Poufpouf
Mon cher Poufpouf, je crois savoir ce que signifie « rituel d’inhumation ». Si tu cherchais un peu dans les bibliothèques des services régionaux ou nationaux de l’Archéologie Préhistorique, ou dans les bibliothèques universitaires des facultés d’Histoire, et évidemment si tu savais sous quel nom le chercher, tu trouverais deux séries d’études, d’ouvrages et de Mémoires consacrés pour l’une au phénomène de « l’Hominisation », pour l’autre aux Exégèses des Textes « sacrés » des Trois Religions Révélées. Les deux séries sous ma signature. Et l’Université m’a fait l’honneur de considérer que c’étaient des travaux sérieux. Et reconnus comme tels. Et « sanctionnés » par le sceau de l’Université.
Or dans les deux catégories concernés, les rituels d’inhumation ont évidemment une part importante.
Que, comme tu le dis : « … la notion d'âme soit née grâce aux expériences de sortie du corps, que les chamans expérimentaient sans doute grâce à des drogues hallucinogènes »,
est une affirmation dépourvue de sens. Et se trompant d’au moins un ou deux millions d’années quant à sa datation probable. Au moins jusqu’à la datation du début soit de l’Art Rupestre. Et en utilisant pour la transmission cognitive du phénomène, soit des illustrations de vulves dans la gravure, ou d’animaux qu’en réalité ils ne chassaient généralement pas eux-mêmes, dans la peinture.
Rien dans l’Art Préhistorique Rupestre n’a jamais suggéré une recherche ou une évocation de « sortie » du corps pour un organe, et à fortiori pour une « âme » dont le fait de simplement l’imaginer supposerait un état de développement de notions cognitives alors très éloignées de nos lointains ancêtres. Ces notions sont, au mieux, apparues avec le développement et la concurrence entre elles des cités-états, et par occurrence des religions païennes. Tu l’as signalé. Mais a, seulement au mieux vers le V° ou IV° millénaire avant l’ère commune.
Ton « évocation des « cultures primitives » souffre du même décalage dans le temps que le reste de ton propos. Le mélange de notions plus vieilles que Sapiens de plusieurs millénaires.
Les drogues hallucinogènes ont été à l’évidence utilisées par nos lointains ancêtres dès qu’ils ont su les reconnaître. Là aussi, il y a au moins deux millions d’années. La notion d’âme, elle, ne peut avoir été générée que par la nécessité pour les chefs de hardes ou de clans, de maintenir leur « mainmise » sur leurs compagnons que par l’intermédiaire d’une notion chronologique censée se poursuivre au-delà de la mort. Alors que pour ce qui est de l’enveloppe charnelle, ils savaient très bien pour le constater en permanence, quel est leur sort après le décès. Et leur perception de l’imagerie médicale ne leur permettait pas plus qu’à nos chercheurs actuels, de déceler dans le corps l’endroit où pourrait bien se camoufler cette « âme ».
Le chaman-guérisseur qui doit changer de métier pour mettre son Art au service du chef, est une erreur amenant à confondre l’essence et la substance. Les premiers dirigeants des sociétés primitives étaient soit le plus fort du groupe, l’équivalent du mâle Alfa chez les mammifères, ce qui est vraisemblable, soit le plus « instruit », celui qui savait reconnaître ce qui dans la nature était bon ou pas pour l’alimentation, et quelles pierres convenaient le mieux pour être taillées.
Lorsque beaucoup plus tard les hordes se sont sédentarisées, les notions d’ordre social indispensables à la survie des agglomérations ont imposé au chef, au roi en l’occurrence si c’était une cité-état, l’utilisation d’une « force armée ». D’une police. Payée par ce roi. Le chef, le roi, ne pouvait pas en même temps surveiller le silo dans lequel il conservait le grain exigé des paysans pour assurer leur « protection », et la surveillance de ses champs. D’où une police dépendant donc des ressources, financières ou matérielles, que le roi savait faire entrer dans ses finances. Et qu’il ne pouvait faire entrer qu’avec l’aide du guerrier à son service. L’alliance du sabre et du goupillon est née avec les agglomérations. À Jéricho, pourquoi pas ! L’éternelle pyramide sociale plaçant le roi à la pointe de la pyramide, au-dessus des soldats, eux-mêmes se trouvant au-dessus du peuple, a toujours été la règle, et l’est toujours, de toute vie en société. C’est une tautologie. Sur notre planète il n’y a qu’une seule exception qui date de la toute fin du XIX° siècle, principalement du début du XX°, et dure toujours. Ce sont les kibboutzim israéliens. Il n’y a pas de police dans les kibboutz, même dans les plus importants, comptant des centaines de membres, voire plus d’un millier. Simplement parce que les membres d’un kibbutz appliquent systématiquement et volontairement les règles et chartes qui président à la vie des kibbutznikim. Des membres du kibbutz.
Tu écris : - « parler de panthéon judéo-chrétien est tout sauf injustifié ».
Mais parler de « panthéon judéo-chrétien » ne veut strictement rien dire. Par définition le panthéon est l’ensemble des dieux d’un groupe ethnique. Ou, par extension c’est comme à Rome, le Temple dédié à l’ensemble de ces dieux. Or il me semble avoir compris que les juifs se prononçaient pour un D.ieu unique. Et les chrétiens, copiant les juifs par obligation, avaient également choisi un D.ieu unique. Le leur. Ce que tu dis des « demi-dieux » ou des « dieux de seconde classe », n’a aucun sens en cette occurrence et concernant soit le judaïsme, soit le christianisme.
Quant à qualifier les juifs « d’obéissants », c’est ignorer totalement l’histoire juive. Qu’il s’agisse de leurs attitudes devant leur D.ieu, ou devant les divers pouvoirs civils ou guerriers qui se sont succédés au Moyen-Orient.
Tu écris : « … s'agissant de la genèse de la Bible difficile de démontrer quoi que ce soit faute de traces écrites avant le IIIe siècle av JC. La datation à -400 pour le monothéisme n'est en effet pas bétonnée. Et même les rouleaux de la Mer Morte demeurent parcellaires ».
Que les rouleaux de la Mer Morte soient en partie parcellaires, n’obère en rien la datation des dites parcelles . Les plus anciennes datent en effet du V° siècle du dernier millénaire. Et contrairement à ton affirmation, cette date est parfaitement « bétonnée ». De multiples analyses, les dernières venant du CEA français et de Saclay, datent d’il y a quelques mois, et relèvent entre 450 et 500 avant l’ère commune.