[supprimé] L'extermination dans les lagers de l'Aktion Reinhard a de spécifique qu'il s'agit d'une décision politique énoncé par l'ensemble d'un Etat (tous les ministères du Reich sont représentés à Wannsee) qui planifie l'extermination d'un peuple constitutif d'une "race inférieure".
Il est question du souverain, plutôt que de l'Etat. Que peut-il faire, que peut-il ne pas faire ? Peut-il désigner un ennemi, le persécuter, dans notre cas administrer pour exterminer ? Dans le cadre de la philosophie libérale, non il ne peut pas ; car il est admis que l'on peut déduire de la nature raisonnable de l'homme des droits naturels, et qu'un souverain pour qu'existe l'Etat de droit doit les respecter.
Si maintenant nous répondons à la philosophie libérale, qu'il est impossible à l'homme de concevoir l'homme en tant qu'homme, donc d'affirmer que l'homme est animal raisonnable, il n'est plus possible d'en déduire leur droit naturel.
Si nous répondons, que l'homme par les théories qu'il produit à partir de l'observation, et qu'il vérifie par l'expérimentation, peut éventuellement donner un peu d'ordre au flux incessant des phénomènes, comprendre dans une certaine mesure comment les phénomènes se produisent, mais qu'il ne peut par contre en inférer la notion de cosmos, nous "détruisons" un autre fondement possible pour un autre droit naturel. Par exemple, la loi naturelle thomiste : la loi naturelle consiste dans l'adaptation des moyens à la fin, suspecte de toute façon en raison de l'admission de la cause finale. Alors, il ne reste plus de droit naturel qui tienne, seul le droit qui dérive du souverain subsiste. Dans ces conditions, le souverain peut admettre dans le champ des possibles, de persécuter et d'exterminer.
Cependant, même si nous concédons la justesse des arguments précédents, de notre superstition humaniste, dont notre jusnaturalisme est une expression, qui consiste à attribuer une dignité particulière à l'homme parmi les autres êtres vivants, à le considérer comme sacré, et qui a pour corollaire de considérer le meurtre d'un homme comme un tabou, non son interdiction comme une simple décision politique qui permet aux hommes de vivre en paix, de jouir des fruits de leur travail, résulte au moins deux effets très positifs : 1- ne pas vivre dans une tyrannie / un Etat dit "totalitaire" ; 2- ne pas voir les différentes sociétés devenir complètement des louves les unes pour les autres.
Je n'aborde pas ici les autres conséquences assez fâcheuses desdits arguments : que reste-t-il par exemple de l'éthique si nous les acceptons ?