Quelques explications pour ceux dont les connaissances sur les massacres de septembre 1792 seraient marginales.
Devant les premiers échecs essuyés par les troupes françaises désorganisées dans leurs cadres par l'émigration, la haine habilement exploitée par les ennemis du régime se tourna contre ceux qui passaient pour ses fidèles partisans, les émigrés et le clergé. L'attitude de Louis XVI qui n'osait rien contre les émigrés, acheva de le perdre dans l'opinion publique. On l'accusa de relations suspectes avec l'Autriche contre la France. Et devant l'attitude hésitante de la législative, la Commune de Paris prit le pouvoir : sous prétexte de commerce avec l'ennemi dont les armées envahissaient la France, les chefs usurpateurs du pouvoir remplirent de << suspects >> les prisons de Paris, la Force rue Saint-Antoine, l'Abbaye de Saint-Germain-des-Prés et le Couvent des Carmes. Donc, les armées de la coalition s'avançaient sur la route de Paris, et tous les émeutiers de la capitale, responsables de tous les crimes et pillages qui avaient été commis, se sentir menacés. C'est alors que Marat, qui était l'un des chefs des enragés, lança à ses complices cette sinistre consigne :...<< Avant de disparaître, supprimez vos ennemis..., visitez les prisons, massacrez les nobles, les prêtres, les riches. Achevez vos victimes, ne laissez derrière vous que du sang et des cadavres. >>
Danton qui était le véritable détenteur du pouvoir, fut actuellement l'organisateur des massacres par lesquels il pensait devoir effrayer les peuples de l'Europe. La tuerie fut ordonnée par Marat et protégée par Danton. Tout avait été méthodiquement organisé. En dix jours, tout était prêt; les listes de proscriptions imprimées, les égorgeurs choisis et embauchés à raison de 6 francs par jour et le vin à discrétion ! Le 2 septembre on entendit le canon d'alarme tonner sur le Pont-Neuf en même temps que le drapeau noir était hissé à l'Hotel de Ville, ce fut le signal des massacres des suspects et des réfractaires, immolés sans jugement mais désignées par Marat. Pendant cinq jours, deux ou trois cents égorgeurs, tirés des bas-fonds de la société, se répandirent dans les prisons de Paris et s'y livrèrent à un horrible carnage. A l'Abbaye il y eut plus de 300 victimes, à la Conciergerie plus de 600 morts. Au Couvent des Carmes 114 prêtres furent massacrés. A la Salpêtrière, au Châtelet, le sang des innocents coulait à flots. Des milliers de victimes, prêtres et laïques furent massacrés sans aucun jugement.
On ne peut pas vraiment accuser le peuple parisien des massacres de septembre car d'après les documents que nous possèdons, il aurait suffit à environ trois cents égorgeurs, au plus, pour accomplir la besogne. Le peuple, lui, se contenta de regarder, d'être curieux, d'applaudir le spectacle. Bien sûr, Robespierre ne se trouvait pas en place à l'époque des premiers jours de septembre, mais il s'était cependant surpassé dans les effroyables massacres, que l'on peut regarder comme le prélude de son règne le plus sanglant. Danton faisait dresser les listes des victimes, Robespierre fixait le prix de chaque tête, et Marat faisait exécuter les massacres. Ces épouvantables journées de septembre seront responsables de l'assassinat calculé de sang-froid de vingt-huit mille Français, pour la plupart innocents.