À l’université, différents courants dits progressistes peuvent agréger à eux des pro-islamistes de gauche qui vont puiser là, matière à détester l’Occident.
Au milieu de cette bataille médiatique, une majorité silencieuse. Et quelques langues qui se délient. «Il ne faut pas se leurrer sur certains discours universitaires proches du Parti des indigènes de la République (PIR) ou du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF)», estime Annie Fourcaut, spécialiste de l’histoire des villes et des banlieues. «Une géographie radicale venue des États-Unis, qui réduit l’évolution des villes à l’exclusion des classes populaires, des articles où le militantisme remplace l’analyse scientifique… Voilà plusieurs années que j’observe les dérives de Métropolitiques (revue en ligne créée en 2010 autour des questions urbaines). J’ai demandé que mon nom soit retiré du Conseil scientifique. D’autres chercheurs s’en sont éloignés.» Si Annie Fourcaut est libre de sa parole, c’est parce qu’elle est retraitée. Ce n’est pas le cas de tous ses «jeunes collègues», avec qui l’ancienne professeur d’histoire contemporaine reste en contact. Pour suivre le débat intellectuel de près, elle constate «une approche compassionnelle aux malheurs des immigrés» et des dérives en sociologie, dans le domaine de l’urbanisme, «pas encore en histoire où les archives ne permettent pas de raconter n’importe quoi». «L’évolution des métropoles devient une lutte entre le Bien et le Mal» résume-t-elle. Elle décrit «quelques idéologues influents», mais surtout «beaucoup de jeunes chercheurs sensibles à ce nouveau conformisme et qui veulent obtenir un poste, s’insérer dans des réseaux ou être publiés». Et dans les instances de direction des universités, un «pas de vague» de rigueur, lié «à la peur de voir des amphis envahis par des groupuscules violents ou à l’empathie pour les victimes supposées des discriminations».
Béatrice préfère garder l’anonymat. Après avoir travaillé sur les publications de femmes à la Renaissance, cette linguiste s’est tournée vers les études de genre, qui émergent en France dans les années 2000. «C’était plus contemporain. J’étais emballée. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression de m’autocensurer, comme beaucoup de chercheurs. Je n’ai pas envie qu’on m’accuse de faire le jeu de l’extrême droite», résume-t-elle.
https://www.lefigaro.fr/actualite-france/comment-l-islamo-gauchisme-gangrene-les-universites-20210211