Esscobar
Il n’y a pas, il n’y a jamais eu, de sociétés matriarcales. Des villages dans lesquels les femmes ont pris l’initiative de lancer une petite activité locale, agricole, commerciale ou semi-industrielle, ne constituent pas une société matriarcale.
C’est l’historique du phénomène de l’Hominisation qui explique cet état de fait.
Esscobar tient l’un des rares propos intelligents dans cette discussion, en écrivant ; « tu peux te baser sur le monde animal d'où nous sommes issus, notamment les primates ». Nous sommes toujours des primates tropicaux. Les femmes moins fortes que les hommes ? Plus ou moins intelligentes ? Moins autre chose ou plus une autre chose ? Foutaises ! Ou plus exactement, ce n’est vrai qu’en fonction de « normes » dues aux caprices de l’évolution.
Contrairement aux croyances de beaucoup, l’essentiel de la vie de nos lointains ancêtres ne se passait pas comme sur une image d’Épinal, avec tout le groupe assis en rond, papa et maman surveillant les bébés, devant l’abri sous roche, au pied de la falaise. La majeure partie du temps, les hommes et les femmes d’un même clan vivaient en groupes séparés. Femmes et enfants d’un côté, et hommes nettement plus loin. Pour une raison élémentaire.
D’une part, la mortalité infantile ne pouvait qu’être élevé. Moins pour des raisons médicales que parce qu’un bébé ou un jeune enfant courre moins vite qu’une hyène ou une panthère. Et parce qu’il arrivait qu’un mâle affamé dévore un jeune enfant si les circonstances s’y prêtent. C’est pour cela que les femmes ont inventé les totems et les tabous.
D’autre part la durée de la grossesse et les phénomènes physiologiques affectant le corps de la femme dans les cas de parturition étaient sensiblement les mêmes que ceux d’aujourd’hui. C’est-à-dire que la grossesse durait en gros 9 mois et l’enfant était sevré vers l’âge de trois ans. Mais en gros jusque vers trois ans, la seule nourriture assimilable par l’enfant, et à sa libre disposition, était le lait maternel. Mais le Planning Familial et la contraception de l’époque n’étaient pas encore au point.
Or une femme qui a accouché peut se retrouver enceinte de nouveau à partir de ses « relevailles », c’est-à-dire de sa première ovulation post accouchement. Mais si elle est de nouveau enceinte, son lait se tarit immédiatement. Et son nouveau-né n’a plus de cantine à sa disposition. Une mort très rapide lui est alors assurée. Au fil des millions d’années nos ancêtres n’on pu que finir par comprendre le principe. La contraception de l’époque était déficiente et la seule manière pour la femme de pouvoir nourrir son bébé jusqu’au sevrage était de vivre à l’écart des hommes pendent les 3 ans suivant chacun de ses accouchements. Comme vivent d’autres mammifères. Par exemple les éléphants, les cervidés et nombre d’autres. Et comme cela se passe encore dans les sociétés très primitives qui subsistent. Dans divers parties de la Nouvelle Guinée par exemple.
Notre espèce n’aurait jamais survécu si les choses s’étaient passées autrement. Et les femmes ne rejoignaient la partie mâle de la horde, que lorsque son enfant était sevré, et où les hommes de la tribu se chargeaient vite de la féconder de nouveau.
Le groupe des hommes chassaient, et ils mangeaient de la viande couramment. Le groupe des femmes mangeaient surtout des racines, des légumes et des fruits. Moins de protéines que les hommes. Certains chercheurs attribuent à cela le fait que les femmes sont en général plus petites que les hommes. Mais chez d’autres espèces il y a des différences notables physiologiquement entre les mâles et les femelles. Ce fait a certainement compté mais n’était pas le seul.
La véritable domination des hommes sur les femmes au plan sociétal a débuté par la confiscation par les hommes de l’objet « symbole » des femmes du Paléolithique. Leur type de vie à l’écart des hommes durant une part notable de leur existence, et le type de nourriture qui en découlait amenait les femmes à conserver en permanence à la main, ou du moins à proximité de la main, un « bâton à fouir ». Nécessaire pour extraire les racines. Comme encore en Micronésie, en Amazonie, ou ailleurs. Lorsque nos ancêtres sont passés au Paléolithique, la culture et l’élevage ont rendu ces bâtons à fouir inutiles. Mais les hommes se les sont attribués sous la forme soit du sceptre pour les Rois, soit du bâton de chef. Ou encore aujourd’hui comme symbole du commandement suprême, comme insigne militaire de grade du Maréchal. Les officiers britanniques en font toujours un insigne de reconnaissance. Ou les chefs africains l’emblème de leur pouvoir.
Ce qui fait que les relations hommes / femmes, jusqu’à ce que les chasseurs cueilleurs se mettent à créer des villages et à devenir des agriculteurs, n’avaient rien de commun avec ce qu’elles sont devenues de nos jours. Il n’y avait pas de relations de couple. Le couple n’est né qu’au néolithique, avec la possession de la terre. L’organisation humaine a gardé le principe génétique du mâle Alpha lorsque les hominiens sont passé au stade culturel au dessus. Mais les hommes et les femmes n’avaient pas de relations de force, de rapports de force entre les sexes. Simplement de complémentarité.
Le rapport de force s’est établi au néolithique parce que le domicile en dur a enlevé à la femme son droit au choix de son partenaire. Avant, du temps des chasseurs cueilleurs, elle avait le choix du moment de son retour vers le groupe des hommes. Et pouvait si les choses ou les hommes ne lui plaisaient plus, se réfugier dans le groupe des femmes.
Mais en vivant dans un domicile fixe, avec le propriétaire du domicile et ses enfants, elle avait perdu toutes ses possibilités de choix d’accepter ou pas le mâle. Et par là toute possibilité d’égalité avec l’homme. Cela fait dix mille ans que la femme est à la recherche de sa liberté perdue. Le travail en dehors du foyer lui permettant de gagner progressivement des droits égaux à ceux de l’homme, c’est-à-dire la liberté de dire merde à un homme si elle en a envie, lorsque les circonstances sociétales le lui permettent, les femmes sont soucieuses de gagner des libertés que les hommes ont monopolisées à leur seul profit.
Elles ne sont ni moins fortes ni plus, ni plus intelligentes, ni moins. Du moins les hommes voudraient bien s’en convaincre et en convaincre les femmes. Mais l’historique de ce qui s’est passé depuis des millions d’années dans le domaine des relations hommes / femmes oblige à reconnaitre que les femmes savent souvent être plus fines, plus attentives et plus travailleuses que la majorité des hommes.
Qu’elles sont souvent moins connes que les hommes. Mais la biologie et la génétique y jouent elles aussi un rôle.