. Tous les sols ne permettaient pas d'obtenir du pain blanc. Les paysans de cette époque qui ne voulaient pas crever de faim, se contentaient des céréales de seigle, de meteil, l'épeautre, le sarrassin et le mil, voire même l'avoine. Des féculents aussi comme par exemple les pois, les fèves et les vesces qui épaississaient les soupes. Dans les soupes ils y mettaient des herbes comme les orties ou le fenouil. C'était pas la joie.

              chevalier-du-temple En ce temps-là, il n'y avait pas que des sols fertiles dans notre pays.

              Je les ai évalués à 40 % soit 20 millions d'hectares. Évidemment très mal répartis, les bassins parisien et aquitain étant particulièrement favorisés. La géologie étant ce qu'elle est les sols étaient les mêmes qu'aujourd'hui.

              - (je croyais que le dérèglement climatique c'est maintenant - mais bon je ne dis pas ça pour vous mais pour rire de nos climatistes à petit marteau)

              Je pense qu'il ne faut pas noircir la tableau et qu'au contraire, il convient de souligner que le terroir de France est très favorable à la vie humaine.

              Il faudrait évoquer le droit de chasse et de régulation du gibier. Ce point était beaucoup évoqué par nos instituteurs.
              Ainsi que les dégâts provoqués par les passages intempestifs sur les champs cultivés.
              Diriger et administrer la France c'est aussi considérer ces points et cela a pu varier ?

                candidus
                Attention, le gibier ( lapins, sangliers, cerfs....)en excès sont des nuisibles qui détruisent les récoltes . Or les paysans n'ont pas les armes ou le droit de les chasser.
                La rigueur climatique peut expliquer de mauvaises récoltes, puisque le réchauffement de l'an 1000 expliquera au contraire une prospérité d'environ 2 siècles. accompagné d'une nouvelle dynamique démographique.

                Jusqu'au début du 19ème siècle, la France sera le pays le plus densement peuplé d'Europe, la preuve qu'elle a été un grand pays agricole. C'est plutôt cette baisse démographique du 8 et 9ème siècle qui me surprend.

                  candidus
                  Dans une agriculture manuelle, seules les terres fertiles sont cultivées et éventuellement les coteaux bien exposés côté soleil, pour de la vigne et des arbres fruitiers .
                  Les villageois habitent près d'un cours d'eau et cultivent sa vallée couverte de limons : c'est une règle d'agronomie . Mais les vallées fertiles et limoneuses sont parfois très etroites et suffisent difficilement à nourrir la population.

                  marcopolo Or les paysans n'ont pas les armes ou le droit de les chasser.

                  Ce point serait à développer historiquement, en particulier.

                  chevalier-du-temple
                  Non, au Moyen Age, l'assolement triennal se met en place progressivement, soit une année de blé, une année d'avoine pour les chevaux de la noblesse et une année de jachère, pâturée par les troupeaux apportant ainsi de la fumure.
                  Les semis se faisaient essentiellement au printemps, pour éviter les gels des semis d'automne . On recolte en moyenne 4 fois la semence....et moins les mauvaises années.
                  Or les famines et disettes arrivent quand les mauvaises années se suivent. En principe dans les contrats de servage, le seigneur doit assistance à ses serfs en cas de pénurie de nourriture.

                  Oui les légumes et féculents sont mangés sous forme de soupes et bouillies. Même le pain, cuit dans le meilleur des cas une fois par semaine est consommé ramolli dans la soupe.

                    Il faudrait y ajouter les guerres privées

                    candidus Il faudrait évoquer le droit de chasse et de régulation du gibier. Ce point était beaucoup évoqué par nos instituteurs.

                    Les chroniqueurs de Charlemagne, parfois mentionnent les conversations que l'Empereur avait avec ses fermiers. Dans l'une de ces chroniques, il est dit que l'Empereur demandait à ses fermiers de bien surveiller ses forêts, de ne pas laisser couper ses arbres, d'avoir soin de son gibier et surtout de ne pas le laisser tuer par les braconniers.

                    A cette époque, les maladies frappaient durement la population affaiblie et pour survivre, un complément de protides pas seulement dans la chasse du petit gibier mais aussi de la pêche en rivière était nécessaire. Le problème, c'est que déjà à cette époque, les autorités étaient concernées par la conservation du gibier, surtout sur le domaine royale.

                    Ces hommes d'humble condition chassaient ou braconnaient par nécessité à leur risques et périls car pendant longtemps dans notre pays, la chasse était un privilège réservé à la noblesse. Seuls les propriétaires des terres avaient le droit d'y chasser ou d'y autoriser quiconque. Le braconnage ou chasse du pauvre qui était une activité interdite et par conséquent très risquée, était puni sèvèrement. Chasser illégalement un gibier royal, pouvait vous mener au gibet. Les collets étaient d'usage courant pour attraper les lièvres et les lapins de garenne.

                      Deus-ex-libris Lire Fernand Braudel, L'identité de la France. En trois volumes.

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                      Zorbec-le-gras Et les braconniers étaient pendus avec leur propre corde d'arc.
                      C'était pour ne pas gaspiller.

                      Le gibet était la destinée tragique d'hommes et de femmes à la vie fragile.

                      J'aimerais encore revenir sur les attaques Vikings dans notre pays, au temps du vivant de Charlemagne. Donc, la première incursion Viking en terre franque a lieu en 799.

                      A partir de la fin du 8ème siècle, les Vikings qui débarquent sur le territoire franc, massacrent, pillent et détruisent les monastères et les villes de l'Empire carolingien fondé par Charlemagne. Malgré sa puissance et sa réputation d'invincibilité, l'Empereur fut totalement impuissant face à cette invasion nordique, soudaine et brutale. Dès les premiers assauts, les Vikings font forte impression dans notre pays. La francie fait alors partie de l'Empire carolingien de Charlemagne, qui s'étend jusqu'aux confins du Danemark, l'une des terres d'origine des Vikings. Une lettre du moine Alcuin évoque combien les navires Viking causent de malheurs sur les îles de l'Océan des régions aquitaines.

                      marcopolo Charlemagne va prendre en main le problème de la formation intellectuelle. Avoir des relais locaux qui savent lire et écrire une langue universelle et administrative dans l'empire est sa principale motivation. Toutefois, la suite lui donnera tort, le germanique et les langues latines finiront par se différencier dans les écrits littéraires ou administratifs. > Il est aussi convaincu du retard chnologique des francs comparés aux byzantins ou aux arabes.

                      On a peine à imaginer combien était bas le niveau de la culture au moment ou Charlemagne prit le pouvoir. La décadence politique des Mérovingiens était allée de pair avec un véritable effondrement des choses de l'esprit : le latin écrit était effroyable, la poésie et la théologie se voyaient quasi-abandonnées, l'art, coupé de ses sources par l'invasion arabe, stérilisé par l'anarchie, agonisait. En fait, la Gaule se montrait en retard non seulement sur Byzance et non seulement sur le khalifat de Bagdad ou l'Espagne, mais même sur la Grande-Bretagne anglo-saxonne et l'Italie lombarde. C'est tout dire.

                      En 45 ans de règne Charlemagne marqua la rupture de ce processus mortel. La Gaule retrouva une nouvelle espérance. Eginhard avait raison de voir en Charlemagne un nouvel Auguste et son temps comme une résurrection. C'est là que l'on saisit le mieux le génie et la grandeur du caractère de ce grand Empereur. Bien que presque inculte, ce grand guerrier a compris l'importance d'une telle oeuvre et s'y ait consacré. La réalité, c'est que la Renaissance carolingienne allait marquer un pallier et établir dans la suite des temps une sorte de bastion sur lequel l'intelligence pourrait s'appuyer pour mener la lutte contre la barbarie de l'esprit. A mon avis, elle fut peut-être plus importante que la Renaissance et infiment plus brillante, du 15ème siècle. Actuellement, par la volonté de l'Empereur et les conditions mêmes où elle s'accomplit, imprégnée de Christianisme, elle allait rendre pour des siècles, le Christianisme inséparable de toute l'activité intellectuelle de l'Occident.