Bien avant Charlemagne, l'Eglise s'était intéressée, seule, aux problèmes sociaux, que seule, elle s'était préoccupée d'enseignement. Désormais, officiellement, il y eut compénétration, alliance intime entre elle et les autorités indispensables. Ce fut sur l'Eglise que le gouvernement impérial se reposa de l'obligation chrétienne, et que Charlemagne ne prenait pas à la légère, de secourir les miséreux, les malades, les infirmes et les enfants abandonnés. J'ai déjà fait mention des dîmes dont le quart était distribuà à ces oeuvres et l'enrichissement des instituts religieux par d'abondantes donations, un véritable budget social.

De même, l'enseignement fut confié à l'Eglise. Les simples curés de village reçurent l'ordre de faire la classe aux enfants. Les grandes abbayes et les cathédrales eurent toutes, à côté d'elles, des écoles secondaires et supérieures. Certaines de ces écoles eurent une célébrité, celle de Martin de Tours et celle d'Aix, l'Ecole palatine, furent une pépinière de hauts prélats et de grands fonctionnaires, dont Charlemagne et ses fils aimaient à suivre les cours.

    candidus
    Encore aujourd'hui, les surfaces françaises sont réparties en 3 tiers: 1/3 forêts 1/3 cultivé-labouré 1/3 pâturages et étangs cours d'eau. + des zones artificialisées construites.
    Au Moyen âge on avait surtout très peu de pâturages permanents, puisque les animaux pâturaient les jachères, c'est à dire dans l'assolement triennal, les zones labourées, en repos 1 année sur 3.
    Sauf que les parcelles étaient beaucoup moins grandes qu'aujourd'hui et parfois séparées de bocages, bois et taillis. Il faut surtout imaginer les bois, comme une ressource importante et certainement pas comme une perte de terrains agricoles.

    Sinon, 10 millions d'habitants dans les campagnes, ça ne fait pas 10 millions de travailleurs. Il faut au minimum retirer les moins de 14 ans et les plus de 64 ans. Et les femmes ne passaient pas toutes leurs journées aux champs.. Donc 2 hectares à la main pour une famille complète, oui ! mais pas 2ha par personne
    et disons 5 à 10ha, si en plus de la famille, il y a 1 cheval ou une paire de boeufs.

    chevalier-du-temple
    Tu saurais dater l'époque où les curés de paroisse ont commencé à enseigner l'écriture aux enfants du village ? J'avais plus en tête que ce rôle avait été dévoyé aux moines et du coup c'était une chance pour les populations de vivre à côté d'une abbaye ou d'un prieuré .

      candidus
      Oui très clairement, l'angélus du matin et du soir marquait les heures de travail. Je l'ai lu dans le registre communal de mon village de 1822.
      "Il est interdit de partir au champ, plus d1/2 heure avant l'angélus du matin et de rentrer plus d'1/2 heure après l'angélus du soir, de même il est interdit d'aller travailler aux champs le dimanche".... Le tout sous risque d'amende.
      Par contre pas sûr que les églises ou chapelles de villages avaient des cloches et des sonneurs en l'an 800 ?

        marcopolo c'était une chance pour les populations de vivre à côté d'une abbaye ou d'un prieuré .

        Celles situées à moins d'une lieue, alors, grand maximum de ce que pouvaient parcourir les enfants matin et soir.

        marcopolo Tu saurais dater l'époque où les curés de paroisse ont commencé à enseigner l'écriture aux enfants du village ? J'avais plus en tête que ce rôle avait été dévoyé aux moines et du coup c'était une chance pour les populations de vivre à côté d'une abbaye ou d'un prieuré .

        Déjà en 529, le Concile de Vaison ordonnait à chaque prêtre de prendre en charge un ou plusieurs garçonnets afin de leur apprendre le latin et de leur donner une culture biblique. Mais c'est en 789 que Charlemagne promulgue un capitulaire qui impose la création d'une école dans chaque évêché car il veut que chaque paroisse corresponde à une école. Il ordonne donc aux prêtres d'enseigner aux enfants. Son projet est de mettre l'enseignement à la portée de tous. L'année 841 marque la fonction de maître qui enseigne dans les écoles ecclésiastiques.

        Au 6ème et 7ème siècles, les écoles ecclésiastiques l'emportent sur les écoles gallo-romaines dans toute la Gaule. Les écoles monastiques sont contrôlées par les moines, les écoles épiscopales ou cathédrales sont dirigées par les évêques et les écoles presbytérales ou paroissiales sont dirigées par des prêtres. A noter que les invasions barbares nuisent au fonctionnement de ces écoles qui disparaissent. A l'époque de Charles Martel et de Pépin le Bref, il n'y a plus guère que les moines pour avoir un peu d'instruction.

        Charlemagne, lui, avait l'ambition d'assurer un niveau culturel minimum dans les comtés, les abbayes et cathédrales de son Empire. Son Capitulaire de 789 représente un véritable programme d'alphabétisation.

          candidus
          Surtout quand on parle du Moyen Age, qui a duré 1000 ans, c'est important de préciser de quel siècle on parle.

          La Gaule chrétienne se construit depuis le 4ème siècle de Saint Martin et la France se construit depuis le 5ème siecle de Clovis. Tout cela va prendre des siècles pour structurer une nation française chrétienne.

          Manquant de documents écrits pour la période précédent le 10ème siècle, nous ne pouvons évoquer que les grandes lignes en parlant du haut Moyen Age.
          Mais notre discussion sur la campagne française au temps des carolingiens. n'en reste pas moins intéressante.

          @"chevalier-du-temple"#p467407
          "ordonnant à chaque prêtre de prendre en charge un ou plusieurs garçonnets"
          Méfies toi de ne pas utiliser ce genre d'expression face à certains milieux anticlericaux, c'est du pain béni pour eux.

            chevalier-du-temple
            Il semble que sous Pépin nous soyons dans un creux intellectuel et un creux démographique. Tout le patrimoine hérité du monde gallo-romain semble perdu.
            Charlemagne va prendre en main le problème de la formation intellectuelle. Avoir des relais locaux qui savent lire et écrire une langue universelle et administrative dans l'empire est sa principale motivation. Toutefois, la suite lui donnera tort, le germanique et les langues latines finiront par se différencier dans les écrits littéraires ou administratifs.
            Il est aussi convaincu du retard technologique des francs comparés aux byzantins ou aux arabes.
            Et qu il y a t'il de particulier en 841 ?

            Quand à la démographie elle continuera à décroître jusqu'au milieu du 9ème siècle. Or la démographie est directement liée à l'abondance de nourriture et à la lutte contre les épidémies. Donc on peut supposer que si l'empire de Charlemagne s'étend territorialement, ses habitants y vivent mal . Pourquoi ?

              marcopolo Et qu il y a t'il de particulier en 841 ?

              En 841, des évènements majeurs vont se dérouler rapidement sur notre sol. Un chef Viking du nom d'Asgeirr remonte la Seine ravageusement. Le 14 mai il fait incendier la ville de Rouen et le 24 mai, il fait brûler l'abbaye de Jumièges. Ils prennent des otages à l'abbaye de Saint-Denis qu'ils libèrent contre rançon, avant de repartir en mer le 31 mai.

                Charlemagne en fut assez inquiet pour s'empresser d'organiser la défense de ses côtes, installant des garnisons dans les ports et à l'embouchure des fleuves. Il lance la construction d'une flotte de guerre en 811. Les raids Viking ne sont encore que sporadiques mais le dispositif en place est efficace.

                chevalier-du-temple
                J,en n'étais pas encore à la menace Viking, pour l'an 841. Ma question était sur l'organisation de l'enseignement, sachant que c'est le fils de Charlemagne qui est devenu empereur .
                Quand à la prospérité agricole et économique de l'empire de Charlemagne, que sais tu ?
                Je suis très intrigué par cette baisse de la population. Il y aurait moins d'habitants en Gaule sous le fils de Charlemagne, que 900 ans avant, sous Vercingetorix ??

                  marcopolo Quand à la prospérité agricole et économique de l'empire de Charlemagne, que sais tu ? > Je suis très intrigué par cette baisse de la population. Il y aurait moins d'habitants en Gaule sous le fils de Charlemagne, que 900 ans avant, sous Vercingetorix ??

                  Je présume que la prospérité agricole et économique de l'Empire de Charlemagne devait être variable selon les pays et les régions. Je me suis surtout intéressé qaux conditions de vie de la population de notre pays qui, je crois, était d'environ 8 millions d'habitants. Et pour la grande majorité de cette population qui vivait dans les campagnes, le quotidien était fait de faim, de froid et de peur.

                  Les techniques agricoles étaient rudimentaires, les sols fertiles ou pas selon les régions. Pour la plupart de la population fragilisée, l'avenir était incertain. Lorsque je parle d'avenir, je veux dire le lendemain. Cette population souffrait des accidents de climat, des maladies, des loups affamés et des brigands qui infestaient alors les campagnes. Dès l'âge de 6 ans, les enfants étaient au travail. Un enfant sur deux ne passait pas l'âge d'un an et l'espérance de vie ne dépassait pas 25 ans. Souvent, hommes et femmes s'attelaient à la place des boeufs. Faute d'engrais, la terre devait se reposer et le labour était médiocre. Les seigneurs demandaient à leurs paysans de leur produire du pain blanc alors que ceux-ci n'avaient droit qu'au pain noir. Après la mort de Charlemagne en 814, les choses vont encore changer pour le pire avec les attaques Vikings qui massacraient la population, brûlaient les villes et les villages. Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler.

                    chevalier-du-temple Souvent, hommes et femmes s'attelaient à la place des boeufs.

                    Heuh... ce sont les bœufs qui un jour ont remplacé les hommes et non l'inverse.
                    Globalement la terre de France est fertile et même très fertile pour au moins deux cinquièmes du territoire soit 20 millions d'hectares.
                    Il faut 1 hectare de pâture pour une vache ou pour un cheval. 30 ares pour un homme adulte.
                    J'ai beaucoup de mal à comprendre les famines en France. Elles venaient forcément de désordres, militaires ou civils.

                      candidus Heuh... ce sont les bœufs qui un jour ont remplacé les hommes et non l'inverse.

                      Voila ce qui arrive lorsqu'on est pauvre et que l'on a pas les moyens de se payer un boeuf pour les labours.

                      candidus J'ai beaucoup de mal à comprendre les famines en France. Elles venaient forcément de désordres, militaires ou civils.

                      Les conflits sont directement responsables des crises alimentaires qui menacent la vie et les moyens de subsistance. Mais il y a aussi les changements climatiques, les hivers très rigoureux et les mauvaises récoltes.

                        chevalier-du-temple Mais il y a aussi les changements climatiques, les hivers très rigoureux et les mauvaises récoltes.

                        Non ça ne serait pas suffisant. Le sol français est trop fertile globalement, ou giboyeux si défaut de culture. Il n'y a pas de sauterelles et les greniers sont sains. Les aléas climatiques sont redoutés et gérés depuis la nuit des temps.

                        Je crois plus à de graves désordres.

                          candidus En ce temps-là, il n'y avait pas que des sols fertiles dans notre pays. Certains paysans souffraient du climat sur les terres que brûlait le soleil ou celles où les excès de pluie pourrissait les semences. Il n'y avait pas que des vallées fertiles et des bons coteaux. Faute d'engrais, on ne pouvait pas labourer chaque année l'espace cultivé. Ensemencer une année sur trois ou quatre, était une bonne moyenne sur les terres fertiles. Tous les sols ne permettaient pas d'obtenir du pain blanc. Les paysans de cette époque qui ne voulaient pas crever de faim, se contentaient des céréales de seigle, de meteil, l'épeautre, le sarrassin et le mil, voire même l'avoine. Des féculents aussi comme par exemple les pois, les fèves et les vesces qui épaississaient les soupes. Dans les soupes ils y mettaient des herbes comme les orties ou le fenouil. C'était pas la joie.

                            chevalier-du-temple En ce temps-là, il n'y avait pas que des sols fertiles dans notre pays.

                            Je les ai évalués à 40 % soit 20 millions d'hectares. Évidemment très mal répartis, les bassins parisien et aquitain étant particulièrement favorisés. La géologie étant ce qu'elle est les sols étaient les mêmes qu'aujourd'hui.

                            - (je croyais que le dérèglement climatique c'est maintenant - mais bon je ne dis pas ça pour vous mais pour rire de nos climatistes à petit marteau)

                            Je pense qu'il ne faut pas noircir la tableau et qu'au contraire, il convient de souligner que le terroir de France est très favorable à la vie humaine.

                            Il faudrait évoquer le droit de chasse et de régulation du gibier. Ce point était beaucoup évoqué par nos instituteurs.
                            Ainsi que les dégâts provoqués par les passages intempestifs sur les champs cultivés.
                            Diriger et administrer la France c'est aussi considérer ces points et cela a pu varier ?