jack127
Ils ne peuvent surtout accepter le raisonnement suivant : 1- inerrance biblique ; 2- or, il est affirmé en Genèse 1 que Dieu créa les cieux et la terre, et suivants, l'ensemble de Genèse 1 ; 3- donc, le monde a été créé. Qui peut les en blâmer à part tel ou tel chrétien, de telle ou telle secte ?
Cependant, pour répondre à telle ou telle secte chrétienne, il faudrait déjà savoir ce qui est entendu par « inerrance biblique », et non sauter directement à la conclusion en partant du principe que cela signifie que tout propos contenu dans la Bible est vrai. Quelle est la réponse de l'Eglise catholique, puisque la controverse concerne ici des catholiques, aux questions suivantes : qu'est-ce que la Bible, à quoi sert-elle, des questions qui par voie de conséquence impliquent alors : la Bible peut-elle prétendre à l'inerrance, ou à propos de quoi peut-elle prétendre à l'inerrance ? Ajoutons la dimension historique ou évolutive : quelle est la réponse aujourd'hui ? Quelle était la réponse jadis ? Si elle a changé, pourquoi ?
La plupart de ses théologiens affirmaient jadis que la Bible est une collection de livres, écrite par de multiples auteurs, inspirés : en raison de cette inspiration, ils ne peuvent professer que des opinions vraies ; attention, pas une science vraie, la théologie, qui reste à édifier. Le récit biblique, parfois poétique, parfois historique... qui s'adresse au vulgaire, contient en filigrane des opinions vraies, des points de doctrine. Pour résumer, quelle est l'opinion vraie contenue par exemple en Genese 1, récit poétique qui en raison de ses incohérences incite le théologien à une interprétation non littérale. Quel était l'objet du récit ? Quelle était la fin de l'auteur ?
Aujourd'hui, il me semble, que la doctrine de l'inerrance a changé, ou a été précisée : la Bible ne contiendrait plus que des opinions vraies en matière de foi et de mœurs. S'agit-il d'une simple adaptation face à la controverse, ou d'un point de doctrine mieux développée, d'une précision rendue nécessaire par la controverse ? Sommes-nous face à un cas de concordisme, ou une juste précision de la doctrine permise par les nouvelles connaissances des hommes, car la théologie, elle aussi est susceptible d'évoluer ?
En l'occurrence, ai-je commis une erreur dans l'exposition précédente ? Fallait -il dire : ils ne peuvent professer que des opinions vraies relativement à l'objet dont il est question ? Alors, la précision : en matière de foi et de mœurs, ne devient-elle pas qu'un effort pour plus de clarté, face à des critiques qui en fait tapaient à côté ? Honnêtement, ce n'est pas facile à démêler.
Heureusement, nul besoin d'aller si loin, pour établir que la doctrine du théologien tend à devenir une sophistique face à la réponse. S'il y a contradiction entre la science et la bible, ou la philosophie et la bible, dans la mesure où le théologien admet comme premier principe et suprême argument l'autorité de Dieu, en raison de la nature même qu'il prête à Dieu, et que l'inerrance biblique en est une simple conséquence, soit la science ou la philosophie se trompe, soit le théologien a mal interprété la Bible : quels que soient les arguments opposés, le théologien tend à l'irréfutabilité ; car sa démarche ne consiste pas à chercher la vérité, mais à développer une vérité qu'il connaît déjà, et à la défendre, parfois au moyen des nouvelles connaissances, qui ne sont au passage pour lui qu'un moyen de faire progresser sa théologie.
Est-il il alors raisonnable de discuter de ces questions avec un théologien ? La discussion est – elle possible, pour le philosophe, ou le scientifique, dès lors que le critère premier n'est pas l'examen au moyen de la raison naturelle ? Personnellement, j'ai plutôt l'impression que le théologien impose un curieux dilemme à son opposant : soit accepter pour la réfuter d'entrer dans la doctrine du théologien, et prendre le risque de se retrouver comme piégé dans ses arguties, dans sa toile, qu'il sera d'autant plus susceptible de bien tisser qu'il est intelligent, bon logicien, et instruit ; soit tenter de la réfuter sans entrer dans sa doctrine, comme s'il était possible de réfuter une doctrine que l'on ne connaît pas, au risque de passer son temps à taper à côté.
Ce dilemme ne me semble d'ailleurs pas propre aux théologiens, mais à tous les hommes, dès lors qu'ils tendent à édifier un système de pensée irréfutable.