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Pour ceux qui aiment entendre dire que la guerre est/sera perdue par la Russie, voici, condensés, des extraits du dernier papier de Michel Goya, expert militaire qui ne doute aucunement de la capacité des Ukrainiens à vaincre la Russie, surtout grâce aux armes occidentales.
Après deux mois et demi d’avancées rapides dans les provinces de Kharkiv et Kherson, l’offensive ukrainienne est désormais à l’arrêt, la faute à la nouvelle stratégie russe. La mobilisation de 300 000 réservistes, et l’envoi immédiat de 40 000 d’entre eux sur le front, a constitué l’élément le plus visible. Ce n’est pas encore la mobilisation générale, mais personne n’est dupe, le Rubicon a été franchi.
C’est avec du sang et de lourdes pertes que la ligne Surovikine a tenu. Pourquoi s’arrêter là maintenant que la vie des soldats ne compte plus du tout ? Le sacrifice de la première tranche de mobilisés a sauvé la situation, l’arrivée de la seconde (150 000) permettra soit de geler définitivement la situation, soit de reprendre l’initiative. Le pot des cartes « poitrines » est encore plein, même s’il y a sans doute un « seuil critique de mécontentement » qui peut surgir sur un fond de défaites et de difficultés économiques.
Le plus étonnant est que les Russes maintiennent une attitude très agressive en multipliant les attaques le long du Donbass. Ils n’ont visiblement pas encore admis qu’ils cherchaient systématiquement à atteindre des objectifs démesurés pour leur main et qu’ils s’y épuisaient.
En attaquant les Russes s’usent mais espèrent aussi épuiser les Ukrainiens qui acceptent ce combat : peut-être s’agit-il pour ces derniers de refuser de céder du terrain, et peut-être choisissent ils ces combats pour saigner à blanc l’armée russe afin de pouvoir ensuite attaquer à grande échelle.
Chercher simplement à tuer le maximum d’ennemis est le niveau zéro de la tactique, sauf si les pertes infligées sont suffisamment importantes pour empêcher l’ennemi de progresser par l’expérience. Compte tenu de l’actuelle structure de fabrication de soldats toujours aussi médiocre du côté russe, et en tout cas inférieure à celle des Ukrainiens, c’est peut-être une bonne carte, sanglante, à jouer.
La mise en place d’une batterie Patriot fournie par les USA permettra de protéger efficacement une grande partie du pays contre les missiles russes. Deux batteries protégeraient presque tout le pays. Le risque pour les Russes est de se voir interdire totalement le ciel dans la profondeur, mais également la ligne de front. Associé à des moyens de neutralisation de défense aérienne russes, et à la livraison d’avions d’attaque comme les A-10 Thunderbolt que les Américains avaient refusée, cela peut changer la donne sur le front et compenser l’affaiblissement de l’artillerie ukrainienne.
Autre carte à jouer pour les Russes : la diversion biélorusse. Dans le pire des cas, une nouvelle offensive russe ou russo-biélorusse, forcément limitée par le terrain aux abords du Dniepr, aurait sans doute encore moins de chance de réussir que celle du 24 février.
Nous sommes actuellement dans un temps faible au niveau stratégique. Actuellement, les paris sont plutôt contre Poutine, avec l’inconnue de sa réaction et de celle de son entourage lorsqu’il ne pourra plus résoudre les problèmes de son armée.