af90 Si vous me relisez, vous avez déjà les réponses aux problèmes que vous soulevez. Notre cité admet comme bien commun que le souverain doit défendre : la garantie des droits fondamentaux. Cela signifie que rien, absolument rien, pas même le covid, ou la sécurité, n'autorise le souverain, ou plus spécifiquement ses agents, à ne pas les respecter. Quand ils ne les respectent pas, ils agissent en tyrans.
Si nous admettions comme bien commun : la sécurité, plutôt que la garantie des droits fondamentaux, les agents du souverains pourraient agir autrement sans se constituer tyrans. Dans une telle cité, les droits fondamentaux, même lorsqu'ils existent, sont à la discrétion du souverain, au moins dans le cas où la sécurité est menacée. Le risque devient alors d'avoir des agents du souverain qui en profitent pour interpréter très largement l'idée de "sécurité".
Par « sécurité » interprétée très largement, j'entends le fait de présenter quelque chose comme une menace pesant sur la cité. Quelle est l'idée générale ? S'il y a menace, il faut agir : la sécurité s'impose alors sur les droits fondamentaux, qui peuvent être supprimés ou confisqués. Donnons quelques exemples : terrorisme ==> confiscation de droits fondamentaux possibles. Covid ==> confiscation de droits fondamentaux possibles. Dernier exemple en bonne voie dans certaines têtes : réchauffement climatique ==> confiscation des droits fondamentaux.
Vous remarquerez que cette tentation existe aussi chez nous, dans des cités censées admettre comme bien commun : la garantie des droits fondamentaux, et non la sécurité. En fait, cela s'explique assez facilement : nos politiques n'ont pas d'idée claire de notre bien commun. Souvent, il ne s'agit pour eux que d'une abstraction, assez fluctuante : qui peut tout aussi bien designer la sécurité, que les droits de l'homme, ou même développer la richesse du pays, selon la question brûlante du moment, ou en tel instant donné.
Ajoutons que si vraiment le bien commun de la cité est la garantie des droits fondamentaux, la plus grande menace est de l'oublier, de considérer que pour telle ou telle raison, en telle situation, il y a plus important que les droits en question. Y-a-t-il alors possibilité que le bien commun précédent devienne dangereux en certaines situations pour la cité ? Reste à examiner la pertinence de la dictature, comme magistrature exceptionnelle, ou changement de cité provisoire, pour répondre à une situation de crise, ou à un danger extérieur.