katou
Les Saintes Ecritures et les théologiens qui se fondent sur leur autorité pour raisonner, opposent la sagesse chrétienne, à la sagesse du monde : la sagesse chrétienne qui repose sur la révélation, est la vraie sagesse ; tandis que celle du monde est celle des fous, des impies, des insensés. Cela ne signifie pas pour autant qu'elle ne recèle pas en elle une part de vérité, car l'erreur en tant qu'elle est un mal ou non-être, est privation de forme, donc relative au vrai, à l'être.
J'imagine qu'en l'absence d'exemples, tu penseras qu'il ne s'agit jamais que de l'interprétation d'AF90. C'est par exemple ce que fait Saint Augustin dans le paragraphe 38, qui conclut le livre XIV de la cité de Dieu, assez célèbre et souvent commenté : "deux amours ont donc bâti deux cités : l'amour de soi jusqu'au mépris de Dieu, la cité de la terre ; l'amour de Dieu jusqu'au mépris de soi, la cité de Dieu". Je résume la suite : la cité de l'homme, a ses idoles, l'homme en premier lieu, sa dite sagesse qui n'est en fait que la science des fous, des insensés ; la cité de Dieu dispose elle de la vraie sagesse, celle qui a Dieu pour fondement, la foi en les Saintes Ecritures, à partir de laquelle la raison de l'homme peut travailler.
C'est un thème assez récurrent dans les Saintes Ecritures. Citons le passage, cité par Saint Augustin : l’épître aux romains, 1, 21- 25. https://www.info-bible.org/lsg/45.Romains.html#1
Plus particulièrement : "puisque ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur coeur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres. Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous"
Je te propose quelques autres citations, afin de montrer que c'est une tendance générale :
Epitre aux corinthiens, 1, 19 - 20 : "Aussi est-il écrit: Je détruirai la sagesse des sages, Et j'anéantirai l'intelligence des intelligents. Où est le sage? où est le scribe? où est le disputeur de ce siècle? Dieu n'a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde?"
Plus loin, 25 - 27 : "Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. Considérez, frères, que parmi vous qui avez été appelés il n'y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde pour confondre les sages..."
http://www.info-bible.org/lsg/46.1Corinthiens.html
Celle - ci est particulièrement marquante me semble-t-il. Épître aux Colossiens, 2, 8 : "Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde, et non sur Christ"
http://www.info-bible.org/lsg/51.Colossiens.html#2
Signalons aussi que ce vieux thème a été repris par Jean - Paul II pour dénoncer les abus du monde moderne. Ce n'est donc pas une argumentation que récuse l'Eglise d'après Vatican II. Il y fait référence par exemple dans Fides et ratio, paragraphe 18. Je cite :
"Quand il s'éloigne de ces règles, l'homme s'expose au risque de l'échec et finit par se trouver dans la condition de l'« insensé ». Dans la Bible, cette stupidité comporte une menace pour la vie; l'insensé en effet s'imagine connaître beaucoup de choses, mais en réalité il n'est pas capable de fixer son regard sur ce qui est essentiel. Cela l'empêche de mettre de l'ordre dans son esprit (cf. Pr 1, 7) et de prendre l'attitude qui convient face à lui-même et à son environnement. Et quand il en arrive à affirmer « Dieu n'existe pas » (cf. Ps 14 [13], 1), il montre en toute clarté que sa connaissance est déficiente et combien elle est loin de la pleine vérité sur les choses, sur leur origine et sur leur destinée."
http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_14091998_fides-et-ratio.html
Une autre référence, dans Evangelium Vitae, paragraphe 24. Je cite :
C'est au plus intime de la conscience morale que s'accomplit l'éclipse du sens de Dieu et du sens de l'homme, avec toutes ses nombreuses et funestes conséquences sur la vie. C'est avant tout la conscience de chaque personne qui est en cause, car dans son unité intérieure et avec son caractère unique, elle se trouve seule face à Dieu. 18 Mais, en un sens, la « conscience morale » de la société est également en cause: elle est en quelque sorte responsable, non seulement parce qu'elle tolère ou favorise des comportements contraires à la vie, mais aussi parce qu'elle alimente la « culture de mort », allant jusqu'à créer et affermir de véritables « structures de péché » contre la vie. La conscience morale, individuelle et sociale, est aujourd'hui exposée, ne serait-ce qu'à cause de l'influence envahissante de nombreux moyens de communication sociale, à un danger très grave et mortel, celui de la confusion entre le bien et le mal en ce qui concerne justement le droit fondamental à la vie. Une grande partie de la société actuelle se montre tristement semblable à l'humanité que Paul décrit dans la Lettre aux Romains. Elle est faite d'« hommes qui tiennent la vérité captive dans l'injustice » (1, 18): ayant renié Dieu et croyant pouvoir construire sans lui la cité terrestre, « ils ont perdu le sens dans leurs raisonnements », de sorte que « leur cœur inintelligent s'est enténébré » (1, 21); « dans leur prétention à la sagesse, ils sont devenus fous » (1, 22), ils sont devenus les auteurs d'actions dignes de mort et, « non seulement ils les font, mais ils approuvent encore ceux qui les commettent » (1, 32). Quand la conscience, cet œil lumineux de l'âme (cf. Mt 6, 22-23), appelle « bien le mal et mal le bien » (Is 5, 20), elle prend le chemin de la dégénérescence la plus inquiétante et de la cécité morale la plus ténébreuse.
http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/encyclicals/documents/hf_jp-ii_enc_25031995_evangelium-vitae.html
Alors pourquoi cette précision dans mon précédent post : avant Vatican II ? Le théologien d'après Vatican II est Janus. S'il reste capable de développer un thème traditionnel, il n'en demeure pas moins que le concile Vatican II, qu'il défend, est une réconciliation avec les idées du monde, avec les principes de 89, avec la dite sagesse des insensés ou des fous.
Pour bien faire, il faudrait utiliser une meilleure version de la Bible.