Evaluons la lecture, tiens. Lisons. Prenons un discours, quel qu'il soit. Prenons "J'accuse", prenons un vrai discours vraiment prononcé comme celui au plateau des Glières, si tu veux. Donne le contenu. Explique, rends accessible, rends sensibles ces textes. Demande à ce qu'ils soient profondément ingérés. Nourris donc de contenu.
Demande ensuite une lecture orale. Fais sortir la compréhension de cette lecture-là .
Une simple lecture. Tout le monde sait déchiffrer. Tout le monde a le contenu. Personne pour le rendre: les moyens n'ont pas été donnés. Poser sa voix sous le regard d'autres, ça s'invente pas, ça s'apprend. Apprendre et habituer un gamin à dire, répéter, se tenir droit et regarder, relire encore et encore, obliger ses camarades à écouter... Je te garantis qu'il a les moyens, après ça. Quand un gosse rentre et s'entend dire ça, il le garde toute sa vie.
Mon vrai métier, c'est, après avoir raconté Camus (ce que j'ai fait hier, d'ailleurs...), que le môme soit capable de le faire lui-même après.
Néanmoins, j'entends tout à fait ce que tu dis. Je ne crois pas qu'on devienne animateur si on demeure extrêmement ambitieux dans le contenu, loin de là . Je crois (=je suis persuadée) que ça aide à son assimilation.