Je complète mon premier post sur le sujet.
1- Il y a une différence entre être convaincu par une thèse défendue, la considérer comme vraie, ou la plus vraie parmi d'autres, et la présenter comme étant la « Science », ou ce que les « scientifiques défendent » ; ce qui implique alors de considérer ses contradicteurs, comme des négateurs de la « Science », et de refuser toute remise en cause. N'est plus permis que la défense de la thèse en question : prends connaissance de cette thèse-ci, défends-là, ou tu seras « condamné ».
Lorsque telle thèse devient la « science », est complètement négligée la relative vérité à laquelle peut parvenir l'historien par son enquête, aussi bien que l'intérêt des débats pour parvenir à une plus grande vérité. Nous ne sommes pas très loin finalement de tels historiens, qui depuis la chaire énonceraient le vrai. Une attitude aussi dogmatique naît je pense du désir de rendre hommage à la connaissance et à ceux qui la produisent. Elle est cependant une forme d'obséquiosité, qui aboutit plus à la récitation de la leçon, au mieux de tels auteurs, qu'à l'examen du propos en question, et à la réflexion quant à ses éventuelles limites, question qui implique des éléments de comparaison sur le sujet considéré, ou l'examen d'autres thèses.
Ajoutons que même en admettant qu'il y a consensus des savants, cela ne dispense pas d'en chercher la raison. Il peut y avoir consensus, par exemple sur telle affirmation en raison certes de sa correspondance à ce qui est, ou s'est produit : de sa vérité ; mais il peut aussi y avoir consensus en raison de même présupposés admis, de mêmes opinions ou croyances, et de mêmes raisonnements qui en découlent. Il faudrait aussi déterminer exactement quels sont les savants concernés, plus exactement leur nombre : l'argument suppose d'induire le consensus de tous les savants, à partir du consensus de tels savants.
2- En l'occurrence, pourquoi y a-t-il des chances qu'il y ait consensus sur la définition tu terme antisémitisme : même reprise à l'opinion. Est admis aujourd'hui que telle est la définition, reprise de la définition sans plus d'examen. De la définition admise, au nombre de cas d’antisémites chrétiens avant XIXème siècle, il n'y a qu'un pas : s'il s'agit de l'hostilité aux juifs, même en concédant que cela dépend de ce que l'on juge comme hostile, le jugement porté sera qu'y en a beaucoup ; ou au contraire selon l'autre définition qu'il y en a peu.
Si maintenant, gardons le premier cas, de ces supposés nombreux cas, j'induis plutôt, un peu aventureusement, ou non : les chrétiens sont antisémites. Combien seront concernés ? S'il se présente un nouveau cas, monsieur X, chrétien, parmi ceux qui ont acquis la conviction précédente, combien réussiront à examiner son cas sans qu'elle ne l'emporte ? Après tout : tous les chrétiens sont antisémites ; or monsieur X est chrétien ; donc monsieur X est antisémite, non ? Chaque jugement entraîne conséquence, à condition d'être logique : c'est un peu comme mettre le doigt dans un engrenage.
3- Toujours afin de préciser le propos.
a- Les historiens ou enquêteurs sont des hommes qui font partie d'une société qui admet aussi des opinions droites, ou de mouvements d'opinions qui admettent des idées droites, qui d'ailleurs peuvent s'opposer aux précédentes, que ce soit dans le cadre de leur pratique d'historien, c'est-à-dire si l'historien est de telle école historique, ou dans un autre, par exemple en tant que défenseur de telles opinions politiques.
b- L'histoire, est un art de l'enquête, dont l'objet n'est pas défini : il peut tout autant être question d'enquêter sur les événements de la Saint Barthélémy, que d'enquêter sur la politique à l'égard des protestants de Catherine de Médicis, puis de Charles IX, que sur celle du royaume de France du début des guerres « de religion » à 1789, ou encore plus généralement sur celle des souverains restés catholiques de la réforme luthérienne à le je ne sais trop quelle date, avec l'augmentation du nombre de faits à considérer à chaque fois, et les problèmes logiques que cela suppose, surtout si l'on prend en considération, en raison de possibles croyances ou opinions, la tentation de proférer des jugements très généraux.
Dès lors que comme les historiens, nous sommes susceptibles d'admettre des opinions droites, par exemple en matière politique, nous n'échappons pas plus à la première remarque. Dès lors que nous nous servons de l'histoire, c'est-à-dire que nous nous improvisons historiens, nous n'échappons pas à la seconde.
4- Revenons à cet élément : être convaincu de sa thèse, la considérer comme la plus vraie. En toute logique, cela suppose pour qui veut savoir, un examen des diverses thèses possibles. Mais, si les diverses thèses appartiennent à un ou plusieurs courants d'opinions déterminés, et que nous devons alors réduire le propos de : les diverses thèses possibles, à les diverses thèses en présence, alors la thèse même que je considère la meilleure, car la plus vraie, la plus en adéquation avec ce qui s'est passé ou produit, avec ce qui est, ou la réalité, si vous préférez, ne l'est que parmi les thèses en présence, ce qui ne l'empêche certes pas de pouvoir être grandement vraie*.
*Note : Toujours ma question : dans quelle mesure cette thèse est-elle vraie ?