Pourtant, le fait d'être capable d'engendrer par soi-même et hors des conditions naturelles que nous connaissons, fait partie des choses non-humaines. L'expérience de l'homme, c'est au contraire de toujours être fils de ou fille de, c'est-à-dire d'être au monde par le fait d'un autre (ou des autres). Ceux qui peuvent se passer de cette loi d'airain sont traditionnellement des Dieux.
Mais ce que visent les Protestants n'est pas tellement cet aspect (on parle d'opérations magiques, de toute manière, cet élément est un détail). Ce qui les fâche surtout, c'est que l'on rende un culte à Marie, qu'il y ait des fêtes, des rites, des célébrations., bref un culte marial. C'est le fait que son image devienne un fétiche, une sorte d'idole, alors qu'elle n'a rien à voir avec la question de fond, qui est Dieu et pas autre chose.
Et Marie, c'est autre chose que Dieu. C'est peut-être sympathique (un peu de féminité dans ce monde de machos (1), mais c'est dispersant.
Dans leur iconoclastie, ils s'en prenaient souvent à des images de Marie (en statue, en peinture), et ceci n'était pas tenu pour une bluette : au moment des guerres de religion, les actes de casse sur ces images vous menaient direct au bûcher. Il fallait vraiment être le dernier des derniers, une bête habitée par Satan, pour dessiner une moustache pour rigoler sur une face de Marie.
Les sacrifices humains contre ceux qui déshonorent Marie, ça ressemble à s'y tromper à une idôlatrie et à du paganisme crasseux. Et les Protestants - ici, je fais une généralité, c'est voulu - n'aiment pas les restes de paganisme ni le fait qu'on ne vire pas complètement a crasse de l'idolâtrie, qu'elle soit directe ou plus dissimilée, honteuse.
(1) Ce jugement ne vise pas Jésus lui-même. Sauf exception, je ne m'en prends jamais à Lui, je ne vois pas ce qu'il y a à reprendre dans ce qu'il dit. Je vise seulement le fait - Jésus n'y étant pour rien - que les hommes aimeraient bien pouvoir se passer des femmes. C'est le Graal de la domination masculine, qui paraît-il n'existe pas (pas le Graal, la domination).