Le 24 juillet 1936, le jour de son retour de Londres, Léon Blum reçoit l'un des personnages les plus importants de la pensée socialiste espagnole, Fernando de los Rios, le ministre de la Justice du gouvernement de la République.
En présence de Daladier, Pierre Cot et Vincent Auriol, il lui confie : << J'ai le coeur déchiré mais je maintiendrai ma position envers et contre tous. J'aiderai l'Espagne soeur. >> Dans la journée, un collaborateur de los Rios réceptionna vingt avions Potez sur l'aérodrome d'Etampes-Montdésir. Pierre Cot téléphone à los Rios pour lui suggérer que des aviateurs espagnols viennent chercher à Perpignan des appareils que des aviateurs français y on conduits. Deux trains de bombes et de grenades arrivent à Marseille et la cargaison est chargée sans attendre sur un bâtiment en provenance de l'Espagne.
Le lendemain, Albert Lebrun reproche à Léon Blum en Conseil des ministres ce qu'il veut faire en faveur de la République espagnole : << Ce que vous voulez faire et ce que vous avez commencé à faire peut avoir des répercussions infinies, cela risque de signifier ou bien la guerre extérieure ou bien la révolution intérieure. >>
Une décision est annoncée : << Le gouvernement a décidé de ne pas pratiquer une politique d'intervention. En réalité, la décision a été prise de refuser officiellement toute livraison, mais d'assurer l'acheminement des armes, au besoin par le Mexique.
Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, Léon Blum écrira : << Nous avons fourni des armes sans le dire, et surtout car nos possibilités étaient alors bien faibles, nous en avons fait passer. Nous avons pratiqué la non-intervention relâchée, ce qui veut dire que nous avons organisé presque officiellement la contrebande. >>