[supprimé]
Je viens de finir ce livre dont on ne sort pas intact.
Cette loterie mortelle qui tord le ventre, fige le visage cireux et invite les vers est décrite avec un cruel désespoir.
L'absurdité d'une guerre qui rend toute vie encore plus inutile.
L'ennemi allemand n'est jamais visé dans ce livre. Eux sont là pour la même raison qui ne les concerne pas plus. L'ennemi n'est pas dans les tranchées.
Avec la certitude d'être là pour rien et devant ces vies à peine entamées, massacrées dans l'urgence et déjà oubliées, l'auteur enfile des sentences sans appel.
"Être homme est le comble de l'horreur."
" Mon patrimoine, c'est ma vie."
"À vingt ans, nous étions sur les mornes champs de bataille de la guerre moderne, où l'on usine les cadavres en série, où l'on ne demande au combattant que d'être une unité du nombre immense et obscur qui fait les corvées et reçoit les coups, une unité de cette multitude qu'on détruisait patiemment, bêtement, à raison d'une tonne d'acier par livre de jeune chair."
Après un tel choc, je me tourne vers la Croix avec la copieuse étude de Daniel-Rops Jésus en son temps .