Durant les seules deux années qu’Emmanuel Macron a passées à Bercy (août 2014-août 2016), c’est l’âge d’or des fusions-acquisitions en France, quatre boîtes du CAC 40 sont vendues. C’est 10 % du CAC 40 qui est vendu à ce moment-là ! Alstom à General Electric (GE), Alcatel à Nokia, Lafarge à Holcim et Technip à FMC – vente extrêmement douteuse là aussi, c’est la petite boîte qui rachète la grosse, et tout ça est tellement foireux que, d’ailleurs, trois ans après, on est en “défusion”. Les trois premières ventes, à l’évidence, sont des ventes qui n’ont pas pu se faire sans la signature d’Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. Chaque fois, ça relevait du dispositif dit des IEF, c’est-à-dire les autorisations des Investissements étrangers en France, dans le cadre de l’article L151-3 du Code monétaire et financier, qui requiert la signature du ministre de l’Économie. »
Si les opérations financières d’envergure potentiellement douteuses sont nombreuses l’une d’elles concentre tous ses soupçons : la cession de la branche énergie .d’Alstom au géant américain General Electric, en novembre 2014. « C’est juste la boîte qui fait les turbines de nos cinquante-six réacteurs nucléaires. Alstom, pour être vendu, avait besoin de l’autorisation du ministre de l’Économie_. Il y a les réacteurs nucléaires, et aussi évidemment toutes les turbines de propulsion de nos sous-marins nucléaires et du Charles de Gaulle… C’est cette nature stratégique qui impose la signature du ministre. » De fait, les dirigeants d’Alstom, en cédant la branche énergie du groupe à General Electric, ont livré à l’entreprise américaine son activité la plus importante, pour un montant d’environ 12 milliards d’euros.
C’est cette transaction, au cœur des investigations de la commission d’enquête parlementaire, qui a été dénoncée à la justice à la suite du signalement effectué par le député LR, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale qui enjoint à tout fonctionnaire ou autorité constituée de dénoncer à la justice un crime ou un délit porté à sa connaissance. L’opération de cession, qui a fait l’objet d’enquêtes journalistiques fouillées, dans Le Monde, Mediapart ou Marianne, laisse de fait au minimum perplexe.
Dans son courrier au procureur du 14 janvier 2019, Olivier Marleix (En novembre 2017, à l'initiative du groupe Les Républicains, est créée une commission d’enquête parlementaire sur les décisions de l’Etat en matière de politique industrielle, s’intéressant notamment à la cession de la branche Energie d’Alstom. Olivier Marleix assume la présidence de la commission ). rappelle le contexte de l’affaire, et notamment « le poids de la procédure menée par le Department of Justice (DOJ) des États-Unis » contre le groupe industriel français. En décembre 2014, Alstom, alors dirigé par Patrick Kron, a fait l’objet d’une amende record de près de 700 millions d’euros dans le cadre d’une procédure de « plaider-coupable ». « Le groupe a avoué avoir payé durant les dix années précédentes [donc 2004-2014] 75 millions de dollars de pots-de-vin pour remporter 4 milliards de contrats », et ce dans différents pays, de Taïwan à l’Indonésie en passant par l’Égypte ou l’Arabie Saoudite, comme l’a révélé l’ONG française Sherpa.