C'est vrai que c'est un peu décevant. Aux USA, c'est la même chose; mais ce n'est guère une consolation.
Pendant la récession de 2 ans due au Covid, la France et d'autres pays ont voulu soutenir les populations, privées d'emploi et de moyens de subsistance, en leur versant des aides compensatoires. Ces sommes, en grande partie thésaurisées, ont été mises dans le circuit économique aussitôt que les gens ont retrouvé l'occasion et l'envie de les dépenser.
Cette situation a créé une rapide augmentation de la demande de nombreux produits, dont la production avait fortement ralenti pendant les années Covid, et dont la disponibilité était donc réduite. Cette demande a encore été renforcée par la rapide amélioration du niveau de l'emploi.
Résultat garanti: hausse rapide des prix et de l'inflation, renforcées depuis plusieurs mois par la guerre en Ukraine et la hausse brutale des prix de l'énergie qui s'en suivit.
L'Europe a annoncé qu'elle s'attaquait à la hausse des prix du pétrole et du gaz. C'est faisable; il y a du pétrole en suffisance; il "suffit" de mettre en face du cartel des vendeurs, l'OPEP, un cartel des acheteurs, l'EU.
On l'a fait pour les vaccins; pourquoi pas pour le pétrole?
Pour le gaz, c'est un peu plus compliqué. Il y a de par le monde du gaz en abondance, mais le marché était bien établi et "bouclé" au point que certains producteurs ne savaient où le vendre. Il "suffirait" donc de créer de nouvelles relations commerciales acheteur/vendeur.
Le hic est que, pour voyager, le gaz a besoin:
-de bateaux pour le transporter; ce qui n'est pas nécessaire pour le gaz russe;
-de terminaux de réception et stockage; tous les pays européens n'en disposent pas;
-de gazoducs pour amener le gaz depuis les terminaux de stockage jusqu'aux consommateurs; là encore, il y a des trous.
Selon les spécialistes, il y aurait assez de bateaux. Il y aurait aussi suffisamment de terminaux en Europe, 21 dans l'UE, répartis dans 10 pays de l'EU, plus 3 en UK et 4 en Turquie, voisine de l'Europe.
Chaque pays a décidé pour lui-même s'il devait s'équiper ou non en terminaux gaziers; ainsi, l'Espagne en a 8, mais l'Allemagne n'en a aucun.
Le cas de l'Allemagne est donc préoccupant; elle ne dispose d'aucun terminal, n'est reliée par gazoduc important à aucun terminal de grande capacité et ne peut recevoir que des quantités limitées via la Belgique et les Pays-Bas, en plus de livraisons par camions, nettement moins économiques et assez limitées.
L'Allemagne utilise du gaz pour le chauffage domestique, comme tout le monde, mais la plus grand partie est destinée à son industrie.
On comprend donc que, l'industrie allemande étant essentielle dans l'économie de toute l'UE, les pays de l'UE devront faire preuve de solidarité.
En ce qui concerne le prix du gaz, certains spécialistes prédisent que, lorsque la nouvelle configuration vendeurs/acheteurs se sera stabilisée, le prix devrait baisser très sensiblement.
Qui vivra verra.