af90

  • Avant tout les dogmes ne relèvent pas particulièrement de la sphère religieuse : le progrès, les droits de l'homme, la diversité, la liberté, le droit, la démocratie sont aussi des dogmes.

    Ensuite vous faîtes une distinction spécieuse entre ces "vérités de la bible" et les dogmes : les premières sont aussi des dogmes. Sur le strict plan épistémologique il faut bien que des raisonnements s'appuient sur des axiomes, or la plupart des prémisses métaphysiques sont spéculatifs (des dogmes).

    Mais surtout l'individu ordinaire ignore ces démonstrations : on ne croit pas en la diversité suite à une démonstration mais parce qu'on a été élevé dans l'idée que la diversité est une bonne chose, comme d'autres sont élevés dans l'idée que Dieux existe. Dans la réalité sociale le raisonnement vient a posteriori pour légitimer.

  • Les raisonnements de Spinoza et Hegel nous sont incompréhensibles car nous avons été élevé dans une culture épistémologique selon laquelle la connaissance doit être validée par la preuve (empirisme), quantifiée (positivisme) et que nous ne pouvons nous fier à nos sens ni espérer tout connaître (kantisme).

    Mais ces développements sont l'aboutissement d'un parcours de plusieurs siècles qui commença timidement avec la confrontation croissante de la pensée chrétienne avec la pensée grecque, et qui prit son premier envol avec le cartésianisme.

    Pour Spinoza le beau coïncide avec le vrai : c'est une vieille idée qu'on trouvait déjà chez certains Grecs. Pour Hegel nous avons en nous une véritée innée car en faisant partie de la réalité nous connaissons celle-ci : une autre vieille idée qu'on trouvait aussi chez certains Grecs et qui fut assez répandue au Moyen-Âge.

  • Vous assimilez le totalitarisme à l'autoritarisme mais ce dernier se caractérise en réalité par le fait que son projet est total : il touche toutes les sphères de la société, du corps aux échanges marchands, et définit le bon, le beau et le vrai.

    Peut-être l'autoritarisme est-il une condition nécessaire à l'hégémonie d'un projet totalitaire mais ça reste spéculatif.

  • L'Etat contemporain est bel et bien soumis à des limitations comparables à celles de l'Ancien Régime : par exemple il lui est interdit d'interdire l'immigration au nom des principes sacrés de l'église progressiste, tels qu'interprétés par les "sages", les juges constitutionnels, nos prêtres sacrés.

    Encore une fois le progressisme est un totalitarisme qui s'est imposé, mais qui est en train de lâcher prise.

  • Je citais Lyotard, c'est donc à sa définition de la post-modernité que je me référais. Quant au nominalisme encore une fois son triomphe est récent : la modernité se caractérise au contraire par une fois en l'universalité de la vérité, découvrable par la raison.

  • Je ne crois pas que le diverstissement soit la cause de l'absence de religion. Le divertissement est ce que fait l'homme lorsqu'il ne besogne pas.

  • af90 a répondu à ça.

    france2100

    1) Toute doctrine religieuse ou philosophique repose sur des dogmes, nous sommes d'accord là -dessus. J'ai simplement voulu expliquer les dogmes chrétiens, car je sais que pour beaucoup, il y a équivoque. Mon post précédent à cet égard est dans la lignée du précédent. Je pense que pour bien nous comprendre il faut que nous définissions le terme : un dogme est une vérité promue par une autorité ; c'est - à dire, une vérité que l'on ne peut remettre en question. Mais que ce soit pour une école philosophique, comme pour une religion, la vérité est faite dogme, et non le dogme est fait vérité : il y a vérité, avant autorité.

    2) Je vais différencier Hegel de Spinoza.

    Hegel produit une espèce d'idole qui remplace Dieu et qui se développe dans l'histoire. Il explique que sa substance est d'être liberté et de se réaliser. L'histoire serait conduite par l'Esprit, ce que l'Esprit veut, que son essence est d'être actif, que sa substance change incessamment : un être qui évolue, toujours à partir du stade précédent = connaissance acquise, un être en tout visiblement aussi, une puissance éternelle peut -être.

    C'est avant tout incompréhensible parce que c'est l’œuvre d'une imagination, et non d'un raisonnement. Je lui reproche 1) de ne pas expliquer comment il sait cela ; 2) que les conclusions ne sont pas toutes conformes au principe édicté. Comment peut -il expliquer que l'histoire ne soit pas forcément progressive, qu'il n'y ait pas forcément progrès cumulatif ? Comment sait -il pour sa théorie de l'émanation ? Comment sait - on qu'un peuple a un esprit et qu'il est émanation de ce premier esprit dont je parlais plus haut ? Pareil pour les individus ? Le seul fondement de tout cela, c'est une imagination très fertile.

    Passons à Spinoza, et à la partie I de son éthique : il nous explique Dieu soi -disant par le raisonnement géométrique, ce qui signifie donc qu'il est déjà objet géométrique. Dieu serait substance inépuisable, qui se produit en permanence. Toute essence serait en Dieu : pas d'être qui ne fait pas partie de Dieu. Il fonde donc une philosophie panthéiste. Outre que comme Hegel, on aimerait savoir comment il sait tout cela, on peut se poser quelques questions. Comment Dieu reste-t-il un s'il s'identifie à la matière ? Il est composé ? Comment expliquer le passage de la puissance à l'acte en Dieu ? Comment Dieu peut -il être dans la matière sans être sujet à corruption ? Comment Dieu peut -il être infini, tout au plus infiniment grand ? Si Dieu s'identifie au monde, il est éternel, donc le monde n'a plus ni début ni fin ? Comment peut-il fonder une éthique sur la négation de la liberté de l'homme ? Comment une éthique peut-elle exister si le bien n'a aucun fondement ?

    De même, il nous parle d'un Dieu qui est une infinité d'attributs, dont deux qu'il développe : la pensée et l'étendue. Comment Dieu peut - il rester simple en ayant des attributs ? Un exemple de réponse possible, à l'aide de Maïmonide et de son guide des égarés. Il dit : 1° Dieu est principe = pas de cause antérieure, cause par lui même = éternel, donc on ne peut rien lui attribuer, le définir ; 2) Dieu ne peut avoir de genre, sinon il est composé ; 3) qualité ordre de la substance, non de l'essence, donc on ne peut lui en attribuer ; 4) Dieu ni dans le temps ni dans l'espace, donc ne peut être mis en relation avec autre chose. Enfin, il ajoute que donner des attributs à Dieu résulte de l'anthropomorphisme ; que d'ailleurs Spinoza combat aussi, avec maladresse visiblement. Comment peut -on avoir une approche de Dieu ? Par révélation de son nom à Moïse : exode 3,14.

    L'idée de révélation implique certaines questions : pourquoi le supérieur se révélerait -il à l'inférieur ? Mais au moins, c'est faire dépendre la connaissance d'un fait, très douteux certes. Finalement, si je résumais, même à la manière d'un athée honnête, ce serait un choix entre des raisonnements fallacieux nés de l'imagination des uns, ou des faits douteux peut - être nés de l'imagination des autres.

    Que Spinoza combatte les théologiens de toute religion très bien, mais il me semble qu'il ne répond pas de manière satisfaisante à beaucoup de questions. Je veux bien faire un effort de compréhension, admettre que je ne suis ni métaphysicien ni théologien, que par moments, je me noie ; mais il est aussi fortement possible que ce soient des métaphysiques complètement incohérentes qui échappent à l'examen, car elles ne déchaînent pas les passions, au contraire de celle de l'Eglise.

    3) Cher ami, toute religion, toute philosophie est forcément totale. Elle commence par une métaphysique ou une théologie qui en explique les premiers principes. Ces premiers principes après sont développés dans chaque domaine spécifiquement. L'exception dans l'histoire du monde est venue de l'Occident moderne : ce sont les philosophies modernes, qui en étant soit déistes, soit athées, se permettent de développer des théories sans se soucier des premiers principes. Voilà certainement pourquoi ces philosophies : libéralisme, marxisme... dégénèrent par rapport aux précédentes.

    4) Les limitations dont j'ai parlé dans le post précédent n'existent pas. Cela ne signifie pas qu'il n'y a pas de contre - pouvoirs, mais ils ne sont pas doctrinaux. Les voici : une clientèle à ne pas incommoder, les fonctionnaires ; une élite gagnée à une philosophie cosmopolite, leur cité n'est pas la France, mais le monde. Ex : les européistes, les tenants de la globalisation.

    5) Encore faudrait -il que toute vérité puisse être découverte par la raison humaine. L'homme, rappelons-le est un animal qui vit dans l'univers, et essaie de comprendre la réalité, dans sa totalité. Étant créature sensible, la réalité sensible est la plus facile à concevoir.

    Pour le chrétien, l'homme et le monde ont été créés par Dieu. Ils ont une même origine qui explique qu'il y a adéquation entre la raison présente en l'homme - qui est créature- et la raison présente dans la création. Dieu a doté l"homme de raison afin qu'il puisse recevoir et comprendre la révélation, comprendre et accepter la loi naturelle. ==> Ce que Dieu veut bien qu'il comprenne.

    Cela s'oppose directement à la raison humaine des philosophes : découvrir la vérité sans le secours de Dieu, au risque pour éviter l'impasse d'inventer purement et simplement.

    6) La "culture", ou ce que j'ai appelé l'industrie du divertissement n'est pas la cause de l'absence de religion : elle est un substitut qui permet de ne pas affronter le vide.

    Il existe d'autres moyens possibles d'y échapper : fuir dans les sensations comme la pratique du sport, le recours à la drogue.... Fuir dans le travail : se réaliser par cette activité, la fausse idée de vocation moderne, qui remonte à Luther.

    L'étape suivante est de se constituer une idole en remplacement de la religion : les utopies modernes qu'ont été les totalitarismes, le nationalisme...

      Les médias, premier outil d'intoxication.

      Par exemple depuis plusieurs semaines France 2 nous fait sa présentation météo avant les JT en mode "confiné", sans présentatrice visible mais en voix off dans le genre pseudo home-office.
      Ben oui France 2 n'a pas pu trouver une personne qui vienne aux studios, ils n'ont pas de masques, et aussi ça limites les échanges avec application des gestes barrières et toussa.
      L'infantilisation est en marche. 😷

      france2100 Nous avions jusqu'à présent un totalitarisme qui était le progressisme, mais sa mue d'après-guerre a causé sa perte.

      Avec une mue on peut faire de bons poulets.

      Après la religion de l'apocalypse climatique, la religion du virus exterminateur.

      Quand la seconde s'éteindra, faute de virus, il faudra bien que la première revienne occuper le devant de la scène médiatique.

      Les médias, toujours avides de la moindre chose à fournir en pâture, en manque d'idées un peu polémiques sinon ils perdent leur fonds de commerce, sont capables de raconter n'importe quoi.
      Exemple là c'est Que choisir qui dit que les masques vont représenter un budget "colossal" pour les familles nombreuses, ça irait de 100 à 200 euros par moi. Alors ils rapportent ça tel quel, sans aucun commentaire.
      https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/loire-atlantique/deconfinement-loire-atlantique-le-masque-un-budget-pour-les-familles-822794be-8faa-11ea-91ff-1e69c6d14c25

      Les pôvres familles nombreuses elles prennent des vielles chaussettes, une paire de ciseaux, un élastique et voilà.

      af90

      • Un dogme est une chose que certaines ne remettent pas en cause, que ce soit par impensé, par tabou, ou autre. Il n'est pas nécessaire qu'une autorité l'impose. Exemple : le dogme de la diversité n'est pas imposé par une autorité.

        De plus encore une fois peu importe qu'un dogme ait été un jour le produit d'un raisonnement (pas forcément vrai, y compris pour les écoles philosophiques) puisque pour les successeurs le dogme est devenu un impensé culturel, souvent acquis dans l'enfance. Exemple : beaucoup de philosphes partent du principe qu'une philosphie éthique doit rechercher le bonheur de tous les êtres humains (deux impensés culturels : universalisme et eudémonisme).

      • Vous reprochez à Hegel d'écouter son intuition, Hegel vous reprocherait de ne pas l'écouter. Vous reprochez à Spinoza de se fier à sa foi, Spinoza vous reprocherait de ne pas vous y fier.

        Vous leur reprochez de ne pas démontrer la véracité de son intuition mais avez-vous démontré que l'expérience, les mathématiques et la quantification permettent d'accéder à la vérité ? Que les inductions empiriques valent mieux que leurs déductions ?

        Et même si l'expérience permettait d'accéder à la vérité, avez-vous personnellement vérifié la loi de la gravitation et la valeur de la constante de Planck ?

        Vous et moi avons une foi inébranlable en la valeur de l'expérience et de la quantification car nous appartenons à ce siècle, d'où notre peu d'intérêt pour les propos de Hegel et Spinoza. Mais eux appartenaient à d'autres siècles (même si dans le cas de Hegel il est une anomalie, une régression pour son époque).

      • En réalité votre négation des contre-pouvoirs repose sur l'argument spécieux que l'état serait monobloc, si bien que vous faîtes de chacun de ses contre-pouvoirs un attribut du pouvoir.

        A mes yeux on ne peut nier la réalité de ces contre-pouvoirs qu'en adoptant un prisme social : tous ces pouvoirs sont animés par des classes sociales conniventes qui, toutes ensemble, s'opposent au peuple. Mais cet argument ne permet évidemment pas d'affirmer qu'il en aurait été différemment sous l'Ancien Régime.

      • Vous faisiez du nominalisme une conséquence de la modernité (plus précisément du matérialisme et de l'athéisme) et j'avais répondu en affirmant qu'au contraire les modernes soutenaient l'universalité de la vérité (opposition au nominalisme).

        Vous affirmez désormais que les modernes croiraient pouvoir tout découvrir. Au contraire la philosophie contemporaine repose sur Kant dont l'entreprise philosophique a été de refonder la métaphysique sur les limites de la connaissance.

        Afin d'en finir avec ces discussions sur l'existence de Dieu ou le nombre d'anges sur une tête d'épingle, Kant a déclaré que toute entreprise de connaissance devait commencer par cerner les limites de sa connaissance. Et de là il a conclut que certaines questions comme l'existence de Dieu nous resteraient à jamais inconnaissables. Deus absconditus.

      • Vous réaffirmez votre conviction que le divertissement serait cause de l'athéisme sans tenir compte du mien qui est que le divertissement est cause du temps libre (et de nouvelles capacités techniques).

        Laissez un homme innoccupé plusieurs heures par jour et il cherchera mieux à faire que de prier.

      • af90 a répondu à ça.

        france2100

        1° Le dogme de la diversité repose sur certaines institutions républicaines qui le défendent et sur une grande partie de l'opinion publique qui l'accepte = consensus. C'est tout le mensonge de notre société d'avoir des dogmes non - affichés mais qui existent tout de même.

        2) Je reproche à Hegel d'user de son imagination : son idéalisme, à savoir projeter son imagination sur la réalité ; et à Spinoza de s'être laissé abuser par sa raison, d'en avoir largement surestimé les possibilités. Je reproche à mon époque de considérer leurs systèmes avec plus de respect que d'autres métaphysiques antérieures, alors qu'elles sont au moins tout aussi mystérieuses.

        Je ne suis pas un scientiste. Je sais qu'en tout homme, même le plus savant, la somme des préjugés excède largement la somme des avis reposant sur le savoir.

        3) Je veux surtout signifier que l'Etat est aujourd'hui une sorte de machine - Léviathan. Ses applications sont immodérées : il peut légiférer sur absolument tout. Sa limite véritable : la rotation des hommes, même s'ils sont tous les descendants du XVIIIème : les clivages sont en matière économique et sociale.

        Je l'ai comparé à l'Ancien Régime qui dispose toujours du même souverain, mais qui est bien plus limité dans ses applications :1) Il existe des contre-pouvoirs puissants, qui reposent sur des privilèges : parlements, corporations, Eglise ; 2) même absolu, le roi doit respecter l'orthodoxie catholique, qui est clairement définie, et les coutumes du royaume = lois fondamentales.

        Paradoxalement, l'Etat est plus proche du Leviathan de Hobbes, que l'était le monarque absolu d'Ancien Régime. Hobbes, je pense aurait rêvé de l'Etat d'aujourd'hui : il aurait juste remplacé notre anarchie élective, par un monarque d'Ancien Régime, et aurait abouti à un despotisme oriental. Je pense que toute la critique contemporaine du totalitarisme commence ici : la machine - Etat + un tyran.

        Les limites que nous nous fixons ont toute été inefficaces:
        a) Ce que l'homme fait, il peut le défaire. Ainsi aucune constitution ne nous protégera jamais. Il est beaucoup plus facile de changer la constitution pour notre Vème République, que pour un roi d'Ancien Régime de changer l'orthodoxie catholique ou les lois fondamentales. La constitution de la Vème censée nous protéger, a été amendée illico presto, chaque fois qu'elle n'était pas conciliable avec le projet européen.
        b) La soi - disant séparation des pouvoirs. Sauf qu'il y a unité entre le Parlement et le Gouvernement lorsqu'ils sont menés par les hommes d'un même parti : une même volonté de corps. Une vraie séparation des pouvoirs serait une cohabitation permanente : autant dire une guerre permanente entre le Parlement et le Gouvernement, ce qui ne serait guère mieux.
        c) Les élections au suffrage universel. Ce qui pose la question de l'opinion publique. Qui influence l'opinion publique, pour ne pas dire : qui fabrique l'opinion publique ?

        La difficulté qui se présente à moi et que je n'arrive pas encore à résoudre est la suivante : l'apparente contradiction entre l'anarchie qu'est notre régime, lutte permanente de partis ; et l'unité et la direction qu'il arrive à suivre sur certains sujets : la construction européenne par exemple. Etre les fils ennemis d'une même philosophie-mère n'explique pas tout.

        4) Pour bien faire, il aurait fallu que je distingue entre la période où les idées modernes concernent une élite, et aujourd'hui, où elles concernent l'ensemble de la population.

        Par modernité, j'entends surtout ce qui suit la révolution opérée par la Renaissance, première matrice de notre époque : à savoir que l'homme mesure de toutes choses remplace Dieu mesure de toutes choses. Les conséquences en ont été dans un premier temps le déisme : négation de la Providence de Dieu, un Dieu qui ne s'occupe de rien ; dans un second temps l'athéisme : le premier qui fait de l'homme son Dieu ; le second qui fait de la Nature son Dieu. Qu'est ce que la modernité ? la Raison devenue folle ; le chrétien dirait : parce qu'elle se coupe de la foi. Dans un premier temps la philosophie souhaite assassiner la théologie ; dans un second soit elle assassine la métaphysique, soit elle en constitue une par l'invention. Vous avez raison : j'ai oublié ce distinguo, je suis allé trop vite en besogne.

        Spinoza et Hegel sont deux exemples : le premier par le mauvais emploi qu'il fait de la géométrie, réduisant toute réalité à objet mathématique ; le second projetant son imagination sur la réalité, reproche que l'on peut faire à tous les idéalistes. Spinoza, c'est encore le XVIIème ; Hegel, c'est le XIXème = la philosophie devenue folle. Nos contemporains tentent de ressusciter une métaphysique que leurs glorieux ancêtres ont participé à détruire en en faisant une pure œuvre de l'imagination. On en revient à mon précédent post : j'aurais pu examiner Kant, son impératif catégorique, sa Providence, comme Hegel ou Spinoza.*

        Lorsque vous parlez d'intuition, ce n'est jamais que le "génie" d'un homme qui comprend le supérieur parce qu'il en est partie : mais ce me semble, même si le lapin fait partie de la nature, il ne dispose que peu d'intuition, non ? L'intuition c'est au moins aussi mystérieux que la révélation : je perçois une réalité et je sais. Il y a une grande différence cependant : l'homme mesure de toutes choses, remplace Dieu mesure de toutes choses ; l'inférieur qui comprend le supérieur, plutôt que le supérieur qui se révèle à l'inférieur.**

        Le culte des génies de l'humanité est idolâtrique : c'est une partie du culte que l'homme se rend à lui même depuis la Renaissance. L'homme invente des concepts, l'homme produit le monde intelligible ; et non le découvre ou le trouve. Si Dieu ou la Nature existe, ce qu'elle est ne dépend pas de l'homme ; de même pour les notions de l'ordre intelligible comme la vérité, le bien, le beau. L'homme peut juste se les approprier, c'est -à-dire s'en faire une idée complètement tronquée, biaisée...

        Et même lorsque l'homme ne perd pas de vue qu'il découvre, il se rend quand même ce culte. Citons l'usage qui veut que les scientifiques donnent leur nom aux réalités qu'ils découvrent. Ainsi Yersin avec la bacille de la peste. J'imagine que si Linné avait eu le même esprit, nous parlerions non pas d'homo sapiens, mais d'homo Linnius. Citons aussi l'usage qui veut que nous encensions ceux qui découvrent les lois du monde sensible, comme si ces dernières n'existaient avant eux. L'abus en l'occurrence n'est pas de les tenir en haute estime pour leurs découvertes, mais qu'il est quasiment impossible de parler de ses découvertes sans citer leur nom : ils ont un copyright.

        Deus absconditus ne signifie pas que Dieu ne peut être objet de connaissance : cela signifie que l'on peut l'atteindre que par les vérités de la foi, et la théologie. C'est un débat qui a cours dans toute l'histoire de l'Eglise depuis la patristique sur la place accordée à la raison humaine par rapport à la révélation divine : Saint Bonaventure contre Saint Thomas d'Aquin au XIIIème. Il y a les minimalistes de la raison humaine, et les maximalistes. L'Eglise défend les maximalistes depuis de nombreux siècles. Elle a même infligé un dernier coup de massue aux minimalistes par l'encyclique aeterni patris en 1879, à l'origine de la naissance des néo-thomistes.

        Que les thomistes aient gagné dans l'Eglise ne signifient pas nécessairement qu'ils soient plus proches de la vérité. Pour l'Eglise, si ; dans l'absolu, je ne sais pas. Le vainqueur impose ses idées : elles n'en sont pas nécessairement justes. Je m'adresse à ceux qui défendent l'université ou leur parti, comme d'autres défendent leur Eglise.

        5) L'industrie du divertissement nommé culture n'est pas cause d’athéisme. Elle permet juste d'oublier le vide, de ne pas se questionner : de l'abus du divertissement dans la signification qu'on lui donne. Le sport, comme occupation centrale de la vie, ou les lettres, ou l'art : le l'art pour l'art de certains...


        *Petite remarque supplémentaire sur notre ami Spinoza. Il accuse les hommes de projeter leur imagination sur la réalité, de se constituer un ordre dont ils sont la mesure, qui n'existe que dans leur tête. Mais lui ô grand Spinoza, est visiblement plus qu'un homme lorsqu'il écrit la première partie de son éthique, et arrive à considérer le réel ordre existant. L'homme être d'imagination, sauf le grand Spinoza qui est être de raison, et a tout compris.

        **Entendez - moi bien, je ne nie pas forcément l'intuition, je dis que c'est bien mystérieux, et j'explique pourquoi on accueille bien plus favorablement cette idée aujourd'hui. Si c'est l'homme le fondement, tout passe.

          Je ne suis pas le seul à dire que la qualité du journalisme se perd.

          Coronavirus. 243 nouveaux décès en France, un bilan quotidien en hausse
          243 personnes sont décédées en France en 24 h entre jeudi et vendredi. Un bilan quotidien en hausse par rapport à la veille, 178 nouveaux décès avaient été déplorés jeudi.

          Je ne sais pas mais à lire ce truc ça porte à croire que le nombre de morts pourrait baisser. 🤣

          https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-243-nouveaux-deces-en-france-un-bilan-quotidien-en-hausse-6829360

          af90

          • Vous affirmez que le soutien des élites au dogme de la diversité équivaudrait au fait de le faire imposer par une autorité. Vous assimilez donc émulsion et coercition : je trouve ça un peu court.

          • Vous reprochez à Hegel et Spinoza de faire confiance à l'imagination et à la foi. Mais eux vous rétorqueraient que votre empirisme n'est pas fiable parce qu'il est en réalité une foi en un processus social, et parce que partir de l'expérience pour induire un modèle est un procédé inductif et non déductif, donc spéculatif (d'où le fait qu'on ne peut pas prouver une loi, seulement l'invalider).

          • L'état est un Léviathan, d'accord, et je partage votre analyse sur la réalité des institutions républicaines.

            Mais votre évaluation d'une plus grande liberté sous l'Ancien régime repose sur le fait que dans un cas vous agglomérez tous les pouvoirs en une seule entité (état = exécutif + législatif + justice + médias + capitalisme), tandis que dans l'autre vous les traitez comme indépendants (état <> clergé). Je juge cette asymétrie arbitraire.

            Pour moi dans les deux cas on trouve une concentration d'un pouvoir à plusieurs facettes entre les mains de quelques groupes sociaux. Or la première question du pouvoir est l'identité de celui qui l'exerce, et non les règles qu'il est supposé suivre.

            La solution est donc d'éclater ce pouvoir en remplaçant la république par une démocratie fondée sur des assemblées éphémères tirées au sort. Resteront alors quelques pouvoirs qui ne pourront pas être déconcentrés (diplomatie, médias) et devront être supervisés et mandatés.

          • Votre position est-elle qu'en rejetant Dieu l'homme s'est condamné à ne pas pouvoir s'accorder sur de nouveaux dogmes ? Ou plutôt qu'il se condamne à remettre en cause tout dogme qui s'imposerait ?

            Et, oui, les progressistes ont bâti pour leur église une nouvelle hagiographie composée de Grands Noms. Et l'Histoire est toujours une invention - en partie.

          • Je ne dis pas que le divertissement a causé la chute de la religion. Je dis simplement que l'explosion du temps libre et la satisfaction des contraintes vitales ont créé des besoins que la religion seule ne pouvait satisfaire.

            La question centrale est pour moi celle du temps libre (et son intersection avec de nouveaux moyens techniques) : que faire de ce temps ? Inévitablement l'homme se mit à gamberger et à inventer des moyens de se distraire.

          • af90 a répondu à ça.

            Après le retrait du service Désinfox coronavirus, épinglé par plusieurs journalistes, la porte-parole du gouvernement a expliqué qu’en « aucun cas il ne s’agissait de faire le tri entre le bon grain et l’ivraie dans les médias ».

            Le service Désinfox coronavirus a été « mal compris », avance Sibeth Ndiaye

            Publié le 08/05/2020 à 10h24

            Le service Désinfox coronavirus recensait sur le site du gouvernement des articles sur le Covid-19 issus des services de fact-checking de France info, Libération, 20 minutes, Le Monde et l’Agence France Presse. Il a été supprimé le 5 mai face aux vives réactions qu’il a suscitées chez les journalistes, beaucoup lui reprochant de s’ériger en arbitre de l’information et de porter atteinte à la liberté de la presse.
            (...)

            Sibeth Ndiaye a par ailleurs assuré ce vendredi que le gouvernement avait fait preuve d’une transparence totale depuis le début de la crise du coronavirus et dit regretter les sondages montrant la forte défiance des Français à l’égard de l’exécutif.

            Il n’y a pas eu d’approximations ou d’arrangements avec la vérité a-t-elle souligné au moment où la France s’apprête lundi à sortir d’un confinement de près de deux mois.

              cris Sibeth Ndiaye a par ailleurs assuré ce vendredi que le gouvernement avait fait preuve d’une transparence totale

              Cela veut clairement dire le contraire. C'est assez simple à décrypter.

              Avec elle, rien n'est vraiment très clair.

              france2100

              On en arrive presque à une impasse cher ami. Je vais essayer de faire plus court. Sachez que j'apprécie ce débat mené en bonne intelligence malgré nos désaccords.

              1) J'affirme que le consensus est un tyran aussi puissant que la pire des institutions, surtout quand on lui permet de se cacher aux yeux de tous. J'affirme qu'en définissant des dogmes, une institution fait du consensus, non plus une réalité perceptible par l'intelligence, mais une réalité immédiatement visible.

              2) Je reproche à Spinoza de se laisser abuser par ses raisonnements fallacieux. Un exemple : il applique le raisonnement géométrique à tout objet, et non pas simplement aux objets mathématiques : toute réalité, même Dieu, même l'homme, devient alors l'équivalent d'un cercle ou un carré, sans que ce soit prouvé. Toute réalité se réduit alors aussi facilement que le cercle de la forme à l'individu.

              Je constate au moins deux erreurs, d'ailleurs opposées, chez les successeurs du tout objet mathématique que nous sommes :
              a) la première consiste à ne raisonner que sur l'idée ou la forme, puisque l'idée est facilement réductible à l'individu. Ainsi on raisonne sur l'homme, et non sur les hommes à partir des sociétés existantes, de l'histoire. On ne différencie plus le particulier de l'universel : l'homme moderne est l'homme.
              b) la seconde consiste à tout réduire de la qualité à la quantité : divisible, mesurable... Toute réalité est matière, même une idée ! Par exemple, l'intelligence est une somme de diverses intelligences. Elle est multiple, se divise, se mesure... Elle est même réduite à un quotient.**

              Je reproche à Hegel que la vérité ne consiste plus dans l'adéquation entre l'objet étudié et l'intelligence du sujet qui étudie : l'intelligence n'est plus la lumière qui éclaire un objet perçu par les sens; ce qui implique de se soumettre à cet objet.
              C'est l'inverse, la réalité étudiée se plie au sujet : le sujet fait à sa convenance, comme Hegel avec son idée de l'esprit. Il crée, il produit, il invente : il est mesure de toutes choses.

              3) J'essaie de vous prouver que l'Etat d'aujourd'hui est le pire Léviathan, parce qu'il est un grand tout face à la masse de tous les individus isolés. Il est un Dieu-machine ; nous sommes des atomes. Ses attributions sont illimitées : enseignement, assistance, régulation marché du travail... Tout lui revient : il statue sur tout, décide de tout.

              Depuis la Révolution, les gouvernements successifs ont liquidé les derniers intérêts particuliers constitués en corps intermédiaires : corporations, derniers pays d'Etats, Eglise... l'Etat en a récupéré les attributions : enseignement, assistance, régulation marché du travail par le diplôme...

              Nous avons essayé en changeant de société depuis l'Ancien Régime, de remplacer ces résistances, par d'autres résistances : les procédures institutionnelles, la séparation des pouvoirs... qui me semblent bien moins efficaces que des corps indépendants et constitués représentants les intérêts particuliers dans la nation. Ainsi, cher ami, je ne nie pas qu'il faut à un gouvernement respecter une procédure, pour lever un impôt : je constate qu'on lève l'impôt bien plus facilement aujourd'hui que sous l'Ancien Régime, et je tente d'expliquer pourquoi, très maladroitement je vous l'accorde.

              On admet même, source de la pire tyrannie, que les intérêts particuliers n'ont pas droit de cité ! L'Etat représente l'intérêt général, et il faut se plier devant ce "fait". Ce qui implique : 1) l'Etat est infaillible, par je ne sais quel mystère, toute décision est forcément dans l'intérêt général, alors que les partis sont des coteries ; 2) que vous et moi, individus, nous n'avons pas le droit de défendre notre bifteck face à ce supposé intérêt général.

              4) J'affirme qu'une civilisation qui se bâtit sur l'homme ne peut qu'aller vers sa destruction : que cela explique aussi bien l'organisation stupide de notre société, que l'immense confusion qui règne dans les sciences de l'homme, le langage... Car l'homme n'est pas un absolu ; il n'est pas plus une idée du bien, du vrai, du beau... Quand l'homme se prend comme mesure, il ne peut que nier ou déformer*** tout l'ordre intelligible, et en subir les conséquences.

              5) Je ne dénonce pas le divertissement, qui peut être très formateur, l'otium des romains, ni même que certains préfèrent les divertissements stupides. Je dénonce ceux qui pour combler leur vide existentiel donne une signification au divertissement qu'il n'a pas : ceux qui font de leur activité, une idole.

              La discussion aboutit rarement à accord, et je dois bien reconnaître que jusqu'à présent, nous n'avons fait que discuter mes idées. La moindre des politesses, est de vous rendre la pareille : et je le ferai avec grand plaisir. Quel est votre état des lieux, quelles sont vos solutions ? Ne croyez pas que je ne vous ai pas lu attentivement : je vous encourage juste à développer, ce que vous n'avez qu'à peine abordé ; à moins bien sûr que vous ne préfériez remettre cela à plus tard, à un autre échange ?

              *je veux dire par là que de l'erreur particulière mentionnée comme principe : abus du raisonnement géométrique, découle diverses familles d'erreurs. Un principe faux aboutit à une explosion d'erreurs en chaîne.
              ** Une fausse idée de l'objet étudié dans les deux cas. Il n'y a plus de juste définition car on oublie qu'il y a : la substance formelle ou essence qui est universelle, et la substance première = composé de matière et de forme, qui est particulier, individu. Il y a de l'étant et de l'accident dans la substance première.
              ***J'entends bien plus gravement, que même une fausse religion.

              P.S : désolé pour les multiples éditions, j'essaie d'être le plus précis possible.

                Décidément j'ai ce journal en ligne de mire en ce moment. Il accumule un certain nombre d'articles-bateaux stupéfiants.

                Voilà maintenant qu'il faut construire plus grand, plus vert à cause du virus, parce que les gens sont trop à l'étroit. 🤣

                Peut-être que certains pensent que nous allons avoir une "loi virus sur l'habitat", interdisant la promiscuité dans les logements ??
                Ou alors tout le monde à la campagne, mais avec des transports distanciés partout svp. Et des pistes cyclables sur 50 km parce que c'est bon pour la santé.

                https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-apres-la-crise-il-faudra-construire-plus-grand-et-plus-vert-6830326

                af90
                J'apprécie moi aussi cet échange, plus rationnel que tant d'autres.

                • La démarche de Spinoza est du même acabit que celle de Descartes ou Bertrand Russell : formaliser le raisonnement philosophique en prenant exemple sur les mathématiques. Ce qui bien sûr achoppe toujours sur l'étape prélable : l'impossibilité d'encastrer une réalité nuancée dans des concepts mathématiques essentiels.

                • Le problème n'est pas la mesure de la réalité mais son usage. On tend à voir dans le chiffre une source de vérité absolue en oubliant la restriction des définitions sous-jacentes et les limitations de la méthodologie qui l'a produit.

                  Je ne crios pas qu'il y ait de réponse satisfaisante : cela semble être une limitation de l'esprit humain lui-même, avide de simples certitudes et contraint par le temps à s'en satisfaire.

                • Vous affirmez à raison que l'Etat a récupéré les attributions de nombre d'institutions. Mais quelle importance puisque ce sont toujours les mêmes classes sociales (ou leurs successeurs) qui contrôlent ces pouvoirs ?

                  Vous souligniez vous-même que la constitution a peu d'importance car la réalité sociale du pouvoir prédomine. Et bien il en va de même avec les découpages administratifs des pouvoirs : indépendants ou pas, rattachés ou non à l'Etat, peu importe : c'est la réalité sociale sous-jacente qui prédomine.

                  Hier les curés réclamaient qu'on enbastille les sodomites, aujourd'hui ils se nomment chroniqueurs et réclament qu'on incarcère les auteurs de mains aux fesses qui écartent les jambes dans le métro. Même réalité sociale.

                  Ce qui a principalement changé au fond, c'est la technique : celle qui crée une économie mondialisée réclamant des travaileurs spécialisés devant vivre dans de grandes villes coupés de toutes racines. Ce qui entraîne mécaniquement une concentration géographique du pouvoir, et de nouveaux besoins qui échoient naturellement à l'état (vieillesse, éducation, armée permanente, régulation de la circulation, normes d'interpoérabilité, ...).

                  Ainsi concernant l'impôt, hier comme aujourd'hui les classes sociales dominantes possèdent les mêmes capacités à les voter ou les abroger. Mais aujourd'hui elles ont intérêt à ce qu'il y ait plus d'impôts, pour financier les nouvelles dépenses.

                • Vous pensez que la société médiévale était plus stable car fondée sur Dieu, qui est absolu. Mais en réalité il n'est pas plus absolu que l'homme puisque nous ne le connaissons pas, puisque nous n'en connaissons que les dogmes que nous inventons à son sujet.

                  D'où la grande instabilité des dogmes catholiques au moyen-âge, des querelles des premiers siècles jusqu'à la Réforme.

                • Concernant le but que l'homme pourrait donner à son existence je n'ai pas de réponse et je crois pas qu'il y en ait : nous sommes condamnés au vide.

                  Je ne crois pas non plus qu'il puisse y avoir de stabilité, ni que ce soit désirable : nous devons seulement veiller à ce que la société évolue à l'unisson, ce qui nous ramène au contrôle des médias (y compris peut-être le filtrage d'Internet aux frontières) et à l'exercice du pouvoir.

                  Je soutiens pour ma part une démocratie fondée sur des assemblées éphémères tirées au sort, n'existant que le temps d'examiner une seule question, soumise par un citoyen. Ajoutez quelques assemblées de quelques années pour nommer et superviser les directeurs de médias, diplomates et très hauts gradés.

                • af90 a répondu à ça.

                  france2100

                  1) Vous avez tout à fait raison de parler de Descartes. Si l'on ne considère que la France, les maux que je dénonce lui sont plus imputables qu'à Spinoza. Vous répondre serait me répéter : j'accepte qu'une discussion puisse aboutir à une impasse, même si c'est frustrant pour vous et pour moi.

                  2) Cela tient à la superstition des faits de l'homme contemporain dénoncée par Guénon. Il voit dans le chiffre un fait, tout en oubliant qu'un fait est un phénomène observé ; c'est à dire, que le fait pour être vérité doit être la conformité entre l'idée perçue par l'intelligence de l'homme, et l'objet ou phénomène observé.

                  Vous retrouvez cette superstition lorsque l'on parle de mauvaise foi : l'homme moderne pense que la vérité saute aux yeux, qu'elle est évidence*; il supprime l'action de l'intelligence, la lumière qui éclaire plus ou moins bien. Dans ces conditions, quiconque observe autre chose ne peut se tromper que par volonté, donc est malhonnête.

                  3) Je dois avouer que ce point 3 m'a posé quelques problèmes.

                  Une société est un agrégat d'hommes, ou un agrégat de sociétés. Notre Société est un agrégats d'individus tous isolés ; celle d'Ancien Régime est encore un agrégat de sociétés qui sont un agrégat d'hommes unis par une même loi. Voilà ce que j'ai tenté de démontrer. Pour nuancer, il aurait fallu monter que l'Ancien Régime était en voie de dissolution.

                  Pour répondre à votre question, il ne suffit pas de produire une analyse historique marxiste de l'élite politique ; il faut étudier notre société dans son ensemble : son type de gouvernement, l'homme qu'elle produit aujourd'hui, les mauvais principes qui la détruisent. Autrement dit, il faut faire une radiographie complète.

                  J’espérais surtout souligner que notre mauvaise organisation ne nous protège en rien de notre élite. Je rajoute : sans pour autant oublier qu'au contraire de Rome avec son cursus honorum, nous ne parvenons pas à mettre l'ambition et la compétence des élites au service de la communauté.

                  L'un des grands tours de force, de tout régime politique est de parvenir à faire servir l'élite : une cause commune au moins, voire les plus faibles au mieux. Mais cela nécessite me semble-t-il tout autant une caste qu'une hiérarchie bien définie. J'entends par-là qu'au contraire d'une hiérarchie qui crée des dépendances, des rapports de clientèles entre les gens, c'est-à-dire société ; l'égalité républicaine est un principe de destruction, en plus d'être un gros mensonge. Mieux vaut des rapports clairs et définis, qu'indiscernables. C'est certainement ici, qu'il faudrait enchaîner sur une analyse des réseaux d'influence, de la confusion entre l'ordre politique et économique... Je laisse à un autre cette analyse.

                  En plus de l'analyse complète de notre régime et de ses problèmes, il faudrait que je me fasse Platon dans la République , pour vous répondre convenablement : réfléchir à comment produire une cité viable, qui dure. Le critère essentiel me semble être l'unité de la cité : que la philia règne. Trouver le moyen de produire une hiérarchie juste, où les grands servent le régime, et les petits obéissent sans être écrasés. Comme Platon, il faut aussi réfléchir sur l'homme : comment produire par l'éducation, l'homme le plus vertueux possible. Sans vertu, la philia ne peut exister. Disons que notre société semble l'avoir oubliée : si chacun est envieux, ambitieux... la cité explose forcément. C'est par l'homme qu'une société dégénère.

                  Mais, l'homme édifie-t-il vraiment sa société ; peut-il vraiment la régénérer ? N'est-ce pas l'illusion des philosophes ?
                  Admettons quand même que oui. Comment restaure-t-on l'unité et la philia, disons fraternité, dans la France de 2020 ? Quelles sont déjà ses divisions ?

                  C'est moins ma question : j'essaie quand même. Disons donc : la fracture ethnique ; la fracture religieuse qui englobe les défenseurs de la laïcité aussi ; les riches contre les pauvres, ou la France des grandes villes, contre la France périphérique ; les défenseurs de la nation ou patriotes contre les cosmopolites ; les défenseurs des institutions actuelles, contre toutes les remises en question...

                  Ces divisions sont renforcées par la diversité des solutions proposées : il y a les partis, les médias et syndicats ; la nouvelle opinion publique internet et les nouveaux médias. Chaque petit groupe à sa solution et entend l'imposer, convaincu à force de pratiquer l'entre – soi, que cette dernière est en progression, a de beaux jours devant elle.

                  Enfin, un seul de ces groupes est-il vraiment susceptible de rétablir l'unité ou la philia ; ou ne s'agira -t-il que de proposer un toilettage  ?

                  Les spécialistes es toilettage de la République sont les gaullistes, le thème de la France unie face au danger commun, les trémolos dans la voix. Quand cela marche, c'est effectivement un rétablissement de l'unité, le temps de la lutte : car une fois la victoire en vue, même pas forcément acquise, les alliances entre ennemis se délitent. 1944 et 1958 ont été des rétablissements appréciables, mais le général reviendrait aujourd'hui nous expliquer pour la énième fois que nous sommes retombés dans le régime des partis. Je leur concède, qu'à choisir, c'est toujours mieux que rien.

                  4)
                  a) l'homme

                  Toute société fondée sur Dieu l'est sur absolu. Mais encore faut-il effectivement que l'homme y croit. Ce que vous dites se résume ainsi : même si Dieu existe et exerce sa providence, l'homme peut toujours le nier. La preuve : il n'y aurait pas de sociétés athées comme la nôtre.

                  Certes, c'est une objection tout à fait juste. Ce qui vous échappe, c'est la vie intérieure de l'homme qui a la foi ; parce qu'un croyant pour vous, c'est un catholique vatican II d'aujourd'hui, juste une foi qui se résume à quelques opinions différentes de l'athée ; qui finalement n'est pas différent de ce dernier. Ces catholiques sont tout aussi creux et vides.

                  La différence entre ce catholique -là et celui de la société d'ancien Régime, est la même qu'entre le musulman libéral qui fait le ramadan par coutume, et le musulman qui se soumet strictement à son orthopraxie : il vit de sa foi, dans sa foi.

                  Parce que l'homme vit sa foi, tout ce que Dieu fait est sacré : cela tient en ce seul petit mot ; ce qui ne signifie pas qu'il sera forcément bon chrétien. C'est la différence avec nos droits de l'homme que l'on dit sacrés, mais dont personne ne se soucie vraiment. Même les plus grands apôtres de la DDHC, substitut révolutionnaire du Décalogue, ne la respectent pas vraiment. Ce que l'homme fait, il peut le défaire. Je pense à René Cassin qui participe à la rédaction de la DUDH en 1948, et qui justifie l'indignité nationale qui bafoue la DDHC, quelques années auparavant.

                  b) la société

                  La société catholique a un pouvoir efficace, car non mutilé ; une orthodoxie clairement définie ; une fin qu'elle assume : que chacun puisse réaliser par ses propres moyens son salut. Tout cela tient à l'homme qui vit sa foi, et au même fondement qui irrigue tout : le catholicisme, comme doctrine de la société des sociétés. Il irrigue l'économie, le politique, la religion évidemment...

                  Tant que le roi défend l'orthodoxie, la monarchie peut -être menacée de division même très grave, elle a son gardien. La destruction de l'unité vient quand le roi laisse droit de cité à l'hérésie, au déisme, à l'athéisme. La monarchie française meurt en partie parce que Louis XV n'a pas traité la philosophie des Lumières, et le jansénisme comme Louis XIV a traité Port – Royal justement, et les protestants. La tolérance de Locke est un bienfait pour les individus ; elle est un principe de destruction pour la société.

                  Il n'y a pas d'instabilité des dogmes catholiques : il y a des vérités admises, et des débats permis. Remettre en cause l'existence de Dieu, c'est interdit, car c'est une vérité** renforcée par l'autorité : un dogme. Remettre en cause la première fin du mariage, c'est tout à fait possible, car ce n'est pas un dogme. Toute la doctrine de l'Eglise n'est pas dogmatique.

                  C'est ce que ne voit pas un Feuerbach par exemple : le christianisme du XIXème n'est effectivement pas celui des premiers temps, ni des premiers siècles, et ces chrétiens pourraient tout à fait remettre en cause pour reprendre l'exemple précédent, la doctrine du mariage.

                  Toutefois, et cela fait de moi un impie : comment l'Eglise peut-elle être société parfaite en étant composé d'hommes ? 1) Son fondement ou origine est en Dieu ; 2) Dieu veillera sur elle, contre le mal que les hommes peuvent produire, en vertu de la mission qui lui a été assignée : allez et enseignez toutes les nations Mt 28 18-20. Elle possède en elle "les ressources qui sont nécessaires à son existence et à son action". Léon XIII, encyclique immortale Dei. J'ai quelques doutes sur le sujet lorsque j'observe l'Eglise actuelle, car elle se décompose. Une société peut-elle se régénérer ? Si l'on admet Dieu comme premier postulat, certainement. Pour les modernes, Dieu ne peut évidemment pas, mais l'homme peut.***

                  5) J'ai déjà en partie répondu à la question, en disant que le vide, même les catholiques – libéraux, et musulmans – libéraux le vivent. Ils sont catholiques dans la mesure où ils respectent leur religion, libéraux dans la mesure où ils la détruisent.

                  J'ajouterai que les hommes d'une civilisation traditionnelle connaissent plus le malheur que nous, et les souffrances du corps. Mais je ne sais pas s'ils sont vraiment plus malheureux que nous.
                  Nous vivons dans un confort dont tout homme aurait rêvé, il y a des années. Nous sommes repus. Mais ce vide dont on parle est notre âme qui se rappelle à nous : alors on peut accepter le questionnement, ou fuir.

                  Les civilisations traditionnelles connaissent les souffrances et maladies de la pauvreté ; nous connaissons les souffrances et maladies de la richesse. Aux deux pôles opposés, il semble qu'il y ait la douleur.

                  6) La démocratie présuppose une société de petite taille, et l'égalité des conditions. Société de petite taille, parce qu'il faut que chaque citoyen conserve un poids politique pour s'intéresser aux problèmes de la communauté. Egalité des conditions, car il faut que chacun ait l'expérience des problèmes politiques possibles, pour pouvoir assurer les quelques magistratures correctement, et participer convenablement à l'assemblée, et surtout les mêmes intérêts. Sans oublier qu'il faut alors prévoir des lois somptuaires afin que les plus aisés ne deviennent pas trop riches ou puissants, et aient alors intérêt à assassiner votre démocratie. Il ne suffit pas de décréter l'égalité des conditions, par l'égalité devant la loi, pour que cela existe vraiment.

                  La démocratie est sûrement un excellent régime pour une petite communauté de fermiers protestants dans l'Amérique du XVIIème siècle. Mais dans la France d'aujourd'hui, avec son économie, son intégration dans le monde actuel...

                  Je sais bien que l'équivoque repose sur la représentation. Ce joli paralogisme ou sophisme, tout dépend qui le défend, qui consiste à dire que l'homme élu est acteur, et que l'électeur est auteur : c'est-à-dire que dès lors qu'un homme gagne une élection, tous ses actes sont justifiés par avance, car l'ignorant le prend comme un mandat impératif, alors qu'il est justement représentatif, et nos amis politiques, très malins, il faut l'avouer, jouent sur la nuance. Le député de la nation, est en plus celui qui doit s'élever à la volonté générale, volonté de l'être nation, par je ne sais quel procédé**** : en réalité, c'est un mobile, ses idées deviennent la volonté du peuple / nation.

                  Autant dire, mon ami, que je suis très sceptique quant à cette idée de démocratie.

                  *rappelons qu'évidence signifie littéralement ce qui se voit.
                  ** de vérité, il devient dogme, et non de dogme vérité. Renvoie aux posts précédents.
                  *** Renvoie donc dans le point précédent au "admettons quand même que oui".
                  **** un yoga peut -être ? Le politique se fait yogi pour comprendre la volonté du grand tout ? De toute façon, dans une société aussi divisée que la nôtre, il ne peut y avoir de volonté générale, sauf si volonté générale signifie volonté de l'être nation ou peuple justement : la nation ou le peuple comme idole, qui a disons une esquisse de métaphysique.

                    af90

                    • Vous attribuez beaucoup de torts à la raison de l'homme moderne, lesquels me semblaient pourtant tout aussi présents chez ses prédecesseurs, sinon plus. Par exemple en quoi l'homme moderne croirait-il davantage tout ce qu'il voit que les anciens ?

                      Certes il fait des chiffres, souvent arbitraires, des fontaines de vérité. Mais c'est la nature humaine qui veut cela, et cette fontaine-là vaut toujours mieux que la Bible : au moins certains chiffres sont vrais.

                    • Oui, l'Ancien Régime était un agrégat de communautés, ce que nous sommes beaucoup moins aujourd'hui. Mais c'est la technique qui a engendré cela, avec l'explosion du savoir, d'où la spécialisation, d'où la mobilité et la concentration urbaine. Ce n'est pas l'état qui a créé cette réalité sociale.

                      La monarchie eût été tout aussi impuissante à empêcher cette mutation, à moins de choisir une société agraire pauvre, et par ailleurs instable puisque vulnérable aux ambitions de ses voisins.

                    • Je souscris également à l'idée que la république ne nous protège pas plus des élites que l'Ancien Régime, mais je récuse votre conclusion.

                      D'abord votre prémisse selon laquelle la domination du peuple par un petit groupe serait une fatalité : comme je l'ai dit, je crois possible de placer le pouvoir politique entre les mains du peuple, via des assemblées éphémères tirées au sort. Un système sans gouvernement ni élu.

                      Et donc je récuse votre conclusion que la seule issue serait de former de bonnes élites. D'autant que cette solution me semble très précaire, et que les divergences d'intérêts font que ces élites serviront toujours leurs intérêts, et non les nôtres.

                    • La question de la philia est en effet essentielle. Certains avancent qu'elle serait irrémédiablement perdue avec la modernité mais leurs arguments sont en général ténus, limités à la promotion des constats de notre époque particulière en lois irrémédiables.

                      Commençons par analyser les sources de ces divisons ; j'en vois cinq : l'immigration, l'émergence de nouvelles idéologies, le gouffre générationnel, la ségrégation géographique, la ségrégation culturelle.

                      a) L'immigration de masse est à inverser (décolonisation), c'est un impératif de survie.

                      b) L'émergence des nouvelles idéologies est issue de la volonté de certains de se promouvoir en êtres supérieurs à bon compte, par la morale. Et elle est exacerbée par les partis et les médias, qui y trouvent leur intérêt. La fin des premiers et le contrôle des seconds est une réponse suffisante.

                      c) Le gouffre générationnel vient de ce qu'une vie plus longue signifie plus de changements et donc de divergences. Cela pourrait se résorber quand le rythme d'innovation technologique reculera, en contrôlant l'émergence des idéologies, en stoppant l'immigration et si en résolvant certains des conflits matériels intergénérationnels (par exemple en substituant un revenu universel aux retraites lorsque le travail disparaîtra).

                      d) La ségrégation géographique est d'abord causée par la ségrégation des professions via la spécialisation des entreprises et des quartiers. Or avant quelques décennies les ingénieurs seront tout aussi inutiles que les ouvriers. Un autre problème est la croissance des villes qui repousse toujours plus loin les couches populaires, mais la mixité sociale (et non ethnique) peut être imposée par des méthodes économiques.

                      e) La ségrégation culturelle est causée par la fragmentation du paysage médiatique, d'où la réduction du commun entre voisins et la hausse de l'identification à des tribus éparpillées sur le globe. Cette ségrégation peut être compensée par le contrôle des médias pour promouvoir des communs, ainsi que par des réformes éducatives.

                      Enfin vous mentionniez le conflit comme source de fédération des individus. En réalité il suffit qu'il y ait un Autre car cet Autre est un miroir qui suffit à nous révéler ce que nous avons en commun. Il importe donc de souligner les différences avec l'étranger au lieu de les effacer. Mieux vaut la haine de l'étranger que la haine de son voisin.

                      De plus il existe un autre élément fédérateur possible : la supériorité. Si les USA ont fait tenir une population multiethnique aussi longtemps, c'est parce qu'ils étaient les numéros un et que chacun veut être un numéro un.

                    • Vous affirmez que malgré les disputes doctrinales, la religion tendrait à stabiliser la société par l'absolu dont elle se revendique, pourvu que le souverain la consolide.

                      Or d'abord le fait que le souverain doive activement maintenir cet absolutisme devrait nous interpeller : c'est donc qu'il est contesté. Et après tout cela semble inévitable : d'abord car les hommes plieront toujours les dogmes à leurs intérêts contraires, et ensuite car toute idée s'inscrit dans son époque. Inévitablement vient donc un moment où le dogme est rejeté.

                      Et à ce moment-là, l'intolérance de la religion devient un handicap : un facteur de désintégration de la société. Le potentiel stabilisateur de la religion a pour pendant son potentiel déstabilisateur.

                      Ainsi gardons en mémoire que la plus grande guerre médiévale d'Europe, équivalente à la ww1 en termes de pertes relatives, trouva son origine dans la Réforme, et qu'elle accoucha de rien de moins qu'un nouvel ordre politique européen, avec entre autres la fin du Saint-Empire Germanique.

                      Et remémorons-nous ces inévitables disputes entre rois et papes : la moitié de nos rois furent excommuniés ! On nous exclua du partage du Nouveau-Monde, on prétendit nous soumettre à l'empire germanique, etc. Rappelons-nous le Grand Schisme d'Occident, l'anglicanisme, le jansénisme, ... Les conséquences furent à chaque fois profondes.

                      Je ne vois donc pas dans l'absolu un facteur de stabilité mais plutôt d'instabilité. Pour moi l'absolu doit être le pouvoir du peuple lui-même. Ainsi il fera évoluer la société comme il l'entend.

                    • Les études sur le bonheur indiquent que les habitants des pays riches seraient significativement plus heureux. Ce sont des problèmes difficiles à mesurer et leurs méthodologies restent faillibles, mais à ma connaissance l'effet est suffisamment constant et significatif pour qu'on puisse lui présumer une part de vérité.

                    • af90 a répondu à ça.

                      Petite manipulation médiatique classique

                      D'abord le gros titre

                      "Une centaine de migrants expulsés de Calais"

                      Youpi ? Non plus personne de sérieux ne peut y croire
                      Juste un peu plus bas c'est confirme mais combien n'ont lu que le titre ?
                      Les gogos qui croient qu'il y a encore des expulsions de clandestins et qui pourrissent les forums pardi !

                      Une centaine de migrants de Calais ont été expulsés mardi matin de leur campement vers des centres d'accueil de la région, a annoncé la préfecture

                      Ils ont juste été changés de place, aucune expulsion, donc encore un article mensonger au titre putaclic mensonger

                      Mais voilà qu'ensuite on nous apprend

                      les associations relèvent depuis environ un mois une augmentation du nombre des arrivées

                      Ce qui confirme bien que les frontières sont restées ouvertes et le mouvement des clandestins libres de circuler.
                      Rien de nouveau, (presque) tout le monde correctement infirmé le savait mais c'est juste pour embêter les menteurs de mauvaise foi.

                      Autre information utile : Article publié il y a trois heures sur le figaro et... aucun commentaire
                      Bonjour la censure les commentaires seront sabrés à 95% comme d'habitude et ils ont modifié leur interface pour qu'on ne voit que les trois premiers qui seront insipides ou collabos en scrollant un bandeau étroit sur la droite de la page, dernière étape avant la suppression des commentaires.

                      Source du délit de désinformation de manipulation médiatique et de censure ici
                      https://www.lefigaro.fr/flash-actu/une-centaine-de-migrants-expulses-de-calais-20200512

                      Vais stocker encore un peu de bois bien sec

                      france2100

                      Ce n'est pas la nature humaine qui conduit à une mauvaise interprétation des chiffres, mais l'ignorance. Or, l'homme peut tout autant l'accepter que la nier : je ne suis pas assez savant pour interpréter ; ou j'interprète quand même. C'est une liberté qui implique autant mérite, s'il se comporte bien, que démérite s'il se comporte mal.

                      Plus exactement, c'est la conception déraisonnable de la raison née au XVIIème que j'accuse. Je ne reproche pas à Descartes ou Spinoza leur méthode, mais de l'appliquer indifféremment à tous les objets existants, en faisant nécessairement des objets mathématiques. Lorsque l'on veut savoir si un principe est juste, il faut en constater les effets. J'ai développé cette question précédemment. Je vous laisse y réfléchir : notamment à ce que le bonheur devient chez vous.

                      D'ailleurs, parce que l'homme moderne se fait une fausse idée de l'homme, un modèle, il pense être bon, ou raisonnable. Pour être dirigé par sa raison, il faut se soumettre à une éthique, stricte. C'est un travail de longue haleine, que seul l'homme d'élite : en l'occurrence le philosophe, parvient à réaliser. N'est pas Marc Aurèle ou Socrate, qui le souhaite. Ce qui est propre à l'homme moderne, c'est d'ignorer tout cela.

                      L'homme moderne est empêtré dans la réalité dans la mesure non pas forcément où il n'a pas de religion, mais où il nie toute métaphysique. Il croit ce qu'il voit parce qu'il confond vérité et réalité. Il pense que seul le sensible existe : il nie l'être. Singulier paradoxe, il le fait au nom de la raison, qui pourtant ne se constate pas au microscope. Il refuse ces questions, car elles lui semblent forcément oiseuses. Si je ne vous ai pas convaincu jusque-là, autant accepter l'impasse : je ne vais pas me répéter ad vitam aeternam.


                      L'homme moderne se prenant pour Dieu, il veut édifier le paradis sur terre par la politique. La vérité, c'est qu'il y a des choix à faire. Autrement dit, vous ne pouvez pas tout avoir. J'affirme qu'il est moins dommageable pour une société d'accepter une doctrine et ses faiblesses, que de tenter de concilier ce qui ne peut l'être.

                      Qu'est ce que la philosophie politique ? C'est la science qui étudie le moyen de constituer une société et de la conserver ; ce que doit être le politique, et comment il prend soin de son troupeau : la forme du gouvernement ; la fin de votre société ou bien commun ; comment conserver ce bien commun par les lois ; comment produire un homme honnête si ce n'est vertueux, et le conserver tel quel. Pas simple, je vous le concède ! Le cours des événements ne devient fatalité : s'impose au politique, que lorsqu'il ne sait pas où il va.

                      Le principal reproche à faire au roi d'Ancien Régime, est d'avoir progressivement oublié quels étaient les fondements de son régime : de ne pas l'avoir protégé en conséquence contre les dangers, et d'avoir même participé à sa destruction à son insu.

                      Vous parlez de l'explosion du savoir, mais ce n'est pas tout à fait vrai. Il n'est que dans les sciences physiques et naturelles. Je ne vais pas m'aventurer dans ce sujet, mais il me semble que la méthode scientifique et la spécialisation y ont largement porté leurs fruits. Il faudrait rajouter l'économie, parce que l'on se souciait assez peu d'économie dans les sociétés traditionnelles. Par contre, en philosophie, pardon ce qui tend à la remplacer : une partie des sciences humaines, ou en histoire c'est beaucoup plus contestable.


                      La démocratie dans une société riche et étendue comme la nôtre, c'est déraisonner. Elle présuppose l'égalité des conditions. Or, plus la société est riche, moins c'est réalisable. Vous pouvez toujours décréter l'égalité devant les lois, elle n'existe pas vraiment.

                      Vous nous proposez une utopie où chacun est maître et sujet, gouvernant et gouverné : mais à l'aide de quelle science -savoir-, vos citoyens gouvernent-ils ? Dans la communauté de fermiers de l'Amérique du XVIIème, ils sont tous fermiers avec des intérêts et problèmes communs : s'ils n'ont pas la connaissance de l'universel -le savoir ou science-, ils ont au moins pour eux l'expérience : la connaissance de leur propre vie, qui est analogue à celle de leurs concitoyens.
                      Comment allez-vous trancher nos problèmes dans vos assemblées ? Comme dirait Ortega y Gasset, vous aspirez à régner à l'aide de vos lieux communs de café.
                      Croyez-vous vraiment que vous ou moi, nous pourrions remplacer nos politiques, tout aussi imparfaits soient-ils, au pied levé ?
                      Vous avez pensé aux applications réelles de votre projet ? Par exemple, il faut du temps pour la politique, vous savez, ce qui exclut déjà pas mal de citoyens : ceux qui travaillent le plus, les patrons...

                      Sans oublier que votre régime est une négation totale des qualités naturelles des hommes : chacun doit se plier à une certaine égalité dans la servitude ; nous sommes tous des unités égales. Aucune famille ne peut se distinguer, conquérir une plus haute position au fil des générations, par le travail de ses membres. Vous ignorez ce que souhaitent les hommes.

                      Alors certes, dans la mienne, il y a la famille comme première société, et bien plus exigeante que l'Etat, et d'autres sociétés établies sur des intérêts particuliers, mais c'est pour mieux contrebalancer le pouvoir de l'Etat. Si effectivement, chaque individu doit pouvoir être Bel – Ami, ou Rastignac, il ne peut avoir d'accord entre nous, sur ce point.


                      Je ne reproche pas à la République d'avoir une élite, je lui reproche de lui laisser l'occasion de déchoir. Je ne souscris pas au terme fatalité, dans la mesure où une élite est une bonne chose, pas une mauvaise.

                      Justement, j'ai parlé de Rome ou de la monarchie, parce que ces deux régimes cherchaient à instrumentaliser l'ambition et le désir de gloire de l'élite : l'une par le cursus honorum, l'autre par le service du roi. Toute l'idée de l'ascension dans ces sociétés est de se faire par l'industrie, le négoce, par une politique familiale ; puis de sortir de l'ordre économique pour l'ordre politique et de conquérir la gloire. Ce sont des timocraties à cet égard. Ce que j'ai résumé ainsi : que l'élite serve le régime, par sa soif des honneurs, de réussite, de renommée. Qu'est-ce qu'un noble ? Celui qui conquiert sa notoriété. Que doivent faire ses descendants ? Conserver la renommée conquise, le nom.

                      Tenir en laisse l'élite fait partie des missions du pouvoir politique. Voilà pourquoi ma préférence va à un roi plutôt qu'à un Sénat : un arbitre au-dessus des nobles. Toute la politique du roi doit être de se concilier avec l'aristocratie, sans la détruire, la faire déchoir. En cela, le roi de France a échoué. Mais qu'une société meure ne prouve pas que tout y était mauvais, parce qu'une société n'est jamais éternelle : elle naît, elle vit, elle meurt.

                      Si je m'en tenais à Platon, je dirais que nous sommes à mi-chemin entre l'oligarchie et la démocratie, que la cité est divisée : que l'élite est cupide, oligarchique, mais que l'esprit du peuple est démocratique. Ils ont en commun d'être tous soumis à leurs passions. Les premiers ne veulent plus servir mais juste se servir, les seconds ne veulent plus obéir. Personne ne pense plus à la cité.

                      Si je ne suis pas démocrate, c'est parce qu'en dehors des premiers temps protestants en Amérique, il s'agit du régime de la bêtise, de la débauche, et que cela n'entraîne que le malheur de tous. Qu'est – ce que la démocratie ? Platon dit : « un cloaque qui a les apparences de la beauté ».

                      Comment sort – on de ce régime ? J'en suis réduit aux hypothèses ; je ne peux que l'imaginer. J'ai bien peur de dire par l'émergence d'un tyran, ou une dictature, qui ne sera pas forcément meilleure que notre situation actuelle, à moins d'un homme éclairé et providentiel : tout à fait improbable, je le concède. Je regrette que le général ne l'ait pas été, en étant plus contre-révolutionnaire.
                      Comment reconstitue-t-on une noblesse ? Pareil, je ne peux que tenter de l'imaginer. Comme pour l'homme providentiel, elle sort de l'anarchie en se distinguant : la résistance aurait pu donner cela ; de toute façon, corrigez – moi, si je me trompe, elle a bien nourri l'élite politique de la IVème et Vème République ; et admettons-le, le résistant méritait grandement les honneurs.

                      5° Considérons maintenant votre état des lieux : une réponse point par point, en plus des considérations précédentes. Je reprends vos lettres.

                      a) vous oubliez la fracture entre français patriotes/nationalistes et cosmopolites. Il faut effectivement résoudre la fracture ethnique : rétablir l'unité nationale. Mais êtes-vous prêt à utiliser les moyens adéquats ? Pensez à comment les rois catholiques des "Espagnes" du XVème siècle rétablissent l'unité de foi.

                      b) déjà répondu : les élites veulent être élites, quoi de plus logique ?

                      c) Le gouffre entre les générations vient du mouvement dans lequel on est empêtré. Nous. n'avons pas d'orthodoxie. Considérez qu'il naît à chaque génération un parti différent, qui concilie les contraires : liberté, et égalité, différemment. Le premier schisme a été entre les libéraux et les socialistes au XIXème sur la question économique. Le terme libéral a alors une première fois changé de sens : cela ne signifiait plus Montesquieu, Locke, Voltaire ; mais Smith, Ricardo, Mill, ou Say, Bastiat pour la France... Je vous avoue que la question économique n'a jamais été ma priorité.

                      d-
                      La fracture entre France des grandes métropoles et France périphérique découle directement de l'économie d'aujourd'hui. Il y a une France bien intégrée à la mondialisation, et une autre qui ne l'est pas.
                      Lorsque la cité en matière d'économie est le monde, tout pays devient une province. Or, dans une conception pareille de l'économie, il ne peut que naître une nouvelle plèbe. Comment bâtir une cité où chacun travaille si notre agriculture et notre industrie périclitent à cause de la concurrence internationale ? Comment faire en sorte que chacun puisse gagner son pain, si la productivité est au plafond et ne cesse d'augmenter ? En fait, dès le berceau, dès l'école, une partie de la population est condamnée, aujourd'hui.

                      Toutefois, si nous ne sommes pas tous travailleurs, nous sommes tous consommateurs ; et plus ou moins bénéficiaires à cet égard, même certains pauvres. Le parachute social sert aussi les plus libéraux : je les soupçonne de vouloir distribuer juste suffisamment pour éviter les révoltes du pain : votre revenu universel ? N'est-il pas souvent question de revenu universel, comme indemnité pour tous, et qui servirait à bien liquider le "socialisme" français ? Je me fais peut-être conspirationniste, qui sait : le panier de pain distribué par l'Etat plutôt que le patricien, et les jeux pour pauvres, et loisirs pour riches ? A cet égard, il faudrait comparer notre cité qui passe son temps à construire des théâtres ou stades, organiser des événements sportifs, et promouvoir l'industrie du divertissement : cinéma, musée, télévision, et autres loisirs : les parcs d'attraction... à la Rome des premiers siècles. Le problème comme dit précédemment n'est pas le divertissement, mais plutôt de savoir s'il fait déchoir, ou s'il vous endort...

                      Revenir en arrière, ce serait une économie nationale, pas une économie qui laisse une partie des français sur la touche. Mais cela implique clairement décroissance, et une vie plus modeste pour tous. Qui est prêt à l'accepter ? Personne.

                      e- La philia n'est pas perdue à cause de la modernité, mais parce que nous aimons les causes des maux de notre société. L'unité ne peut se faire qu'autour d'une orthodoxie claire et définie. Comment voulez – vous qu'il y ait philia si chacun a sa doctrine ?

                      Quand on n'a pas une orthodoxie qui est fondement, et inonde toute la société, il ne peut qu'y avoir division ; et cette dernière s'accroît à chaque génération comme dit précédemment. Les occidentaux sont élevés dans le déni de la réalité. L'homme souhaite l'unité, pas que chacun ait ses opinions : comment êtes vous traité lorsque vous êtes hétérodoxe dans un groupe ? Comme un paria. La tolérance est un principe de destruction comme dit dans un précédent post. La tolérance, cela va avec votre démocratie, pour un peuples d'hommes-dieux qui sont tous aussi parfaits que Jésus.

                      J'affirme que les adversaires ne peuvent s'unir que s'ils ont un ennemi commun, mais juste le temps de le détruire. Le seul bienfait : cela fait toujours un ennemi de moins. Que se passe-t-il ensuite ?

                      Je ne suis pas un grand connaisseur des USA. Mais si je me souviens bien, il s'agit d'une société de sociétés : d'un Etat fédéral avec parlement bicaméral et président ; composé d'Etats fédérés avec des parlements bicaméraux et un gouverneur. Il y a deux niveaux d'institutions similaires, non ? Ils sont certes étasuniens, mais aussi californiens ou texans... Il faudrait donc étudier chacune de ces sociétés particulières composées que d'individus isolés...

                      De toute façon, les étasuniens ne sont pas les français : ils n'ont pas forcément la même mentalité ; les mêmes traditions ou coutumes en matière politique, économique … ; la même histoire. Je vous rappelle Montesquieu : les lois sont certes relatives au bien, mais aussi aux populations, à la religion ou aux « idéologies » acceptées., et à divers autres facteurs. Le politique gouverne des hommes, pas L'Homme.

                      6– Non. Absolu signifie simplement délié des lois : au – dessus des lois, mais aussi en dessous de l'orthodoxie qui irrigue ces mêmes lois, et des lois fondamentales. Le premier rôle du roi, c'est de garder l'unité de foi de son royaume. Évidemment, s'il ne le fait pas, la société éclate.

                      S'il fallait rétablir la société aujourd'hui, ce serait autour d'une idée, même une idole comme la nation, avec chaque personne se faisant à peu près la même idée de cette nation, et une bonne chasse à l'hétérodoxe.



                      Les divisions dont vous parlez concernent l'Eglise, comme empire. Elle comptait sur chaque souverain temporel pour garder son orthodoxie. Comment aurait-elle pu faire autrement sans devenir un Etat couvrant toute l'Europe ? L'idée n'est pas de réunir tous les chrétiens sous le joug d'une même autorité administrative. Le choix n'existe qu'entre une société internationale limitée, un énorme despotisme oriental, et une anarchie de nations ou de cités qui s'organisent en alliances concurrentes.

                      Vous parlez des excommunications, mais ces dernières frappent la personne du roi. Même en la déclarant indigne, elle ne dépossède pas un roi. C'est une autorité qui ne s'exerçait qu'en matière de foi et de mœurs : le pape ne se souciait pas de l'administration des royaumes, ni de leur organisation. C'est si terrible que cela de voir un pape condamner la bigamie/polygamie d'un roi chrétien en sa qualité de premier pasteur et docteur de l'Eglise ? Vous préférez l'adultère généralisé, le divorce qui ont détruit le mariage et permis la dissolution des familles ? Les familles mutilées d'aujourd'hui et leurs conséquences ?

                      Préférez-vous nos institutions internationales qui jugent les nations ? Le pape s'est-il déjà permis d'interdire la guerre, ou de la limiter à la guerre défensive, alors qu'il s'agit d'une prérogative royale par excellence ? A moins que vous préfériez les complots menés par les occidentaux contre la Syrie, la Libye ? le crime d'agression ne concerne que certains justiciables visiblement.

                      Quant au partage du nouveau monde à Tordesillas en 1494, peut-être auriez vous préféré qu'espagnols et portugais se livrent une guerre sans merci dans toutes leurs possessions ? Les espagnols et portugais n'avaient pas besoin de l'assentiment du pape pour conquérir. Lui reprochez - vous de pouvoir être un médiateur efficace entre rois catholiques ?

                      Décidez - vous, lorsque le pape limite le pouvoir des rois, il est injuste ; et lorsqu'il laisse agir, ou qu'il ne peut rien, il est injuste aussi. L'Eglise ne peut devenir l'ordre international. Mais les libéraux le peuvent ? Les libéraux peuvent réfléchir à des lois internationales, pas l'Eglise ? Comment édifier un ordre international sans impérialisme ?

                      S'interroger sur les actes de l'Eglise est parfaitement légitime, comme on le ferait pour n'importe quelle autre civilisation, pas plus, pas moins. Face à l'esprit voltairien, je peux m'improviser apologiste/apologète : le tout serait d'examiner dans quelle mesure ce point 7) est vrai.